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© Correspondance : Cyrille Ekwalla
- 18 Dec 2025 08:38:44
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CAMEROUN :: ANICET EKANE AU PANTHEON, ATANGA NJI DANS LA POUBELLE DE L'HISTOIRE :: CAMEROON
Il y a des moments où un pays se regarde dans le miroir et ne se reconnaît plus. La mort en détention d’ANICET EKANE, figure majeure du monde politique camerounais - et plus particulièrement de l'opposition -, en est un. Ce décès, que ses proches qualifient déjà d’assassinat politique tant les négligences furent flagrantes, a choqué bien au-delà des cercles militants.
Mais il y a pire encore que la mort d’un opposant sous la garde de l’État : il y a la jubilation froide, le cynisme assumé, la profanation de la mémoire d’un homme par celui-là même qui, au nom de l’État, devrait incarner la dignité et la responsabilité. C’est ce qu’a fait le ministre de l’Administration territoriale, PAUL ATANGA NJI.
Alors que le pays est en deuil, il trouve le moyen d’expliquer, avec un mépris glaçant, qu’Anicet Ekane n’est "ni héros, ni martyr". Pire : selon plusieurs sources, il aurait tourné en dérision les alertes sur l’état de santé d’Anicet Ekane, allant jusqu’à dire que si ce dernier mourait, il lui "paierait le cercueil".
Ce n’est plus de la froideur : c’est de la cruauté politique assumée.
L’UN ENTRE DANS L'HISTOIRE, L'AUTRE DANS SON CANIVEAU.
Anicet Ekane a consacré sa vie à contester un pouvoir jugé autoritaire, à écrire, à mobiliser.
Dirigeant du MANIDEM, plusieurs fois emprisonné, qualifié de "terroriste" par un régime qui redoute davantage les idées que les armes, il est mort en détention après des jours d’alerte sur son état de santé, sans que l’État n’intervienne.
Certains, dans les cercles du pouvoir, avanceront qu’un opposant n’a pas à être célébré par l’État. Mais dans une République, le respect dû à la vie humaine ne se discute pas.
Qu’on partage ou non ses positions, le constat est clair : Anicet Ekane entre dans le #panthéon de l’histoire politique camerounaise. Non parce qu’il serait parfait, mais parce qu’il a payé de sa personne, de sa liberté, de sa santé – et de sa vie – pour une certaine idée de la justice et de la souveraineté populaire.
Atanga Nji, lui, incarne le visage le plus brutal d’un système qui affiche sans masque son mépris pour la dignité humaine. Ses mots ne sont pas une maladresse : ils expriment l’ADN d’un régime qui considère ses opposants comme des nuisibles.
L’histoire retiendra un homme qui s’est battu pour la démocratie, et un ministre qui, face à la mort d’un adversaire politique, a choisi l’insulte et le sarcasme. L’un va au panthéon, l’autre finit, moralement et politiquement, dans la #poubelle de l’histoire.
Dans n’importe quel État démocratique, un ministre confronté à la mort d’un détenu politique se présenterait devant le peuple avec gravité : compassion, respect, promesse d’enquête. Au Cameroun, le ministre préfère cracher sur la tombe encore fraîche de celui dont l’État avait la garde.
Ce n’est pas seulement une faute morale. C’est une faute politique – elle ternit encore plus que ce qu'il en est déjà, la crédibilité de l’État. C’est une faute institutionnelle – car un ministre ne peut pas légitimer publiquement l’idée qu’un détenu "ferait bien" de mourir en silence. C’est une faute symbolique – elle piétine ce qui reste de respect entre gouvernants et gouvernés.
Quand un ministre tient de tels propos, il n’insulte pas seulement un opposant. Il insulte la #nation tout entière.
Les mots d’Atanga Nji ne tombent pas du ciel. Ils résument des années de mépris, de répression dans les rues, dans les régions anglophones, dans les tribunaux, dans les prisons.
En refusant de reconnaître le caractère tragique de la mort d’Anicet Ekane, il ne fait que dire tout haut ce qu’un régime pratique depuis longtemps :
- Déshumaniser l’adversaire.
- Normaliser la mort en détention.
- Refuser le statut de héros à ceux qui meurent debout.
Mais le récit est déjà en train de se renverser.
Aux yeux de nombreux Camerounais et d’observateurs internationaux, la mort d’Anicet Ekane devient un symbole des dérives d’un régime à bout de souffle.
LA MÉMOIRE D'ANICET EKANE NE LEUR APPARTIENT PAS.
Les ministres passent, les régimes tombent, les petites phrases s’effacent. Restent les trajectoires, et ce qu’elles laissent dans la conscience collective.
La mémoire du Président du Manidem 2025 appartient à celles et ceux qui ont vu en lui un combattant de la justice. Elle appartient aux familles brisées par la prison politique, à tous ceux que ce régime a humiliés.
En tentant de le rabaisser, le ministre ne fait que s’abaisser lui-même. En voulant lui refuser le statut de héros, il confirme malgré lui que quelque chose, dans cette mort, touche à l’essentiel.
L’Histoire est têtue.
Elle a déjà choisi son camp.
Anicet Ekane y entre par la grande porte.
Paul Atanga Nji, lui, n’aura droit qu’à une note de bas de page - au chapitre des zélés d’un régime à bout de souffle.
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