Michel Michaut Moussala : «  On veut tuer un journal qui dérange »
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Au total, six organes de presse, une télévision et treize journalistes ont reçus des sanctions du Conseil National de la Communication  allant du simple avertissement à la suspension. Michel Michaut Moussala, trente cinq ans de métier, ancien prisonnier de la liberté de la presse, Directeur de publication du journal  Aurore Plus est, lui aussi dans les serres du CNC. Nous sommes allés à la rencontre de ce pionnier de la presse au Cameroun.  Il crie son dépit face à ce qu’il qualifie de procès en sorcellerie. Au cours de l’entretien, il pointe son doigt accusateur sur l’establishment qu’il accuse de vouloir museler son journal et dénonce une « campagne de désertification médiatique »   amorcée dans le but de préparer les échéances politiques  futures.

Le CNC a publié des sanctions. Comme Directeur de Publication, vous êtes suspendu par défaut pendant 3 mois, deux de vos journalistes pendant 6 mois, votre journal est suspendu de publication pendant 3 mois.  
Il s’agit d’un procès en sorcellerie. Ma première surprise c’est que je n’ai jamais été notifié de quelque suspension que ce soit. Cela  fait  suite à une plainte du Directeur général de la camair-co. En réalité la rumeur sur la suspension d’Aurore Plus date d’avril 2015 quand  le conseil national de la communication a été saisi. Les convocations sur cette affaire me sont  parvenues deux semaines plus tard  à travers une Société de Messagerie. Les décisions ont été prises de façon unilatérale par le CNC sans véritable débat contradictoire. Ma deuxième surprise est que cette décision de suspension d’Aurore Plus a été cachée par le CNC  depuis avril 2015. Un an après, Pour quel but et intérêt on la sort  seulement aujourd’hui ? Et avec elle la suspension de 5 autres journaux ? Tout laisse croire qu’il y a une logique d’élimination et même d’exclusion.

Le CNC travaille à son rythme
Le CNC dans ses textes  dit  que  c’est suite à la  relance  de la  plainte  au mois de Mars  qu’il sont arrivés à cette décision de suspension de mon journal.  Dans ce cadre, aucune notification ne nous a été adressée pour nous permettre de nous défendre  contradictoirement. Vous comprenez que la décision de notre suspension nous est tombée sur la tête. Il faut noter que cette décision est nulle et de nul effet parce que le mandat de ces membres du CNC est  arrivé à son terme.  Pour le moment, je me réserve d’engager à leur encontre des poursuites judiciaires.

Le CNC vous accuse d’ « accusations constitutives d’atteinte à l’éthique » à l’endroit du DG de camair-co. Comme le prévoit la loi, ce dernier vous a-t-il saisi par un droit de réponse ou une mise au point quelconque ? 
Le DG de Camair-co n’a jamais usé des voies de recours que lui offre la loi sur la communication sociale à savoir le droit de réponse ou la mise au point.  Sa seule démarche c’est que le journal ne parle pas de son entreprise. Et même le conseil National de la Communication  n’a pas usé des pouvoirs que lui confèrent les textes. Sa mission n’est pas de fermer les organes de presse. Nous sommes là dans un procès de sorcellerie dans un pays extraordinaire ou le seul objectif est de mettre en chômage des familles et museler un journal qui dérange. C’est très facile que  des fonctionnaires requis pour une sale besogne prennent une  décision de mettre en chômage 30 familles qui vivent d’une entreprise de presse sans subvention ni aide de l’Etat. On veut tuer Aurore Plus.

Vous semblez dire que dans cette série de sanctions vous êtes le plus visé ?
Cela n’existe  dans aucun pays. J’ai été président du patronat de la presse en Afrique centrale, j’assume les fonctions de président de la fédération  des éditeurs de la presse. A l’observation, mon indépendance, mon insoumission et  ma liberté de ton dans le traitement de l’information m’attirent des inimitiés,  et  gène  l’establishment.    Vous n’avez qu’à voir ce que ce journal a fait en tant que gardien de la conscience collective et de la gestion publique. Dans le cadre de l’opération épervier, nous avons contribués à démasquer les prévaricateurs de la fortune publique  qui sont aujourd’hui en prison.  Cette fois  le prétexte  du Directeur général de camair-co est vite trouvé pour museler un journal qui dérange et qu’on ne peut contrôler. Je ne suis pas soutenu par un quelconque  lobby. Je suis indépendant et réclame cette indépendance.

Ou  voulez vous en venir Mr le Directeur de Publication ? 
Ce n’est pas la première fois que les foudres du système s’abattent sur Aurore Plus. La première suspension date de 25 ans à cause du ton du journal.  Le journal à survécu  à plusieurs manœuvres de musèlement. Prés de 30 ans après sa création, mon journal est une fois de plus victime des assauts destructeurs.  La  campagne de « désertification médiatique » en cours vise tout simplement à « mettre hors d’état de nuire » les journaux comme aurore plus à l’approche des échéances politiques qui se préparent au Cameroun. J’appelle à plus de vigilance.

Qu’entendez-vous faire.
Je mets  la communauté nationale et internationale à témoin sur la dérive que prend  la gestion des medias au Cameroun.  J’ai fait la prison pour demander la liberté de la presse au Cameroun. Nous ne devons pas aller à reculons.  Je suis dans la logique de continuer à paraitre. Qu’on vienne poser des sceller sur  les locaux du journal, je paraitrai. On ne peut pas, pour des raisons inavouées délester mes lecteurs  de l’information quotidienne que leur fournit Aurore Plus.

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