Gabegie Routière : 7000 Milliards Engouffrés, Zéro Route. Scandale et Solutions 2025
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Malgré des recettes colossales accumulées entre 2014 et 2025, amplifiées par l'instauration de la Taxe Spéciale sur les Produits Pétroliers (TSPP), le réseau routier camerounais demeure un vaste champ de ruines. L’analyse des chiffres révèle l'ampleur d'une gabegie organisée, où des milliards de FCFA et des promesses d’infrastructures s’engloutissent dans l’abîme des nids-de-poule, freinant le développement économique et la sécurité des citoyens.

En onze années, près de 7 000 milliards de FCFA ont été théoriquement alloués à l'amélioration des routes. Ce montant astronomique est constitué de 3 300 à 4 400 milliards prélevés directement à la pompe via la TSPP, d’environ 2 500 milliards supplémentaires issus des péages et taxes diverses, ainsi que de 700 milliards d’aide internationale « évaporés » dans des études de faisabilité qui n'ont mené à rien de concret. Ce pillage institutionnalisé a une conséquence directe sur le quotidien des Camerounais. Plus d'un citoyen sur deux contribue à cet impôt routier sans bénéficier d'une route praticable. Un chauffeur de moto-taxi dépense en moyenne 1 500 FCFA par mois, et le transport absorbe 45% du budget des ménages ruraux, un fardeau insoutenable.

Sur le terrain, la réalité est plus éloquente que tous les rapports. Le trajet emblématique Douala-Yaoundé, corridor économique vital, se transforme en un calvaire de six heures. Les nids-de-poule permanents non seulement augmentent la consommation de carburant et les coûts d'entretien des véhicules, mais exposent surtout les usagers à un risque mortel. Le cas de la RN5 est particulièrement scandaleux : un budget de 120 milliards FCFA y a été alloué entre 2018 et 2023, mais seulement 80 km ont été réhabilités sur les 210 prévus, avec un dépassement de coûts de 65%. Le réseau routier camerounais est donc à la fois une source d'enrichissement illicite pour une minorité et une menace pour la majorité.

Le bilan de ce fiasco est macabre. Selon l'Institut National de la Statistique, on compte 2 300 accidents par an directement liés au mauvais état des routes. De plus, 30% des produits agricoles pourrissent avant d’atteindre les marchés, aggravant l'insécurité alimentaire. Avec les 7 000 milliards dissipés, le Cameroun aurait pu s’offrir un développement d’infrastructures comparable au Sénégal, avec 5 000 km de bitume, des corridors fluides vers le Tchad et la RCA, et une baisse estimée à 35% du prix des denrées. Au lieu de cela, la réalité en 2025 est celle de 60% des régions enclavées et de chantiers abandonnés où des engins rouillent depuis 2019.

La racine de ce désastre réside dans une « mafia des bitumes » bien huilée. Le système de prédation est structuré autour de marchés publics surfacturés à plus de 50% en moyenne et de l'attribution de 40% des contrats à des sociétés écrans, souvent sans expérience avérée. Lutter contre cette corruption est la seule voie de sortie pour améliorer la gouvernance. Il est urgent de briser l’omerta en menant un audit général du fonds routier par des experts internationaux, suivi de poursuites judiciaires. Il faut également repenser la gouvernance en accélérant la décentralisation, confiant 30% du budget routier aux communes, et en instaurant des contrats publics sur blockchain pour garantir une traçabilité totale des fonds. Enfin, une mobilisation citoyenne est cruciale. Une grève des péages et le lancement d’une application de type Route Watch, où chaque citoyen peut signaler l'état des travaux et dénoncer les détournements, sont des outils de pression populaires nécessaires. L'heure des comptes a sonné. Face aux exigences de réformes du FMI, la jeunesse camerounaise doit exiger la vérité et la fin de l'impunité.

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