Marginalisation: Les femmes en situation de handicap, les invisibles de la démocratie
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Sur les 90 membres du conseil régional de l’Ouest, ne figure  aucune  personne faisant partie des minorités vulnérables. Ce qui est déplorable, selon les organisations de la société civile à l’instar de  Handicapés et Fiers qui,  à travers le programme  Her Too au Cameroun, tient à manifester  un pas décisif pour l’inclusion politique des femmes en situation de handicap.
 
Un constant singulier à la fin de la session de plein droit en vue de l’élection des membres du bureau du conseil régional de l’Ouest ce 16 décembre 2025 : au Cameroun, de toutes les inégalités sociales, celles qui régissent l'accès à la décision politique apparaissent les mieux tolérées.  Cela sonne comme une ignorance des actions et plaidoyers lancés, le 03 décembre 2025 à Douala,  par l’association  « Handicapés et Fiers » pour une inclusion politique des femmes en situation de handicap.  

Des actions pilotées par Michèle Sojip, femme en situation de handicap et leader associatif,  qui tient à affirmer : «la politique nous appartient aussi ».

Pour elle, de nombreuses femmes en situation de handicap sont militantes des partis politiques, mais ne sont points designer au niveau des instances représentatives par voie de nomination ou d’élection. Un engagement autant soutenable que cette militante pour la défense et la promotion des Droits humains explique : «Parce que les décisions qui nous concernent se prennent souvent sans nous, nous accompagnons les femmes en situation de handicap vers la participation politique. Formation, mentorat, soutien, nous contribuons à créer les conditions pour que nos voix comptent dans les lieux de pouvoir. » 

Hyppolite Tchoutezo, membre du bureau national de l’organisation des jeunes du Rassemblement démocratique du peuple camerounais(Rdpc), conseiller régional à l’Ouest et vice-président du groupe Rdpc au sein de cette instance, exprime un avis contraire. « Les femmes en situation de handicap ne militent pas dans les rangs des formations politiques. Et même quand, elles y sont, elles n’expriment pas leur ambition de visibilité et positionnement politique », soutient-il.

Alors qu’il est constant, malgré le discours du président de la République, Paul Biya, appelant à une grande inclusion des minorités vulnérables et à la limitation des « frustrations » lors de sa prestation de serment le 06 novembre 2025,  que le fossé s'accroît, au fil des jours,  au cœur de la démocratie camerounaise, sans que l'on s'en émeuve véritablement : celui qui tend à éloigner de l'univers politique des segments de plus en plus nombreux de la société (femmes en situation de handicap, jeunes, autochtones et minorités ethniques pygmées et Mbororos, chômeurs).

Ce qui fait que les efforts d’engagement des personnes en situation de handicap, surtout des femmes, sont minimisés par les chefs des partis politiques ou les chefs des exécutifs communaux et régionaux en matière de projets ou d’actions de développement. Ils sont quasiment exclus des instances de décision au mépris de l’article 25 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques ratifiés par le Cameroun.  

Madeleine, albinos et commerçante au marché B à Bafoussam, est victime de cette marginalisation. Elle  déclare être inscrite sur une liste électorale auprès de l’antenne communale d’Election’s Cameroun (Elecam) dans la commune de Bafoussam IIème. « Je vote régulièrement. Parfois mon nom apparait sur la liste de l’un des bureaux de vote logés dans l’enceinte  du Coplano(Collège privé Alfred Nobel) ou dans l’une des salles de l’école des infirmiers de Bafoussam. J’habite non loin de là », confie-t-il. Cependant, celle-ci se plaint de voter par automatisme. « Sur près de 10 femmes albinos que je fréquente, je suis la seule qui vote.  Je vote aussi comme çà. Les programmes des partis ne prennent pas en considérations les besoins des personnes atteintes d’albinisme. Nous sommes exclues de processus de décision », déplore-t-elle. Ce qui est contraire à la philosophie Handicapés et Fiers, association initiatrice du programme Her Too

Handicap, politique et droits humains : transformer l’engagement en action

En parcourant le site internet (https://handifiers.org) de Handicapés et Fiers, l’on apprend que  le programme Her Too Cameroun a accompagné, le 03 décembre dernier, une première cohorte de 10 femmes en situation de handicap, âgées de 25 à 50 ans, venues de Douala, Yaoundé, Bafoussam et Ngaoundéré.

À travers Her Too, Handicapés et Fiers réaffirme son engagement en faveur des droits des personnes handicapées, de l’inclusion des personnes handicapées dans les processus décisionnels et de la participation des groupes marginalisés à la vie publique. Ce programme s’inscrit dans une vision à long terme visant à renforcer l’accès des femmes à la décision politique…

À l’approche des élections 2026, le programme Her Too se positionne comme un levier stratégique pour une inclusion politique durable. Comme l’ont rappelé les organisatrices lors de la cérémonie : « L’inclusion politique n’est pas négociable. C’est un droit constitutionnel. C’est un impératif démocratique. C’est une condition de notre émergence. Nous comptons bien figurer au rang de ces femmes placées au cœur du Septennat du Chef de l’Etat ».

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