Spéciale présidentielle 2018 : Une blague de mauvais goà»t appelée Paul Biya
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CAMEROUN :: Spéciale présidentielle 2018 : Une blague de mauvais goà»t appelée Paul Biya :: CAMEROON

Depuis la convocation du corps électoral pour l’élection présidentielle du 7 octobre prochain, et davantage le dépôt de candidature du président national du Rassemblement démocratique du peuple camerounais, le sérail politique dominant et ses alliés essayent de rendre crédible la candidature de l’actuel président du Cameroun, au pouvoir depuis presque 36 ans, comme étant « l’homme de la situation ». seulement, la gérontocratie des principaux acteurs du système Biya, reste un sujet de questionnement pour un pays où l’extrême longévité politique du régime semble de plus en plus écoeurer les citoyens de bonne foi. Tentative de décryptage.

Sauf dysfonctionnement catastrophique au sein du système politique dominant, la candidature de Paul Biya sera très vite validée par Elecam, et à l’issue du processus électoral du 7 octobre prochain, le nom du candidat qui sera proclamé vainqueur ressemblera fortement à celui de l’actuel président du Cameroun. Hors-mis le fait que des institutions comme Elecam (qui du reste s’apparente pratiquement à une farce depuis sa mise en place, les élus n’ayant jamais démissionné de leurs convictions biyaïstes) et Conseil constitutionnel dont l’actuel président du Cameroun est « créateur » des différents membres, il souffle comme un lourd et épais soupçon d’incrédibilité sur ce qui va se passer au Cameroun le 7 octobre prochain.

A y regarder de près, et même sans qu’on est besoin de se référer à un quelconque sondage que même les services secrets des pays les plus puissants de la planète pourraient s’y atteler, la grande majorité des citoyens du Cameroun savent que cette élection présidentielle qui arrive semble être (évidemment nous souhaitons nous tromper) une simple formalité pour « L’homme du 6 novembre 1982 », et que Paul Biya, pour le simple fait qu’il règne sur le Cameroun et toutes les institutions, est déjà le vainqueur de la plus importante consultation électorale qui existe dans ce pays. On cherche en vain comment expliquer le contraire d’une telle réalité, que la plupart des analystes politiques en sont rendus quelque fois à s’égarer. En réalité, la candidature de Paul Biya, initiée, voulue ou souhaitée par les acteurs ou profiteurs de son régime et imposée aux simples militants, à travers la pluie d’appels qui aura inondé les consciences collectives s’apparente à une blague de mauvais goût même pour les partisans du système qui gouvernent le pays depuis plus de trois décennie.

Dans un pays où l’on affirme que la jeunesse constitue la majorité de la population, peut-on vraiment construire une adhésion populaire à la candidature d’un homme qui donne l’impression d’avoir saturé la mémoire collective du fait de son extrême longévité au pouvoir ? Difficile à dire. Ce que l’on peut par contre indiquer à l’observation du vécu politique camerounais est la jeunesse camerounaise, qu’elle soit politisée ou non, reste aujourd’hui encore, tributaire de l’influence politique des gérontocrates politiques du système dominant, au point de faire la pluie et le beau temps dans le landernau politique camerounais. Et avec la consolidation prochaine, notamment le 7 octobre prochain du pouvoir de Paul Biya, on aura le sentiment que, bien qu’ayant désormais presque 86 ans (ce qui est un âge patriarcal dans un pays comme le Cameroun), Paul Biya aura ainsi réussi à créer l’exploit d’être l’un des tenants du pouvoir d’un pays souverain le plus âgé de la planète. Il faudra alors certainement applaudir un tel exploit des deux mains, face à une jeunesse politique qui au Cameroun n’a fait que se résigner en laissant la place au plus vieux, en attitude de consécration d’une blague de mauvais goût.

Gérontocratie

Il faudra surtout se souvenir de « la blague de mauvais » goût qu’est Paul Biya ayant pris les rênes du pouvoir suprême au Cameroun alors qu’il avait à peine 50 ans. La quête et la consolidation du pouvoir absolu, concentré essentiellement entre ses mains se sera opéré au fil des ans de manière inéluctablement déterminante. Au point où aujourd’hui, Paul Biya a défaut d’avoir des amis proches de sa génération, n’a plus aujourd’hui que moins d’une dizaine de personnes connues comme étant ses compagnons de route dans la galaxie du pouvoir dominant de ces 60 dernières années au Cameroun. Par ceux-ci, on peut citer des noms tels que Niat Njifendji Marcel, Amadou Ali, Martin Mbarga Nguele, Bello Bouba Maïgari, Amadou Mustapha, et dans une certaine mesure, René Emmanuel Sadi. L'information claire et nette. Par la volonté de puissance qui a structuré sa longévité au pouvoir, Paul Biya a fini par imposer un système des plus vieux dirigeants à des postes bien déterminés. Sachant que d’ici à 2020, Paul Biya sera l’un des présidents les plus anciens au pouvoir dans le monde, il est noté que le Cameroun par son action politique détient plusieurs palmes mondiales des dirigeants les plus ancestraux à leurs postes de responsabilités.

Paul Biya âgé de 85 ans âge connu, pulvérise le record du plus vieux président du monde avec 36 ans de règne. Le Cameroun a aussi le plus vieux sénateur du monde avec Chief Muketé âgé de 100 ans. Le plus ancien député du monde est Camerounais, en la personne de Cavaye Yeguié Djibril élu pour la première’ fois en 1958 ; le plus vieux patron de la police nationale du monde est Camerounais Martin Mbarga Nguele âgé de nos jours de 85 ans. Tout comme le doyen des chefs des missions diplomatiques du monde est camerounais : il s’agit de Koué Ntonga, actuel ambassadeur du Cameroun au Sénégal dont l’âge est de 85 ans. Le plus ancien membre du gouvernement de la planète est du Cameroun, et a pour nom Amadou Ali, actuel vice Premier ministre, chargé des Relations avec l’Assemblée. Voilà 38 ans qu’il est ministre.

Et pour clôturer sous une note humoristique, on dira que le Cameroun détient le record du plus vieux marqueur de but de l’histoire de la Coupe du monde, en la personne du très populaire Roger Milla, qui avait officiellement 42 ans en 1990 lors du Mondiale italien. Voilà donc cette culture patriarcale dans l’exercice du pouvoir qui s’impose ainsi au Cameroun à travers le système Biya. Certes cela apparait comme une blague de mauvais goût que de penser qu’au lieu d’envoyer au repos mérité un Paul Biya qui a tant donné à son pays, des acteurs du régime font de lui à nouveau un candidat à l’élection présidentielle du 7 octobre prochain, où il est presque acquis qu’il en sortira vainqueur. Si on dit « blague de mauvais goût », c’est une façon de décrier un homme qui a le mérite d’avoir façonné un système qui domine le Cameroun, et qui est exclusivement à son service.

Mais c’est de savoir que le Cameroun, l’un des rares pays africains qui a une histoire politique à la mémoire à la fois ensanglantée et courageuse, en soit réduit à développer une incapacité à structurer la moindre alternative à son sommet. En cela, les camerounais ont réussi à se faire une place dans l’histoire.

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