Lions Indomptables : L’insoutenable tragédie du brassard
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A cause de ce bout d’étoffe très convoité, objet de prestige et de certains égos au sein de la tanière, l'espérance de vie des capitaines en sélection est de plus en plus controversée. De Rigobert Song à benjamin Moukandjo en passant par Samuel Eto’o et Stéphane Mbia, le règne querellé de ces leaders se termine le plus souvent en pointillé.

Les Lions ? Non merci ! Capitaine de l’équipe nationale fanion lors du sacre à la Can 2017, Benjamin Moukandjo ne portera plus le vert-rouge-jaune. Dans un communiqué signé du 22 septembre dernier et surabondamment partagé sur les réseaux sociaux, le milieu offensif du Beijing Suning a annoncé sa retraite internationale à seulement 29 ans et après 45 sélections et 7 buts. Un choix précipité qui fait suite à l’absence de l’ancien Lorientais dans la première liste du nouveau sélectionneur Clarence Seedorf. Lui qui estime que « les bons jeunes joueurs n’évoluent pas en Chine ». En total désaccord avec le technicien néerlandais, le natif de Douala a longuement justifié sa décision. L'information claire et nette. « J’ai pris connaissance de ma non sélection dans la première liste de joueurs appelés pour la campagne préparatoire des Lions Indomptables à la Can 2019 et des déclarations du sélectionneur national, Mr Clarence Seedorf. Je trouve cependant cette démarche inélégante et injuste à mon égard », a fustigé l’ancien artificier de Nancy.

Intouchable

Inélégante parce que, explique-t-il, « je n’ai même pas eu droit à un coup de fil, en ma qualité de capitaine ayant conduit les Lions au cinquième sacre du Cameroun, en 2017 ». Le joueur estime également que la décision du nouveau patron de l’encadrement technique est injuste en raison de l’argument avancé selon lequel des joueurs des championnats exotiques ne méritent pas d’être appelés pour déficit de compétitivité. A ce sujet, et en toute modestie, écrit-il, « mon niveau réel actuel, ainsi que celui d’autres coéquipiers, aurait dû d’abord être évalué sur le terrain avant toute prise de décision de mise à l’écart ». Même si pour l’heure, il est encore précoce de tirer des leçons hâtives de cette fin de règne en fracas, il reste vrai que la non convocation de Benjamin Moukandjo pour le match Comores-Cameroun du 08 septembre dernier, lui est resté en travers de la gorge. Alors que l’ex sélectionneur Hugo Broos avait pratiquement conféré le statut d’intouchable ou d’inamovible à l’ancien Lorientais, le voici désormais la crinière en sang.

Mbia, le tyran déchu

C’est donc la fin du magistère Moukandjo. Témoin du flou et du brouillard qui a souvent enveloppé le processus de retrait du brassard dans cette équipe et victime de ses dernières performances largement en deçà des attentes, doublées de son inefficacité devant les buts, il doit certainement se souvenir de ce fameux 29 mars 2016 à Durban, lors du match retour de la 4e journée des Eliminatoires de la Can 2017 Afrique du Sud-Cameroun. Laissé au banc pour rendement insatisfaisant au match aller, son prédécesseur Stéphane Mbia avait vu son brassard porté par son adjoint Vincent Aboubakar. Le site de la diaspora camerounaise. Un choix normal, ce d’autant plus qu’il respectait la préséance contenue dans la note portant désignation des capitaines de la sélection nationale et signée par Adoum Garoua alors patron des Sports à l’époque. Puis, à l’occasion d’une rencontre amicale entre le Cameroun et l’Olympique de Marseille (1-1), le 05 octobre 2017 au centre d’entraînement de l’Om, Hugo Broos avait confié ce bout de tissu tant convoité à Moukandjo. Une décision surprenante quand on sait qu’Aboubakar Vincent, vice-capitaine désigné après le Mondial 2014 était présent sur l’aire de jeu.

