Livre : Le scandale du livre scolaire
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Marcelin Vounda Etoa montre que notre système éducatif est en péril du fait du mercantilisme des acteurs locaux.

En six chapitres seulement ponctués d’éléments analytiques, textuels et des décrets en vigueur, l’auteur Marcelin Vounda Etoa (Mve), enseignant de littérature française et comparée à l’université de Yaoundé I et ancien directeur des éditions Clé reconstruit à notre avis un contre-scénario de l’activité livresque camerounaise.

Contre les acteurs locaux logés au conseil d’agréments des manuels scolaires et des matériels didactiques qui ont décidé de mettre en parenthèses un arrêté du Premier ministre qui fixe à trois « au plus » le nombre de livres et manuels qu’on peut inscrire sur les officielles par niveau et par matière, Mve invite à retenir que les livres, précieux outils pédagogiques sont le socle épistémologique et de la pédagogie.

La situation est d’autant plus grave et lors de la dédicace de l’ouvrage jeudi dernier à l’Ecole Normale Supérieure, l’écrivain a affirmé que « 90 % des livres officiels inscrits au programme méritent d’être suspendus. » C’est que l’univers du livre est devenu celui du business, la dépouille de l’éléphant où chaque acteur ou intervenant exige et attend sa « part ». L’exploitation frauduleuse a pris le pas sur la formation des jeunes camerounais.

Il est désormais facile d’observer sept à huit livres au programme par matière dans le primaire. La multiplication éhontée du nombre de livre constitue un réel handicap à la formation de la nation camerounaise. Des livres grossièrement agrafés revêtus de la signature de nos ministres censés transités par les inspections pédagogiques, conseils pédagogiques sont carrément mis au programme en raison du « mieux disant ».

Le préfacier Ndzié Ambena se demande justement « comment se fait-il que la génération de Camerounais qui sont actuellement « aux affaires », qui ont bénéficié, profité d’un système d’instruction qui les a rendus compétents, laisse dépérir notre jeunesse, nos enfants pour des raisons bassement vénales et mercantilistes ? »

Telle « une galaxie d’électrons gravitant autour d’un noyau central qui est le livre, des ministres,des inspecteurs, des directeurs, des parents d’élèves, bref l’ensemble de notre système éducatif s’accommode de la médiocrité ambiante.

L’ouvrage n’a que 103 pages comme le Prince de Machiavel (101 pages) mais il dévoile le mercantilisme éhonté et abject de nos gouvernants. D’où le mérite de cet ouvrage publié aux presses universitaires de Yaoundé (Puy) qui vient heureusement « rompre la glace ». En véritable « philolivre », donc passionné de la pédagogie, Mve présente à partir dès la page 17, « le conseil d’agrément en toute illégalité » et la violation de l’arrêté du Premier ministre du 4 janvier 2002.

On remarque aussi que de la Sil au Cm2, le nombre de manuels inscrits au programme sur la liste du Minedub est de 564 livres. Le deuxième chapitre insiste sur l’arbitraire des conseils d’établissements qui ont choisi de brouter là où ils sont attachés. Les autres chapitres montrent que les acteurs du livre au Cameroun sont des aventuriers, l’évaluation aux différents examens est hasardeuse du fait de la multiplication des livres. L’urgence d’une rigoureuse structuration du secteur du livre n’est pas en reste.

Livre et Manuel scolaires au Cameroun.
Marcelin Vounda Etoa
La dérive mercantiliste.
Puy
2016, 103 pages

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