Mobilisation politique et pédagogie à Yaoundé: Qui a vraiment peur des manifestations du MRC?
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Les organisations de défense des droits humains, telles que la CL2P, sont également engagées dans des notions de pédagogie politique. C’est principalement pour cette raison que le CL2P ne s’identifie pas avec un parti politique et analyse objectvement leurs options, parce que le CL2P pense fondamentalement que cela pourrait saper sa capacité de devenir une institution efficace de médiation.

Précisément, en constatant la faible mobilisation samedi 02 novembre 2019 des manifestants du principal parti d'opposition au Cameroun, sans pour autant nier la grande capacité de mobilisation du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC), hélas bien en dessous ce jour là des chiffres avancés durant la semaine pour célébrer la libération de son président Maurice Kamto, l'on est en droit de demander qui a vraiment peur de ces mobilisations?

Il n'y a en effet aucune raison de transformer les réunions politiques en casus belli. À l'évidence les interdictions systématiques et la répression policière nourrissent davantage une épouvante politique qui n'a (encore) aucune traduction réelle dans les mobilisations, voire dans les urnes.

Parce que, à la suite de la décolonisation et de l'intensification des luttes pour les libertés à l'intérieur de ses frontières, le régime de Yaoundé, depuis Ahmadou Ahidjo, a développé un programme de sécurité nationale visant à réprimer toute activité politique considérée comme radicale. Le maintien de l'ordre sécuritaire dans l'opinion publique faisait partie depuis longtemps du projet colonial. Une bureaucratie coloniale et néocoloniale était ainsi financée, fournie et formée de manière à écraser toutes les formes d '"insurrection" d'une ampleur sans précédent, développant ainsi une conscience policière couvrant tout le triangle que représente le Cameroun.

De plus, l'État carcéral qu'est le Cameroun aujourd'hui illustre également cette situation dans laquelle des personnes perçues comme une menace pour le régime sont systématiquement emprisonnées sous des accusations fabriquées de toutes pièces pour les éliminer du champ de bataille politique, et éloigner de la sorte de tout danger électoral contre le régime en place. Ce système fournit la base idéologique et la justification d’un État policier, et reproduit une soixantaine d’années un véritable régime d'exception au nom de la sécurité nationale et de l'ordre public.

C'est l'occasion d'appeler, afin de préserver la paix au Cameroun, au respect de la libre expression sur toute l'étendue du territoire du pays des différentes formations politiques et de leurs militants.

Car dans une république, il ne saurait exister des bantoustans érigés comme à Sangmelima et Ebolowa dans le Sud du pays par des élites tribales et tribalistes se réclamant du pouvoir en place, fermés d'accès aux partis d'opposition et à leurs militants.

Ce serait la fabrique géante d'une imaginaire dangerosité politique et surtout la marque inquiétante d'une approche ségrégationniste de la gouvernance du Cameroun. Pire encore, cela fait de la politique un sujet qui nous réduit uniquement aux émotions, à quoi nous pensons appartenir: qui est notre tribu; cantonné à notre ressenti, à la préférence affective et partisane, dans un environnement médiatique toxique qui nous mène tout droit à une polarisation suicidaire.

Le CL2P reconnaît que le pays a un besoin profond d'éducation civique et d'histoire. Étant entendu que la mémoire est ce qui donne à une nation son image de soi et son sens de l'unité, de la cohérence, et de la cohésion.

Le Comité de Libération des Prisonniers Politiques – CL2P

http://www.cl2p.org 

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