Magnan sorti par la petite porte

A l’époque des faits, l’affaire n’avait pas fait grand bruit puisque cet affrontement avec « la réserve » de Marseille ressemblait beaucoup plus à un match d’exhibition. Alors que Moukandjo, lui, semblait avoir pris goût à ce statut lors des deux dernières rencontres face à la Gambie et au Gabon, le 3 et 6 septembre 2016 à Limbe. Sous cape, il se murmure que la tête de Mbia présenté désormais comme un tyran, a été obtenue par le Minsep. Bien avant que ce dernier ne soit consacré leader du Onze national, le monde entier a vécu la déchéance de Rigobert Song dont les sirènes retentissaient depuis la Can 2008 au Ghana. Le Cameroun tombe en finale contre l’Egypte (1-0), grâce à un but du jeune Mohammed Zidan, sur une grossière erreur défensive de Rigobert Song. Le verdict des supporters des Lions est alors sans appel. « Rigo est vieux. Il est fatigué. Il ne tient plus sur ses jambes. C’est la fin. » Le capitaine courage lui, ne voit pas les choses de la même manière. Il est imperturbable.

Disponible, charismatique, discipliné, toujours aussi engagé et déterminé quand il joue. Un modèle de combativité. Tout cela n’a cependant pas convaincu le nouvel entraîneur des Lions qui a décidé d’arracher le brassard qui lui semblait collé au bras. L’avenir du Lion en équipe nationale risque désormais de se conjuguer au passé. Un passé glorieux, puisque l’ancien joueur de Tonnerre de Yaoundé a marqué de son empreinte et de sa crinière, la sélection nationale de football du Cameroun depuis son arrivée en 1994camer.be. Lors de la Coupe du monde qui se joue cette année-là aux Etats-Unis, le plus jeune joueur du tournoi (17 ans) n’aura pas le temps de donner la pleine mesure de son talent déjà prometteur.

Samuel dans l’Eto’o de la contestation

Mais son jeu trop rugueux lui vaut une expulsion contre le Brésil. Fin de la World Cup pour le défenseur central des Lions que les Camerounais découvrent et qui devient indéboulonnable. Il a fallu l’arrivée de Paul Le Guen pour bouger le baobab. Et pour le remplacer, un autre baobab : Samuel Eto’o Fils. Pas vraiment charismatique, encore moins discipliné, mais incontestablement le joueur vedette des Rois de la forêt. Footballeur au talent légendaire et au palmarès époustouflant, son succès a certes entraîné son iconisation, mais aussi sa crucifixion. Vie privée controversée passée au crible par les journaux à scandale, rumeurs les plus folles sur sa personnalité en boucle sur la toile, la vie du meilleur buteur de l’histoire des Lions indomptables est loin d’être un long fleuve tranquille.

En décidant de prendre sa retraite internationale, le capitaine déchu met ainsi un terme à 17 ans de haut niveau. Le clap de fin a lieu au Mondial 2014, face au Mexique (0-1), un vendredi 13 juin, sous la pluie. Comme un symbole. Au Brésil, où il était diminué par une blessure, le quintuple ballon d’or africain n’a pas vraiment tiré la sélection vers le haut. Non sans ouvrir le boulevard à une vague de polémiques sur son statut de leader et son aptitude à poursuivre l’aventure avec les fauves.

Ses sorties au vitriol à l’endroit des responsables en charge du sport camerounais lors du fameux tournoi de la LG Cup de novembre 2011 à Marrakech au Maroc sous Denis Lavagne, doublées du match amical en Algérie que les joueurs vont bouder avec une rare virulence, vont lui valoir 15 matches de suspension ramenés après des pressions à 8 mois. Le retour en grâce se fait en octobre 2012 dans la douleur, puisqu’elle coïncide avec l'élimination du Cameroun par les requins bleus du Cap Vert pour la Can 2013 en Afrique du Sud. Samuel et son brassard contesté, est dans « l’Eto’o » des critiques. C’est le début de la fin d’une légende. Après Moukandjo, à qui donc le tour ? Question à deux sous !

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