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© FB : Binku la Nerveuse
- 22 Sep 2025 15:36:07
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Le vrai combat au Cameroun : sortir de « l’esprit Biya » pour un pouvoir rendu au peuple :: CAMEROON
Quand on dit « tout sauf Biya », il ne s’agit pas seulement de Paul Biya l’homme. Non. Il s’agit de l’esprit Biya, celui qui plane sur tout son gouvernement et son système. Après plus de 40 ans, cet esprit a façonné des mentalités, possédé des carrières, fabriqué des réflexes.
Ce régime ne s’est pas contenté de gouverner, il a colonisé l’esprit de ses soutiens, accouché des clones...
Démissionner de là sans transition et prétendre incarner une opposition crédible ? C'est difficile, et presque impossible. Et voilà que deux ministres, Issa Tchiroma et Bello Bouba, encore récemment assis dans ce système, se lèvent, démissionnent et se présentent soudain comme challengers. Ils battent campagne dans le Grand Nord, ce « bétail électoral » du régime, et curieusement… silence total du pouvoir. Pas d’interdiction? Pas d’obstacle ?
Sortir de la maison Biya ne suffit pas. Il faut aussi sortir de son emprise.
Au Cameroun, presque tous les politiciens ont fait leurs classes dans ce régime. Le RDPC, c’est la formation politique « mère ». Qu’on le veuille ou non, la plupart y ont goûté, certains y ont vécu. Donc pour moi, le meilleur opposant n’est pas forcément celui qui n’y est jamais entré, mais celui qui, après son éloignement, prend le temps d’une désintoxication spirituelle, morale et mentale. Bref, un vrai travail intérieur pour se libérer de l’esprit Biya qui colle comme une sangsue. Voilà pourquoi je ne comprends pas ceux qui crient au changement, mais soutiennent mordicus ces anciens ministres encore fumants du régime. À mes oreilles c’est toujours la même musique, jouée par d’anciens instrumentistes qui croient changer de partition.
Ces influenceurs qui condamnent le tribalisme le jour, et la nuit ils disent : « Le pouvoir doit retourner au Nord ». Comme si la boussole d’un pays se réduisait à une affaire de géographie et d’ethnie. Comme si la souffrance d’un peuple se guérissait par un partage tribal du gâteau.
Hypocrisie quand tu nous tiens. Ils ne sont même pas capables de présenter clairement et fièrement le parcours de leurs candidats, encore moins une vision ou un projet de société. Tout ce qu’ils répètent, c’est : « Le pouvoir doit retourner au Nord. »
À ceux qui manipulent leurs communautés pour inciter à voter ces ex-ministres du régime, préparez-vous à porter cette responsabilité sur votre conscience. Car au fond, vous savez qu’ils ne sont pas prêts à assumer l’avenir de la nation.
Vous le savez.
Nous le savons.
Eux-mêmes le savent.
Le vrai combat n’est pas que le pouvoir aille au Nord, à l’Est, à l’Ouest ou au Sud. Le vrai combat, c’est que le pouvoir retourne au peuple. À la justice. À la vérité. À la compétence.
Un président au nom d’une ethnie ne fait pas avancer une nation, il la divise.
Et le plus intriguant, c’est que certains croient vraiment que ces ministres fraîchement démissionnés peuvent challenger le pouvoir, voire développer leur propre région.
S’ils en étaient capables, ils l’auraient déjà fait à la mangeoire, quand ils disposaient des moyens de l’État. Le Grand Nord aurait bénéficié de leurs décisions, des routes, des écoles, des hôpitaux... Mais ils ne l’ont pas fait.
Et pourtant, une grande partie du Grand Nord les soutient. Pourquoi ? Parce qu’ils incarnent l’identité politique imposée depuis des décennies : le bétail électoral.
Un peuple orienté comme un troupeau : on dit va, il va.
C’est là-bas qu’ils battent campagne. Non pas seulement parce qu’ils sont du Nord, mais parce que ce peuple est épuisé. Le Grand Nord est l’une des régions les plus marginalisées, les moins scolarisées, les moins représentées. C’est donc l’une des plus assoiffées de changement.
On lui a laissé croire que ce changement viendrait seulement si un « frère », comme Ahidjo jadis, reprenait le pouvoir. Mais le développement ne dépend pas d’une origine, il dépend de la vision, du courage politique, de la justice sociale. Le danger c’est de confondre fraternité ethnique et fraternité nationale. Le Cameroun n’a pas besoin d’un président du Nord, de l’Est ou de l’Ouest. Il a besoin d’un président qui voit tout le pays comme son héritage.
Ces deux ministres, pour moi, sont peu crédibles. Ils font ce que les Écritures disent : « Satan lui-même se déguise en ange de lumière » (2 Corinthiens 11:14). On peut changer de costume, mais pas d’esprit.
Certes, aucun politicien en course n’est un saint encore moins eux. Et nous savons tous que la politique n’est pas le voir bébé. Espérer un Messie en politique, c’est naïf. La politique est sale. Tous portent des taches. Aucun pays n’a jamais été dirigé par un ange. Ce que nous voulons pour le Cameroun, ce n’est pas l’impossible. C’est le moindre mal parmi les maux. Quelqu’un qui ne viendra pas agrandir l’ombre qui recouvre déjà la nation, mais qui saura la réduire, ou au moins la contenir, tout en augmentant la lumière. Et c’est là que réside l’inquiétude : car en les observant, un cœur me dit qu’ils ne viendront pas réduire cette ombre, mais poursuivre la croissance de l’esprit Biya qui les habite encore.
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