Audit fonds Covid-19 : A qui mieux mieux
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La Chambre des comptes de la Cour suprême, le Consupe et le Minfi se chevauchent pour exécuter la même mission.

L’extrême polarisation du débat autour de la gestion des budgets affectés à la riposte contre le COVID-19 au Cameroun depuis un certain temps tend à détourner l’attention sur l’essentiel, à savoir l’exécution du budget 2021 de l’Etat du Cameroun, équilibré en recettes et en dépenses à la somme de 4865,2 milliards Fcfa.

Or, de la bonne exécution de celui-ci, dépend en partie la relance de l’économie nationale, en proie à une atonie persistante du fait non seulement de la pandémie en cours, mais davantage en raison de la crise sécuritaire que traverse le pays depuis 2014 avec Boko Haram et qui s’est aggravée à partir de 2017 avec la survenue du conflit armé dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest

Si l’on en croit une correspondance adressée le 06 avril dernier au ministre d’Etat, ministre de la Justice par le secrétaire général de la présidence de la République, la Chambre des comptes de la Cour suprême (Cccs) a d’ores-déjà transmis son rapport d’audit des fonds affectés à la lutte contre le coronavirus. Les auditeurs auraient découvert des malversations financières dans la gestion desdits fonds. En conséquence, le président de la République aurait instruit l’ouverture d’une enquête judiciaire contre les auteurs, les coauteurs et les complices desdites malversations. 

S’il est avéré que le rapport d’audit de la Cccs a été directement transmis à la présidence de la République, il s’agirait là d’une violation flagrante du décret du Premier ministre du 22 juillet 2020, qui dispose que les résultats de l’audit réalisé par cette instance doivent être présentés au Parlement exclusivement, en plus du fait que le ministère des Finances, après consolidation des rapports des départements concernés par la gestion du COVID-19, produit et publie un rapport général sur les dépenses liées à lutte contre la pandémie, 30 jours suivant la fin de chaque semestre. En fait d’audit, la présidence de la République avait déjà dépêché en fin d’année dernière, une mission du Contrôle supérieur de l’Etat (Consupe) pour évaluer la conformité et la performance de l’utilisation des fonds engagés dans la lutte contre la pandémie. 

Elle venait ainsi « réparer une injustice » décriée en son temps par le Consupe, lorsque le Premier ministre a confié l’audit de ce fonds spécial, pour une bagatelle de 1,2 milliard Fcfa, à la Chambre des comptes mentionnée supra. Et pas plus tard que le 29 mars, Ferdinand Ngoh Ngoh a saisi la ministre déléguée en charge du Consupe pour lui demander d’accélérer cette opération. Il soulignait au passage que le rapport attendu serait déterminant pour la conclusion avec le Fmi d’un nouveau programme économique et financier. L’autre audit attendu et non des moindres, c’est celui du ministre des Finances. 

Début mars dernier, Louis Paul Motaze a lancé une procédure de sélection de cabinets indépendants pour voir clair sur les procédures d’attributions des contrats liés à la lutte contre le COVID-19, la pertinence et la transparence des informations publiées sur les attributaires et sur les bénéficiaires effectifs des attributions, entre mars et décembre 2020. Toutes ces opérations qui font de la lutte contre le coronavirus l’as de coeur du combat contre les malversations financières au Cameroun seraient salutaires si elles étaient mues par la seule volonté de garantir une saine transparence dans la gestion de ces fonds. Seulement, elles cachent mal le vaste réseau de corruption et de trafic d'influence qui s’est tissé autour de la gestion de cette pandémie. 

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