ANGELINE SOLANGE KELMAN : ADIEU A UNE GRANDE DAME DES LETTRES
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Le 15 mai 2025, une journée  lourde  s’est abattue  sur les cœurs de ceux qui la connaissaient, l’aimaient ou simplement l’admiraient de loin. Madame Bonono Angeline Solange, épouse Kelman, a déposé sa plume et quitté la scène de la vie, terrassée par un cancer qu’elle affronta avec une dignité admirable, stoïque jusqu’au bout. Son corps repose désormais au cimetière de Mvolyé, à Yaoundé, aux côtés des grandes figures du Cameroun telles que Monseigneur Jean Zoa. Mais son esprit, lui, continue de briller dans les mémoires et dans les mots. Après sa disparition, le destin, dans sa cruauté, ne s’est pas arrêté là. À quelques jours d’intervalle, c’est sa mère qui s’est éteinte à son tour,  peut-être anéantie par la douleur, comme si son âme refusait de survivre à celle de sa fille. Il y a des chagrins que même le temps ne console pas.

 

Née le 2 mars 1965, Angeline Solange n’était pas une femme ordinaire. Poétesse, romancière, dramaturge, elle fut aussi docteure en littérature française et enseignante, notamment au Lycée Général Leclerc et au Lycée d’Obala, où ses anciens élèves évoquent avec émotion sa rigueur et son immense générosité intellectuelle. À ses collègues, elle laisse le souvenir d’une présence discrète, élégante, habitée d’une force tranquille et d’un sourire qui ne trahissait jamais la douleur, même dans les moments les plus sombres. Ancienne Vice-Présidente de La Ronde des Poètes du Cameroun au début des années 2000, elle a marqué de son empreinte le monde littéraire camerounais. Femme de foi, elle animait des groupes de prière dans le quartier Melen, notamment dans le secteur de l’EMIA, où sa ferveur spirituelle se mêlait à un humanisme rayonnant.

Mariée depuis vingt ans à l’écrivain Gaston Kelman, elle fut sa muse, sa complice, son égale en verbe et en sagesse. C’est lui qui, en hommage à sa défunte épouse, a publié son testament littéraire « Les Figues de Barbarie », une œuvre poignante, ultime offrande d’une femme qui avait fait de la littérature un sanctuaire, un refuge, un acte de foi. C’est une  femme dont j’appréciais la rhétorique, elle sublimait la langue, transcendait les mots, leur insufflait une âme. Elle portait le Cameroun au plus profond d’elle-même, dans ses vers comme dans ses combats. Femme de diaspora mais profondément enracinée, elle était une fierté nationale, capable de bouleverser les regards, de réconcilier les peuples et de bâtir des ponts entre les mondes. Angeline Solange avait  cette bonté lucide, cette force douce des âmes aguerries. Ceux qui l’ont connue évoquent une femme porteuse d’ondes positives, toujours prête à tendre la main, à épauler les novices, à élever les esprits. En ce 21 juin 2025, alors que son corps rejoignait la terre sacrée de Mvolyé, c’est tout un pan de la mémoire camerounaise qui entrait dans l’éternité. C’est une bibliothèque d’émotions, de réflexions et de combats qui se refermait doucement, laissant derrière elle l’écho d’une voix inoubliable. À toi, Angeline, que le Seigneur accorde la grâce infinie de participer au festin de l’Agneau. Que les cieux t’accueillent avec cette tendresse que tu as toujours su offrir aux autres. Tu n’es pas morte, non. Tu es devenue souffle, silence, semence. Et dans chaque page écrite, dans chaque cœur bouleversé, tu vis encore.

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