Coupure d'électricité, qui va payer la facture ?
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Depuis quelques jours, outre les ménages sinistrés, des pans entiers de l'économie font face à d'importantes chutes de recettes.

Depuis une dizaine de jours, certains quartiers de la ville de Yaoundé vivent au rythme des coupures intempestives d’électricité. Pour cause, un panne géante d’électricité s’est produite au poste BGRM de la ville mercredi, 07 août dernier. Alors que les uns et les autres ont trouvé divers moyens pour palier à ce problème, les commerçants de ces zones font face à de multiples difficultés. C’est le cas de Yowan, tenancier d’une machine à écraser au marché Acacia. « Je suis obligé d’arrêter de travailler à partir de 11h, car c’est souvent à cette heure que le courant part, pour ne revenir que tard dans la nuit. Ce qui fait que le matin, je travaille non stop, au moins pour gagner quelque chose. Seulement, le rythme est très élevé et je me fatigue vite», témoigne-t-il.

Tout comme Yowan, Mireille, couturiere à Acacia, a aussi trouvé des moyens de contournement pour faire face à ce problème d’électricité. « J’ai dû acheter une machine manuelle il y a trois jours car je ne parvenais plus à satisfaire mes clients. C’est vrai que même jusqu’ici ils se plaignent des délais de livraison des vêtements, mais je ne peux pas faire autrement. À force de pédaler sur la machine manuelle, j’ai déjà mal aux pieds», raconte Mireille. Les centres de santé regroupés dans les zones liées au délestage font usage de mille et une astuces pour garantir la santé et la protection de leurs patients. «Nous sommes obligés de recourir aux moyens archaïques pour préserver la santé de nos patients. Dans le cabinet du dentiste par exemple, nous sommes obligés d’utiliser le détartrage manuel plutôt qu’électronique. Au niveau du laboratoire, on est obligé d’attendre 30 à 45min pour faire centrifuger le sang. Pourtant avec une centrifugeuse, cela nous prend moins de 5min. Pour les vaccins et autres réactifs du laboratoire, nous les conservons dans une chaîne froide qui est alimentée par un groupe électrogène», explique Wilfrid Yotat, médecin.

Produits avariés

La plus grande peur des commerçants depuis le depuis de ces coupures alternées d’électricité, c’est d’enregistrer des pertes considérables de leurs marchandises. « Nous avons déjà perdu 50kg de poisson depuis une semaine. Heureusement, nous avons trouvé une solution pour maintenir le poisson au frais. Il nous suffit de fermer les congélateurs. Ainsi, la glace est conservée plus longtemps», confie Arnaud, gérant d’une poissonnerie. «Tous les jours, j’ai des produits laitiers qui se gâtent car ils ne sont pas au frais. Désormais, je suis obligé de commander en petite quantité, pour être sûr de finir la commande en deux jours maximums. J’ai aussi des réfrigérateurs qui ont étés grillés à cause des coupures répétées », ajoute Nick, vendeur dans une alimentation.

Tout comme eux, Marie-Madeleine, restauratrice au quartier dit "Bonas" a également enregistré des pertes considérables. « Ce n’est que hier que l’électricité est revenue dans ma zone. J’ai perdu toutes les vivres que j’avais mises au congélateur pour mon restaurant. Car, je fais les achats toutes les deux semaines et les conserve au frais», se lamente-t-elle.

Recettes réduites

« Avant cet incident, nous faisions une recette journalière de 200.000FCFA. Aujourd’hui , c’est à peine si on arrive à faire la moitié. Les clients ont peur de la qualité du poisson. Ils disent que sans électricité, le poisson n’est pas bien conservé et il peut être pourri», confie Arnaud. Thérèse, coiffeuse au quartier Melen ajoute: « Avant, je faisais une recette approximative de 8.000FCFA la journée. Aujourd’hui, c’est à peine si j’ai 5000FCFA. Tenez par exemple hier, je n’ai eu que 1000FCFA. Comment m’en sortir, surtout avec la rentrée scolaire qui approche? ». Nick quant à lui, explique que l’impact des délestages se ressent beaucoup en soirée.

« En temps normal, je ferme ma boutique à 21h. Mais, depuis ces événements, je suis obligé de fermer à 19h. En plus, une fois la nuit tombée, je double de virgilence sur les billets car, les clients profitent de l’absence de lumière pour nous donner les faux billets», s’exclame-t-il. «Lorsque l’électricité est constante, je peux faire une recette de 7.000FCFA. Mais depuis deux semaines, ma recette la plus élevée a été de 3000FCFA», ajoute Yowan. Le portail des camerounais de Belgique. A quelques kilomètres de là, au lieu-dit rond-point express, nous avons rencontré un commerçant d’un autre genre. Jean, responsable d’une boulangerie, confie ne pas avoir de pertes dans ses recettes, mais explique que ses bénéfices vont ailleurs.

« C’est vrai que je n’ai pas enregistré un quelconque changement dans mes recettes, mais je dépense énormément ailleurs. Pour maintenir mes produits au frais, je suis obligé d’utiliser un groupe électrogène, ca me prend en moyenne 40.000FCFA par jour, ce qui est énorme pour une petite boulangerie comme celle-ci». « Normalement à cette période, il y a affluence dans nos locaux, car les étudiants se bousculent pour les pré inscriptions. Maintenant, c’est à peine si on a 10 clients par jour. Nous avons bien pensé à utiliser un groupe électrogène mais pour ça, nous devrons augmenter les prix de nos services, ce qui ne nous aidera pas car nos clients connaissent déjà notre grille tarifaire », se lamente également Sophie, gérante d’un secrétariat bureautique.

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