Cameroun : La tragédie des opposants, de Ayah Paul à Ekanè, le prix de la dissidence
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Le Cameroun est à nouveau plongé dans l'émoi et la consternation suite à la disparition tragique et récente d'Anicet Ekanè, figure emblématique du Mouvement africain pour la nouvelle indépendance et la démocratie (Manidem). Son décès, survenu le 1er décembre 2025 alors qu'il était en détention au Secrétariat d’État à la Défense (SED), rappelle de manière poignante les épreuves subies par d'autres voix dissonantes sous le régime du Président Paul Biya. Les alertes répétées concernant l'état de santé précaire d'Ekanè et le refus de lui fournir l'équipement en oxygène vital illustrent, pour beaucoup d'observateurs, la dureté des conditions de détention imposées aux opposants politiques, notamment suite à la crise post-électorale qui a suivi la présidentielle contestée.

Cette nouvelle tragédie fait directement écho au sort de l'ancien juge de la Cour Suprême, Justice Ayah Paul Abine. Mentor et père spirituel pour beaucoup, ce haut magistrat est décédé en décembre 2024, après avoir traversé un véritable chemin de croix infligé pour sa position critique sur la gestion de la crise anglophone. Jadis arbitrairement enlevé de son domicile et détenu pendant huit longs mois au SED sans chef d’accusation, Justice Ayah Paul avait ensuite été contraint à une retraite précipitée. Sa pension suspendue, ses comptes bancaires gelés et privé de ses droits de retraite, il a fini par succomber à la maladie dans un dénuement forcé. Ces deux cas, Ayah Paul et Ekanè, dessinent une sombre fresque de la répression politique, où une simple divergence d'opinion ou un engagement en faveur de la vérité des urnes semble se payer au prix fort.

La question de l'état de la démocratie au Cameroun se pose avec une acuité renouvelée. L'acharnement visible contre ceux qui portent une vision alternative, comme le soutien d'Ekanè à Issa Tchiroma Bakary lors des dernières élections, interroge la nature même du système.

Ces figures de l'opposition, en particulier dans le contexte d'une crise anglophone persistante et de contestations électorales régulières, sont souvent réduites au silence par des méthodes brutales, qu'il s'agisse de la détention arbitraire ou de la privation de droits élémentaires. Le régime de Yaoundé est désormais sous le feu des projecteurs internationaux, et la mort en détention de figures aussi respectées que celles-ci nourrit une profonde indignation et un appel vibrant à la justice et au respect des droits humains. Une enquête indépendante sur les circonstances du décès d'Anicet Ekanè est réclamée par la société civile et les partenaires internationaux.

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