-
© Correspondance : Eugene Ebode
- 04 Dec 2025 09:17:31
- |
- 273
- |
FRANCE :: DEMOCRATIE CAMEROUNAISE : L’ECRIVAIN EUGENE EBODE REND SA MEDAILLE AU GOUVERNEMENT CAMEROUNAIS
Initialement conçu comme un poème, ce texte dégage une fermeté morale exceptionnelle. Eugène Ebodé clarifie un geste à la fois symbolique et politique : la restitution de sa médaille de Chevalier de l’Ordre de la Valeur. En renvoyant cette distinction, il dénonce un État qui, selon lui, a trahi ses propres fondements, abandonné la justice, confisqué le bien commun et sombré dans une gouvernance prédatrice.
Pour l’écrivain, rendre cette médaille est un sursaut de conscience, un refus d’être associé à un appareil d’État qui a renoncé à la légalité, à la dignité et au pacte républicain. À travers ce geste, il affirme que la justice, pilier des nations solides, comme l’avaient compris les pères fondateurs américains, doit redevenir l’axe central de la vie politique camerounaise. C’est là, selon lui, la condition première pour que le pays puisse un jour se relever, panser ses blessures et reconstruire un horizon commun.
Par Eugène Ebodé, écrivain
Un État qui ruse avec ses propres principes se condamne à la défaillance, et celui qui emprisonne pour réduire son peuple au silence, en piétinant le Droit, porte déjà en lui les signes de sa disparition, car il se retrouve privé de valeurs. C’est pour cette raison que je renvoie à cet État la médaille de Chevalier dans l’Ordre de la Valeur qui m’avait été attribuée en 2016 : il faut savoir tourner le dos au désastre et restituer une distinction devenue indigne. Depuis la crise dite « anglophone » – qui n’est en réalité que la manifestation éclatante de la défaite de l’État central et de son obsolescence programmée par la cupidité – la question de la justice s’est imposée avec force dans le débat public camerounais. Pourtant, aucune régulation crédible ni aucune réponse acceptable n’a émergé, car l’État s’est réduit à une clique dont la dévoration du bien public a anéanti toute capacité de gouvernance, laissant place uniquement à la rapine. La dernière élection présidentielle a servi de révélateur : elle a montré l’étendue des dégâts causés à l’État de droit et les irresponsabilités qui ont rendu les résultats proclamés proprement ubuesques et donc irrecevables.
Ce détournement systématique de la fonction publique au profit d’intérêts privés a rendu caduque toute démarche liée à la protection des citoyens, à la gestion du bien commun, à la sauvegarde des institutions ou au respect de la souveraineté nationale. Pourtant, ce sont précisément ces mécanismes qui, dans tout État digne de ce nom, fondent l’exercice légitime du pouvoir. Les Pères fondateurs des États-Unis l’avaient parfaitement compris : une République ne tient debout que si la justice en constitue l’axe cardinal. La Déclaration d’indépendance comme la Constitution affirment clairement que l’autorité politique doit rester continuellement responsable de ses actes devant le peuple, tenue de rendre des comptes, et que tout abus de pouvoir représente une rupture du pacte national de confiance. Abraham Lincoln, à la veille de la guerre de Sécession, rappelait avec une force morale exemplaire que l’Union ne pourrait être sauvée qu’en demeurant fidèle au principe de justice qui fait de tous les citoyens des égaux en droit. Pour lui, comme pour les fondateurs, la justice n’était pas un simple ornement institutionnel : elle constituait l’essence même de la nation. Au Cameroun, la justice n’est plus ni la boussole politique ni l’outil permettant à une nation de renouveler chaque jour son adhésion à son gouvernement.
Dès lors, le dérèglement politique accélère inévitablement la dégradation de la paix sociale. Le pire devient alors possible : le règne de la tribu lorsque la nation s’efface et que l’État s’effondre. Une telle configuration conduit fatalement au choc des appartenances primaires. Nous en voyons déjà les premiers signes, dramatiques et lourds de menaces. La disparition de l’État, de son autorité légitime et de sa fonction arbitrale, laissera surgir des milices se réclamant de la tribu ou d’un régionalisme de façade. Ce chaos annoncé avance un peu plus chaque jour. C’est contre cette dérive systémique que je m’élève. Je restitue donc à un État défaillant et moribond une distinction honorifique qui a perdu tout sens, car elle ne correspond plus aux exigences de cohésion, d’intégrité institutionnelle, de juste valorisation et d’idéal de justice qui devraient être les piliers de tout État honorable. Je forme pour le Cameroun le vœu d’un redressement profond. Le pays est durement éprouvé. Peut-il encore être « pansé », pensé et reconstruit ? Oui, à condition de restaurer la Justice dans sa centralité, c’est-à-dire de rétablir pleinement le Droit partout où il a été altéré.
Pour plus d'informations sur l'actualité, abonnez vous sur : notre chaîne WhatsApp
Lire aussi dans la rubrique POINT DE VUE
Les + récents
Un homme en uniforme interpellé dans une chambre d'enfants
DEMOCRATIE CAMEROUNAISE : L’ECRIVAIN EUGENE EBODE REND SA MEDAILLE AU GOUVERNEMENT CAMEROUNAIS
RENCONTRE SECRETE DES LIONS ECARTES : LA PARTIE NE FAIT QUE COMMENCER
Décès d’Anicet Ekane : La réponse du Dr Vincent Sosthène Fouda au ministre Jean de Dieu Momo
Bangoulap Tour: Au commencement , une randonnée sportive et touristique
POINT DE VUE :: les + lus
Françafrique : Manuel Valls reconnaît qu’Ali Bongo n’a pas été élu
- 17 January 2016
- /
- 25731
LA FRANCE PLEURE DES CENTAINES… L’EST DE LA RDC PLEURE DES MILLIONS !
- 16 November 2015
- /
- 20789
LE DéBAT
Afrique : Quel droit à l'image pour les défunts au Cameroun ?
- 17 December 2017
- /
- 216849
Vidéo de la semaine
évènement
