Paul Eric Kingue : L’Ancien Maire RDPC Brisé par le Régime qu’il Servait
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Le parcours de Paul Eric Kingue est un récit glaçant qui résume les mécanismes d’élimination et de répression à l’œuvre au Cameroun. Élu maire sous la bannière du parti au pouvoir, le RDPC, son destin a basculé en 2008 lorsqu’il a osé s’opposer à l’exploitation des ressources de sa commune par une entreprise française, sans contrepartie pour la population locale. Cette prise de position, pourtant légitime, lui a valu une première condamnation à six ans de prison. La même année, un second procès pour un soi-disant détournement de fonds a alourdi sa peine de dix années supplémentaires.  

Pendant sept ans, cet ancien cadre du régime a été broyé par un système judiciaire instrumentalisé. En 2012, alors qu’il purgeait sa peine, il a été condamné à la prison à perpétuité dans une autre affaire similaire, scellant son sort dans les geôles camerounaises. Son emprisonnement politique illustre la manière dont la justice est utilisée pour neutraliser toute voix dissonante, y compris au sein du parti dominant. Son histoire interroge : comment un militant dévoué du parti de Paul Biya a-t-il pu devenir l’une de ses cibles ?  

Sa libération en 2015, après 37 renvois, n’a pas mis fin à son calvaire. Les conditions carcérales au Cameroun, largement documentées, sont notoirement insalubres. Les prisons centrales souffrent d’une surpopulation chronique, avec un taux d’occupation moyen de 301%, et un accès très limité aux soins de santé . Ces environnements sont des incubateurs pour les épidémies, comme l’a tragiquement montré une flambée de choléra à la prison de New Bell à Douala en 2022 . La dégradation de la santé des détenus après des années dans de telles conditions est inévitable et constitue une forme de peine supplémentaire.  

En 2018, Paul Eric Kingue a tenté de se reconstruire une vie politique en s’alliant à l’opposant Maurice Kamto, devenant son directeur de campagne pour la présidentielle. Ce ralliement au Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) lui a valu une nouvelle incarcération de neuf mois à la prison de Kondengui, un symbole de la répression politique contre les dissidents . Son décès en 2021, officiellement attribué à la COVID-19, ne peut être dissocié de l’impact cumulé de ces années de persécution et de détention.  

L’histoire de Paul Eric Kingue dépasse le cas individuel. Elle met en lumière les conséquences humaines d’un autoritarisme qui ne tolère aucune contestation, même venant de ses rangs. Alors que le pays reste marqué par des crises politiques et des violences post-électorales , son destin rappelle le prix exorbitant payé par ceux qui défendent leurs convictions face à la machine étatique.  

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