Ce sera en aller et retour dès samedi prochain, avec le MA60 de Camair-Co.

Postée à la sortie de l’avion, Mme Nke lance des cris de joie. Les deux mains levées, elle jubile après son premier voyage en avion. La revendeuse avoue qu’elle s’est mise sur son 31 pour la circonstance : sa robe kaba préférée et ses plus beaux bijoux. Droit debout, dame Nke se donne de la prestance pour descendre l’escalier de l’avion, jusqu’à poser le pied sur le tarmac de l’aéroport international de Yaoundé-Nsimalen. Ce samedi 23 janvier 2016 est jour des vols inauguraux des deux avions MA60 de la compagnie nationale Camair-Co. Mme Nke fait partie des heureux élus pour le voyage de plaisance entre Yaoundé et Douala en aller et retour. La commerçante a voyagé en compagnie du ministre des Transports, Edgard Alain Mebe Ngo’o, d’autres membres du gouvernement, des autorités administratives et de l’ex-footballeur Rigobert Song.

Les avions MA60 de Camair-Co ont donc volé et les passagers ont apprécié. « C’était un voyage normal comme j’en ai souvent faits », a dit la maire de Douala 2ème, Denise Fampou. « C’était bien, j’étais à l’aise et j’ai aimé. En plus, les hôtesses m’ont servi à boire », se réjouit la commerçante Michèle Denise Nke. Après ces vols inauguraux, les deux avions MA60 seront mis en service dès ce samedi 30 janvier, avec le lancement de la ligne Douala-Bafoussam-Douala. L’information est donnée par le directeur général de Camair-Co, Jean Paul Nana Sandjo. Un collaborateur du Dg ajoute que le voyage en aller et retour pourrait coûter 30.000 F.Cfa, mais rien n’est encore officiel.

Après Bafoussam, trois nouvelles destinations locales sont annoncées : Bamenda dans la région du Nord-Ouest, Koutaba à l’Ouest et Bertoua à l’Est. « Ces nouvelles lignes seront ouvertes dès la fin des travaux d’aménagement des plateformes aéroportuaires », précise M. Nana Sandjo. Les MA60 chinois permettront par ailleurs à Camair-Co de revenir sur la  ligne Malabo, la capitale équato-guinéenne. Ces avions seront également mis sur les destinations déjà desservies par Camair-Co, à savoir les villes septentrionales de Ngaoundéré, Garoua et Maroua, ainsi que des capitales des pays voisins, notamment Libreville au Gabon et Bangui en République Centrafricaine.

« Les tarifs seront communiqués progressivement et ils seront plus bas que ceux pratiqués avec les avions Boeing 737 », confie une source à la direction commerciale et marketing. L’ambition affichée est de positionner Camair-Co résolument sur les marchés national et sous-régional. L’avion MA60 est alors présenté comme un appareil adapté, car les charges sont limitées. En plus, avec une capacité limitée à 48 sièges passagers, il est plus facile de faire les vols pleins.

Logone et Mantum

Le Dg Nana Sandjo assure que l’objectif de la compagnie nationale est de relever, à très brève échéance, l’équilibre de son exploitation. En novembre 2015, Camair-Co croulait déjà sous une dette de 33 milliards F.Cfa, depuis sa création en novembre 2006 et son tout premier vol le 28 mars 2011. C’est donc dire les espoirs placés sur les deux nouveaux aéronefs qui portent à cinq la flotte de la société nationale de transport aérien. Les vols inauguraux des MA60 ont été l’occasion pour le constructeur chinois, AVIC, de réitérer la fiabilité de ces avions utilisés par 6 opérateurs en Chine et 20 opérateurs dans le reste du monde. Le vice-président de la société AVIC est venu le dire personnellement.

Puis, il y a eu ce témoignage délivré par le Dg de Air Zimbabwe, Edmund Makona, par ailleurs président en exercice l’association des compagnies aériennes africaines (African Airlines Association). La prise de parole de ces personnalités et bien d’autres a été un véritable coup marketing pour les avions chinois. Au Cameroun, ces appareils ont d’ores et déjà pris les couleurs nationales. L’un a été baptisé Mantum, en référence à ce village de la région du Nord-Nord. L’autre s’appelle Logone comme le grand fleuve.