21 novembre 2016- 21 novembre 2025: Il y a 9 ans, la coffin revolution à Bamenda
CAMEROUN :: SOCIETE

CAMEROUN :: 21 novembre 2016- 21 novembre 2025: Il y a 9 ans, la coffin revolution à Bamenda :: CAMEROON

Il y a neuf ans, avant que la guerre n’éclate dans les régions du NOSO, Mancho Bibixy Tse a participé à l’organisation de la coffin revolution, à Bamenda, chef lieu de la région du Nord-ouest, pour dénoncer les discriminations contre les anglophones au Cameroun. Arrêté quelques semaines plus tard, il croupit depuis lors dans la prison de Kondengui.

Ce 21 novembre 2016, les rues de Bamenda connaissent une agitation peu commune. Depuis un mois et demi, des associations d’enseignants, d’avocats et d’étudiants réunies au sein du Cameroon Anglophone Civil Society Consortium (CACSC) ont lancé une grève pour dénoncer la « francophonisation » des systèmes juridiques et éducatifs. 

Ce 21 novembre, un homme se tient debout dans un cercueil blanc posé sur le toit d’une voiture à l’arrêt et harangue la foule de curieux : « Nous sommes déjà morts entre les mains de la tyrannie. Il n’y a plus de raison d’avoir peur. Même de la mort. »

Mancho entre dans l’imaginaire collectif comme le sans-peur, rayonnant de vie, qui appelle les vivants pourtant morts à se réveiller. Il est l’un des leaders de la coffin revolution (Le nom provient d'un acte de protestation de l'activiste Mancho Bibixy, qui a tenu un cercueil ouvert à un rond-point pour dénoncer la marginalisation de sa communauté anglophone.).Ce mouvement qui dénonce les discriminations dont sont victimes les anglophones et se donne pour objectif de changer l’ordre institutionnel.

Le 19 janvier 2017, Mancho Bibixy est arrêté sans mandat. Des soldats armés entrent de force dans la maison d’un de ses amis où il est hébergé, lui mettent une cagoule et l’emmènent dans un véhicule sans lui laisser le temps de mettre ses chaussures ou de prendre ses papiers d’identité.

Fin mai 2018, après plus d’un an de procès et de nombreux ajournements d’audiences, le tribunal militaire de Yaoundé condamne Mancho Bibixy à 15 ans de prison pour « actes de terrorisme, sécession, propagation de fausses informations, révolution, insurrection, mépris des organismes publics et des fonctionnaires et hostilité contre la patrie ».

Cinq autres anglophones, jugés en même temps, ont été condamnés à de peines allant de dix à quinze ans de prison ferme. Un accusé a été acquitté pour « faits non établis ». Les six condamnés devront, en outre, payer solidairement une amende de 268 millions de francs CFA (près de 398 000 euros) à l’Etat et à la partie civile, auxquels s’ajoutent 31,7 millions (47 000 euros) de frais de procédure.

Le 15 août 2019, le groupe de travail sur la détention arbitraire des Nations unies, adopte un avis concernant Mancho Bibixy (Avis n°46/2019). Sa conclusion : « la privation de liberté de Mancho Bibixy est arbitraire ». Il a été arrêté sans mandat ni information sur les motifs de son arrestation. Il a été jugé devant un tribunal militaire qui ne relève pas du pouvoir judiciaire indépendant alors que le droit international interdit de telles pratiques concernant les civils. Il a été condamné sur la base d’accusations vagues et trop larges.

Le mécanisme des Nations unies appelle les autorités camerounaises à « libérer immédiatement Mancho Bibixy ». En vain. Il reste incarcéré à la prison centrale de Kondengui 

Dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, les combats sont devenus quasi quotidiens entre les forces de sécurité camerounaises et des hommes armés se réclamant de « forces de restauration » d’un Etat anglophone qui avait brièvement vu le jour entre les deux guerres mondiales, sous mandat britannique.

Pour plus d'informations sur l'actualité, abonnez vous sur : notre chaîne WhatsApp 

Lire aussi dans la rubrique SOCIETE

Les + récents

partenaire

Vidéo de la semaine

évènement

Vidéo


L'actualité en vidéo