Afrique centrale : La difficile alternance politique
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La dernière présidentielle au Gabon a renforcé le mythe d’invincibilité des dirigeants sous régionaux.

«Pour gagner, Ali Bongo devrait obtenir plus de 60 000 voix dans le Haut-Ogooué, avec un taux de participation dépassant les 90 %», expliquait le 30 août dernier le directeur de campagne de Jean Ping, Jean-gaspard Ntoutoume ayi. Un défi qui sera finalement relevé par le chef d’état sortant qui l’emportera sur le fil avec 49,80 % des suffrages exprimés contre 48,23 % pour son challenger, grâce à un score stalinien réalisé dans son fief du Haut-Ogooué.

Au-delà de la violente contestation postélectorale qui a embrasé le Gabon dans la foulée de l’annonce de la «victoire» d’Ali Bongo Ondimba (ABO), ces chiffres interpellent. Notamment parce qu’après près d’un demi-siècle de règne sans partage du clan Bongo sur le Gabon, cette élection pour laquelle le seul programme de l’opposition était «Ali doit partir», n’a pas consacrée le plébiscite attendu de la coalition des adversaires du successeur d’Omar Bongo. Si ABO doit sa survie à son bilan relativement défendable, il est vrai que l’échec de l’opposition Gabonaise à conquérir le pouvoir rappelle à bien des égards les mésaventures d’autres oppositions dans les pays de la sous-région.

La présidentielle Gabonaise dévoile à la vérité en creux les ressorts d’une alternance politique rendue quasi-improbable en Afrique centrale, du fait de la coordination d’un certain nombre d’éléments. C’est d’ailleurs ce qu’explique le socio politiste Claude Abé qui pointe du doigt «l’incurie de l’opposition qui n’attend de vivre que pendant les élections et ne fait pas le travail profond de diffusion et d’enracinement de la culture politique dans la société».

Tout en soulignant l’action de «verrouillage par les gouvernants du système électoral à travers ses organes et ses lois», l’universitaire ajoute que l’autre frein à l’alternance politique en Afrique centrale est actionné par les gouvernés eux-mêmes. Pour lui, «les peuples sont tellement infantilisés qu’ils n’ont pas encore compris qu’ils sont les véritables détenteurs de la souveraineté et qu’ils ont un rôle décisif à jouer dans le choix de leurs dirigeants».

L’Afrique centrale serait-elle donc dans une impasse ? «Pas nécessairement », objecte Claude Abé qui observe en outre qu’ «en Afrique de l’ouest, ce qui a construit l’alternance c’est la connexion entre la société civile et les acteurs politiques. Lorsque que dans les pays d’Afrique centrale on aura construit ce schéma, une alternance sera plus aisée à envisager», conclut-il.

Pour mémoire, dans le top cinq des présidents africains ayant la plus grande longévité au pouvoir, le syndicat des chefs d’état de la sous-région est valablement représenté par les princes de la guinée équatoriale et du Cameroun. De fait, Teodoro Nguema Obiang mbasogo (73 ans) totalise 37 ans de règne alors que son homologue Paul Biya (83 ans) a déjà épuisé 34 années de magistrature suprême. Le Congolais Denis Sassou Nguesso et au Tchadien Idriss Déby Itno, comptent quant à eux respectivement 32 et 26 ans de pouvoir.

À côté de ces records, les sept ans d’Ali Bongo n’apparaissent que très insignifiants. À moins de les additionner au magistère de son prédécesseur de père, le très charismatique Omar Bongo qui régna 41 ans sur le Gabon.

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