La « Liberté d’entreprendre » au Cameroun, entre annonce politique et urgence structurelle
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La « Liberté d’entreprendre » au Cameroun, entre annonce politique et urgence structurelle :: CAMEROON

Le communiqué du 7 novembre 2025 du ministère du Commerce, publié au lendemain du discours d’investiture du chef de l’État, prétend relancer la « liberté d’entreprendre ». En réalité, il illustre la continuité d’un modèle centralisé où les décisions descendent d’en haut et où la jeunesse reste spectatrice de son propre avenir. Derrière l’effet d’annonce, peu de mesures concrètes : pas de budget, pas de plan d’exécution, pas d’échéancier.

À la lumière du programme du Parti des Démocrates Camerounais (PDC), cette communication révèle les limites structurelles d’un pouvoir qui confond pilotage économique et communication politique.

1. Un communiqué au garde-à-vous

Présenté comme une déclinaison des « Hautes Directives » du président de la République, le texte du ministère du Commerce ne contient aucune orientation autonome.

On y retrouve la rhétorique de fidélité plutôt qu’un esprit de réforme. La « liberté d’entreprendre » est proclamée comme un mot d’ordre, sans cadre opérationnel ni mesure de résultat. Le choix de reprise systématique des mots de Paul BIYA creuse un écart entre les promesses affichées et la réalité politique interne.

→ Le PDC, dans son projet de société, propose au contraire une gouvernance économique participative : la transformation du Conseil économique, social et environnemental en organe consultatif obligatoire pour toute réforme touchant au commerce, à l’emploi ou à la jeunesse.

2. Une ouverture pour la jeunesse ?

Le ministère enjoint les jeunes à « saisir les opportunités » offertes par la ZLECAF. Mais ces appels sans moyens rappellent davantage une politique de communication qu’une politique d’action.

Les véritables freins à l’entrepreneuriat — financement, formation, infrastructures — sont éludés.

→ Le programme du PDC prévoit un Fonds national de garantie et de cofinancement permettant de soutenir les microprojets productifs et de réduire les inégalités régionales d’accès au capital. Ce dispositif s’accompagne d’une politique de formation accélérée et d’appui à la création d’entreprise dans chaque région.

3. Des lois sans mise en œuvre

Pour asseoir sa communication, le ministère recycle les lois de 2015 et 2016 sur la liberté du commerce et la simplification administrative, mais sans reconnaître leur application incomplète. Ces textes étaient en grande partie méconnus du public, comme l’admet le communiqué lui-même lorsqu’il s’étonne que « beaucoup pensent encore qu’il faut des papiers compliqués ». Par ailleurs, la bureaucratie reste omniprésente.

→ Le PDC propose la dématérialisation complète des procédures via un guichet unique national numérique de l’entreprise, adossé à un système d’open data économique. Objectif : transparence, rapidité et suppression des autorisations discrétionnaires.

4. Les vrais freins : argent, logistique et confiance

Sur le terrain, les jeunes entrepreneurs se heurtent à un mur : banques frileuses, routes dégradées, énergie coûteuse, réseaux d’influence et clientélisme institutionnalisé.

À cela s’ajoute un grave déficit de justice économique : beaucoup subissent le non-paiement de leurs factures par des donneurs d’ordre publics ou privés, sans recours effectif, car ils sont souvent déboutés ou dissuadés d’agir en justice, faute de moyens ou face à un système judiciaire lent et peu protecteur de l’entrepreneur.

Le discours sur la « liberté d’entreprendre » sonne creux dans un environnement où rien n’est fait pour garantir l’égalité d’accès aux opportunités. En l’absence de soutien public spécifique à l’innovation ou à l’accompagnement (incubateurs, mentors, garanties de prêts) comme le prévoit le PDC dans son projet de société, nombreux sont ceux qui considèrent l’entrepreneuriat comme un pari risqué. 

