Croisés de combats au quotidien
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Dans les couloirs des organisations de la société civile comme dans les arènes politiques, elles sont souvent invisibles. Femmes, handicapées, militantes, une triple identité qui les expose à des violences spécifiques. Trois d'entre elles ont accepté de raconter leur réalité. Par sécurité, leurs prénoms ont été modifiés.

Cyber-harcèlement amplifié

Pour Claire, 25 ans, jeune activiste numérique, le harcèlement en ligne prend une dimension particulière avec un handicap physique. « Lorsque je prends position sur les réseaux sociaux, les commentaires ne s'arrêtent pas au sexisme classique. On utilise mon handicap, les insultes validistes se mêlent aux attaques misogynes. Mon visage, mon corps, mon handicap deviennent des objets de moquerie. Ça fait mal, mais surtout, ça vise à me faire taire ».

Délégitimation systématique

Diane, 32 ans, défenseure des droits des femmes, constate que sa crédibilité est constamment remise en cause. « Dans les réunions auxquelles j’assiste, mes arguments sont souvent ignorés. On me traite avec condescendance, comme si mon handicap affectait ma capacité d'analyse. Un responsable associatif m'a dit un jour : C'est bien que vous vous intéressiez à ces questions. Bien. Comme si c'était exceptionnel, pas légitime ».

Elle raconte aussi les tentatives d'instrumentalisation : « Des organisations m'invitent pour la représentation, comme pour cocher la case qui dit que les femmes en situation de handicap ont été incluses, rarement pour mes idées. Je suis un symbole, rarement une experte écoutée pour mes analyses ».

L'épuisement du double combat

Sarah, 36 ans, militante intersectionnelle, évoque la fatigue spécifique de devoir mener deux combats simultanément. « En tant que femme, je lutte contre le sexisme. En tant que personne handicapée, je combats le validisme. Mais ces deux oppressions ne s'additionnent pas, elles se multiplient. Je dois constamment prouver ma légitimité sur deux fronts ».

Elle décrit les réunions où elle doit d'abord négocier l'accessibilité du lieu avant même de pouvoir participer au débat. « Pendant que les autres discutent stratégie, je suis encore en train de chercher un moyen d’accéder à la salle. L'énergie mentale que ça prend, peu le réalisent ».

Résilience collective

Malgré ces obstacles, ces femmes refusent le découragement. Ensemble, à travers PowerBloom, elles construisent des stratégies de protection mutuelle, se forment aux techniques de riposte, documentent les violences, souhaitent apporter leur pierre à l’édifice.

« Nous transformons notre expérience de l'exclusion en expertise de l'inclusion », résume Sarah.

Leur message est clair, ces violences ne sont pas inévitables. L'accessibilité des espaces militants, la lutte contre le validisme, la protection juridique des défenseures, sont autant de mesures concrètes qui changeraient leur réalité. En attendant, elles continuent, car abandonner signifierait valider un système qui les nie.

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