Paul Biya tient à sa Can amère
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C’est un secret de polichinelle. La Coupe d’Afrique des nations (Can) 2019 que doit abriter le Cameroun est l’événement majeur du prochain septennat du futur président de la République. Ou plutôt du président sortant Paul Biya, qui sera certainement réélu à l’issue d’une élection plus médiatique qu’indécise. Les résultats que proclamera le conseil constitutionnel très prochainement n’ont de suspens que pour des naïfs. Tant l’inamovible chef de l’Etat, au pouvoir depuis 36 ans a muselé l’ensemble du processus électoral.

Confiant de garder son fauteuil présidentiel, l’homme du « Renouveau » a affirmé le 10 août 2017, que le Cameroun « sera prêt le jour dit ». Sans doute conscient de toutes les influences qu’il met en oeuvre pour que notre pays abrite la Can pour la deuxième fois 47 ans après la première édition. Dans ce cadre, le locataire du palais de l’Unité a reçu en audience le président de la Confédération africaine de football (Caf) Ahmad Ahmad, le 02 octobre dernier à Yaoundé. Le dirigeant malgache qui a plusieurs fois menacé de retirer le tournoi continental de football au Cameroun, à cause des retards dans la construction des infrastructures est désormais plus pondéré.

Pourtant plusieurs enceintes sportives et édifices ne seront pas livrés à la fin de l’année en cours. Ne parlons pas des routes qui sont en piteux état dans plusieurs villes retenues pour la compétition. Car, même si les travaux des infrastructures sportives sont moins lents que par le passé, les voies d’accès aux sites ne sont pas viabilisées. Le pourtour des stades en construction ressemble à un chantier, avec des débris et matériaux de construction çà et là. Sans parler des hôpitaux qui n’ont de référence que le nom.

D’ailleurs, l’élite administrative ne fait pas confiance à ces établissements sanitaires, puisqu’au moindre pépin, ces hauts commis de l’Etat vont se soigner en Afrique du Sud, en Tunisie, au Maroc, en Île Maurice et principalement en Europe occidentale. Le président de la République n’en fait pas exception, lui qui profite généralement de ses multiples séjours privés à Genève en Suisse, pour faire des contrôles médicaux. Donc, les sportifs de haut-niveau qui participent à la Can ne bénéficieront pas d’une prise en charge optimale au Cameroun et devraient être évacués en cas de blessure plus ou moins grave.

Mais, malgré tous ces manquements, Paul Biya tient à sa Can. Il n’y a pas de raison que son prédécesseur Ahmadou Ahidjo a eu la sienne en 1972 et qu’en 36 ans de pouvoir, il ne parvienne pas à accueillir la même compétition. Surtout que dans son bilan, le chef de l’Etat met toujours à son actif, les cinq titres de champion d’Afrique gagnés par les Lions indomptables (1984, 1988, 2000, 2002, 2017) et la médaille d’or glanée aux Jeux olympiques de Sydney en Australie en 2000. Même si jusqu’en 2016, il était impossible de jouer un match de football en nocturne au pays faute d’équipements et que le pouvoir surfe sur les succès du sport sans jamais mettre les moyens pour le construire les victoires.

D’ailleurs, l’athlétisme qui a rapporté deux médailles d’or olympique au Cameroun (2004, 2008), à travers la triple-sauteuse Françoise Mbango Etonè et surtout la boxe qui nous a offert les deux premières médailles olympiques, avec l’argent de Joseph Bessala à Mexico en 1968 et le bronze de Martin Ndongo-Ebanga à Los Angeles en 1984 sont des parents pauvres. Dans notre pays, les gouvernants ne construisent pas les succès mais ils s’en servent pour leur intérêt personnel.

Aujourd’hui, Paul Biya tient à sa Can plus que tout. Non pas spécialement pour l’intérêt des sportifs, mais pour brandir à la communauté internationale comment le pays vit bien et affirmer que le vivre-ensemble est une réalité. De la poudre aux yeux.

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