Comme le constate Augustin Caleb MINKOULOU, un bénéficiaire du concours de plans d’affaires soutenu par la Banque mondiale, « sans financement supplémentaire, il est difficile d’acquérir davantage de matières premières, ce qui limite la production, les ventes, l’embauche et la rentabilité » .

→ Le PDC prône la création d’une Banque publique de développement local dédiée à l’accompagnement financier et non-financier des TPE, PME et des coopératives territoriales, ainsi qu’un plan d’investissement massif dans les filières locales de transformation et l’agriculture vivrière.

5. Entrepreneuriat ou alibi politique ?

Faire de l’entrepreneuriat la solution universelle au chômage revient à déplacer la responsabilité de l’État vers les individus. L’entrepreneur devient un symbole politique, non un acteur économique soutenu.

De plus, cela peut susciter de dangereuses attentes chez les jeunes, qui risquent d’être déçus et démotivés en l’absence d’accompagnement politique.  À ce titre, la communication libérale sur la « libre entreprise » paraît davantage servir l’agenda politique officiel que les intérêts réels de la jeunesse. 

Elle renforce l’idée que le gouvernement a un discours tout fait pour l’emploi des jeunes, sans pour autant y associer une gouvernance efficace ou transparente. On observe, par exemple, que le gouvernement continue à promouvoir de grands « chantiers structurants » dont beaucoup restent inachevés et couteux. Le contraste est flagrant : comment croire à un réel soutien aux microentreprises quand les infrastructures même sont problématiques ? Le risque est d’utiliser l’idéologie du « libre-entreprendre » comme un alibi pour masquer les insuffisances de la gouvernance économique et sociale.

→ Le programme du PDC propose une articulation emploi-formation-entreprise : bourses de reconversion, label “Maître d’apprentissage”, et formation professionnelle de courte durée pour métiers porteurs. La politique de l’emploi y est pensée comme un écosystème, pas comme un slogan.

6. La vraie relance : gouverner par la preuve

Le ministère parle de « relance », mais sans budget, sans échéancier, sans mécanisme de suivi. Une réforme sans planification, c’est une promesse sans lendemain.

→ Le PDC met l’accent sur la transparence budgétaire, la traçabilité des dépenses publiques et le suivi citoyen des programmes économiques.
→ L’objectif : que chaque franc dépensé soit vérifiable, chaque résultat mesurable.

7. Repenser la liberté d’entreprendre

Ce communiqué illustre la continuité d’un système où la décision reste concentrée et la mise en œuvre diluée.

Le programme du PDC propose une alternative claire : un État stratège, non propriétaire de l’initiative économique, mais garant de l’équité, de la transparence et du financement productif.

La différence est simple :
•    Là où le pouvoir actuel proclame, le PDC construit.
•    Là où on parle d’instructions, le PDC parle de participation.
•    Là où on promet la liberté, le PDC donne les moyens de l’exercer.

En somme, le communiqué du gouvernement RDPC loin d’être une relance sérieuse, ce message ressemble plutôt à un affichage politique destiné à flatter les yeux du public. Il promet beaucoup en termes d’idéologie – liberté, jeunesse, « destin économique » – mais sans engager de moyens nouveaux pour rendre ces promesses effectives.

Épilogue : retour à la source de la vision nationale

Le PDC a su, dès sa fondation, poser les bases symboliques et institutionnelles du Cameroun moderne — devise, hymne, drapeau — mais surtout l’idée d’un État souverain, pluraliste et tourné vers le progrès.

Ceux qui, aujourd’hui, reprennent ce flambeau dans la continuité des pères fondateurs — André-Marie MBIDA, Mathias DJOUMESSI et Claude AKONO — ont la responsabilité historique de ramener le pays sur la voie de la prospérité.

S’ils accèdent demain au pouvoir, ils ne répèteront pas les discours des quarante dernières années du régime, mais réaliseront la promesse d’un Cameroun juste, souverain et créateur de richesse partagée.


Yaoundé, le 9 novembre 2025

Bureau du PDC

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