Théodore Nsangou : “je suis le Dg le moins payé”
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Le patron d’Edc a raconté son expérience de gestionnaire à l’Institut supérieur de management public.

Théodore Nsangou ne dévoile pas son salaire, mais il dit être le directeur général le moins payé parmi les managers des entreprises publiques. Lui, le patron de la société Electricity Development Corporation (EDC) dont la mission principale est de développer les infrastructures dans le domaine de l’électricité au Cameroun.

Ses collaborateurs sont logés à la même enseigne car, assure- t-il, « les salaires ne sont pas encore bons à EDC ». Certes la rémunération n’est pas conséquente, mais le manager considère son séjour à la tête d’EDC comme une aventure passionnante et exaltante. L’exaltation vient de la mission confiée à EDC dès sa création en 2006, à savoir conduire le projet de construction du barrage hydroélectrique de Lom Pangar.

C’est l’un des premiers grands chantiers structurants annoncé par le gouvernement, financé par l’Etat et 5 bailleurs de fonds internationaux : la Banque mondiale, la Banque africaine de développement, la Banque de développement des Etats de l’Afrique centrale, l’Alliance française de développement et la Banque européenne d’investissement.

Théodore Nsangou arrive à la tête d’EDC en juillet 2009 alors que l’entreprise, créée depuis 3 ans déjà, demeure dans un état embryonnaire. Plus grave, le projet Lom Pangar en est encore à négocier les financements. Mais le nouveau Dg est dans son élément. L’ingénieur des travaux publics était jusque-là le sousdirecteur du développement, de la production hydraulique et du bâtiment à Aes/Sonel. Il a l’expérience de plusieurs barrages déjà construits au Cameroun, notamment les ouvrages de Bamendjin et de la Mape. Sept années sont passées. Le barrage de Lom Pangar est presque terminé. Son fonctionnement a commencé depuis la mise en eau partielle en septembre 2015.

L’ouvrage atteindra ses pleines capacités avec la mise en eau définitive prévue en août 2016. Et déjà la société EDC s’apprête à relever d’autres défis car, très prochainement lui sera transférée la gestion des barrages existants dans le pays. Elle est aussi engagée dans l’électrification rurale, avec déjà dans son portefeuille 150 villages de la région de l’Est.  

Complexité, turbulence et incertitude

Voilà l’aventure que Théodore Nsangou a accepté de raconter à l’Institut supérieur de management public (Ismp) qui tenait le 21 avril 2016 la 6ème édition de son Club de management. L’expérience managériale d’EDC est un cas d’école qui a été décrypté à l’aune de la science du management par le Pr Sabine Moungou Mbenda. Elle est consultante à l’Ismp. Pour cette universitaire, le Dg d’EDC a assumé des responsabilités dans la complexité, la turbulence et l’incertitude.

Le projet Lom Pangar est complexe dans la mesure où plusieurs acteurs sont en interaction, notamment le gouvernement, les bailleurs de fonds et l’entreprise chinoise CWE qui réalise l’ouvrage. Il fallait réussir à harmoniser les intérêts, les valeurs, les référentiels et les objectifs qui motivent chaque partie prenante. Par exemple, Théodore Nsangou reconnait que les conditions de travail n’étaient pas une grande préoccupation pour l’entreprise chinoise, et que certaines grèves des employés étaient fondées. La complexité vient aussi du caractère sensible du secteur de l’électricité au Cameroun, dans un contexte où l’offre est de loin insuffisante.

La turbulence dans le projet Lom Pangar ne garantissait pas au Dg d’avoir un contrôle suffisant pour faire une planification rigoureuse. Et pour cause, il y avait les multiples plaintes liées à l’indemnisation des populations.

La gestion des problèmes environnementaux était délicate. Il fallait travailler avec des personnes différentes au gré des mouvements de personnel survenus dans les organisations partenaires. Au plan interne, le projet faisait l’objet de batailles politiques ; et Théodore avoue avoir encaissé et donné des coups à ses adversaires.

Complexité et turbulence se mêlaient à l’incertitude. En effet, Théodore Nsangou conduit un projet où il n’a pas les coudées franches. Son patron est le gouvernement qui assure une tutelle à la fois administrative et politique.

Plus encore, EDC, une entreprise à peine née, devait conduire un grand chantier, avec une équipe jeune qu’il fallait sans cesse motiver. Les employés étaient sans contrat d’embauche, certains cumulaient des arriérés de salaire. Voilà une aventure managériale riche en enseignements. Il y a là de quoi écrire un livre, a dit un des intervenants.

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