Programme avec le FMI : Le Cameroun en sursis
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Programme Avec Le Fmi : Le Cameroun En Sursis :: Cameroon

Le pays a manqué son principal objectif 2017. Il a quelques semaines pour mettre en œuvre les mesures correctrices. En jeu, un financement de près de 50 milliards de francs.

Le principal objectif du programme d’ajustement, que le Cameroun met en œuvre avec l’appui du Fonds monétaire international (FMI) depuis juin dernier, est de réduire le déficit budgétaire afin de reconstituer les réserves de change et éviter la dévaluation du franc CFA. En effet, généralement, plus le déficit est important, plus la dette extérieure augmente et son remboursement consomme davantage de devises.

Pour éviter cela, le gouvernement s’est engagé à ramener la différence entre ses dépenses et ses recettes propres de - 6,2% du Produit intérieur brut (PIB) en 2016 à -3,1% en 2017. Après plus de deux semaines passées au Cameroun, la seconde mission d’évaluation du FMI a rendu ses conclusions lors d’une conférence de presse organisée le 14 mai dernier à Yaoundé: « on a constaté, sur 2017, qu’on n’était pas exactement callé aux objectifs du programme », informe Corinne Déléchat, le chef de cette mission d’évaluation.

Sursis

Selon nos informations, le solde budgétaire global (base ordres de paiements et dons inclus) se chiffre, en fin 2017, à -3,4%. Il est donc de 0,3 point de pourcentage en deçà de l’objectif. Ce résultat mitigé est le fait de l’augmentation en fin d’année passée des dépenses de sécurité. On se souvient en effet que début décembre, de retour du sommet Afrique-Europe tenu à Abidjan, le président de la République Paul Biya avait annoncé « des actions fortes » contre les « terroristes » qui essaiment la violence dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest. Ce qui s’était traduit par un renforcement du dispositif de sécurité dans ces régions.

Le Cameroun conserve néanmoins des chances de réussir cette seconde revue. Car, comme on peut le voir et comme l’affirme le chef de mission du FMI, la situation reste corrigeable. Le gap entre l’objectif du programme et la performance actuelle n’étant pas important, « on s’est mis d’accord sur des mesures pour rectifier le tir et pour coller aux objectifs du programme en 2018 » indique Corinne Déléchat. Selon le communiqué rendu public à la fin de la mission, ces mesures correctives « pourraient conduire à l’approbation de la deuxième revue (du) programme triennal », ouvrant ainsi la voie au décaissement de la troisième tranche de l’appui budgétaire du FMI d’un montant de 47,5 milliards de francs CFA. Mais cela, on le saura à l’issue du conseil d’administration de l’institution de Bretton Woods prévu pour se tenir entre fin juin et début juillet. Entre temps, Yaoundé devra s’activer à mettre en œuvre les mesures correctrices. Il s’agit essentiellement de procéder à la révision du budget 2018.

Austérité

Il se trouve qu’au regard de l’expérience de la fin du dernier exercice et de l’évolution des prix des matières premières sur le marché international, certaines dépenses n’ont pas été prises en compte, ou elles ont été sous évaluées. Le reprofilage budgétaire consiste donc à actualiser le budget en prenant en compte ces nouvelles informations. Concrètement, il s’agira de revoir par exemple à la hausse la provision budgétaire consacrée aux dépenses de sécurité, ou encore de créer une ligne de dépenses pour subventionner les prix du carburant. Le prix du baril de brut se situant désormais au-delà de 60 dollars, cette subvention est redevenue nécessaire pour maintenir échangés, comme semble être la volonté actuelle du gouvernement, les prix à la pompe.

A en croire les services du FMI, avec la loi de finances révisée, le déficit devrait se situer à un peu plus de 2,6 % du PIB contre 2,3 % prévu comme objectif initial dans le programme. Pour réaliser une performance conforme au programme, l’Etat devra davantage réduire son train de vie et mobiliser plus de recettes propres. Les fonctionnaires doivent s’attendre à serrer un peu plus la ceinture et les contribuables à un harcèlement beaucoup plus important de la part du fisc.

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