Narcisse Mouelle Kombi : « La CAF a précisé ses exigences et ses priorités »
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Monsieur le ministre, le Cameroun se prépare à accueillir la 6e édition du Championnat d’Afrique des Nations de football (CHAN) 2020. Quel est l’état des préparatifs de cette compétition?
Permettez-moi, avant de répondre à votre question, d’exprimer mes remerciements et ma gratitude à Madame le Directeur Général de Cameroon Tribune pour l’accompagnement de notre département ministériel qui permet d’assurer la visibilité de ses actions sur le terrain. En ce qui concerne l’état des préparatifs du CHAN que notre pays accueille en 2020, son attribution au Cameroun a eu lieu le 14 avril 2019 à l’occasion du Comité Exécutif de la Confédération Africaine de Football au Caire pour remplacer l’Ethiopie. Cette attribution intervient six mois après la dévolution à notre pays de l’organisation de la Coupe d’Afrique des Nations de 2021, compétition préalablement programmée pour 2019 au Cameroun. Nonobstant ce glissement de date, le président de la République, Son Excellence Paul Biya, dans son message à la Nation du 31 décembre 2018, a instruit l’accélération des travaux de construction et de réhabilitation des infrastructures dédiées à cette compétition afin de permettre à notre pays non seulement de doter sa jeunesse d’infrastructures sportives modernes et futuristes, mais également leur livraison à bonne date.

L’organisation des activités du CHAN 2020 s’inscrit donc dans cette dynamique. Plusieurs actions ont été menées dans le cadre de ces préparatifs et concernent les trois grands leviers indispensables à la tenue d’un événement sportif à savoir les infrastructures, la préparation sportive et les structures organiques. En ce qui concerne les infrastructures, les entreprises nationales et internationales adjudicataires des travaux de leur construction ou de leur réhabilitation, les ministères et structures partenaires, sous la très haute impulsion du Président de la République, Son Excellence Paul Biya et la coordination du Premier ministre, chef du gouvernement, chief Doctor Joseph Dion Ngute, sont totalement mobilisés en vue de remplir de manière optimale toutes les exigences contenues dans le cahier de charges de la Confédération Africaine de Football. Concernant la préparation sportive, je voudrais rappeler que sur très hautes instructions de Monsieur le président de la République, le ministre des Sports et de l’Education Physique a reçu pour mandat de prendre toutes les mesures nécessaires en vue de doter les sélections « A » et « A’ » de staffs d’encadrement technique. Pour la sélection A, M. Antonio Conceiçao da Silva Oliveira et ses adjoints ont été désignés. Pour la sélection « A’ » Monsieur Yves Clément Arroga a Atsento et ses adjoints ont également été désignés et ont pris leurs fonctions le 10 octobre 2019. Cette équipe est déjà sur le terrain en vue d’explorer sur l’ensemble du territoire national, des joueurs locaux à même de permettre au Cameroun, de remporter sur son sol, le trophée en 2020. Quant à aux structures organiques, le Président de la République a signé le 4 juin 2019, le décret n° 2019/295 portant création, organisation et fonctionnement du Comité d’Organisation Local du CHAN 2020 et de la CAN 2021 dénommé COCAN 2021. En application de cet important texte, nous avons mis en place les structures chargées de l’organisation de cette compétition aussi bien au niveau central qu’au niveau des sites. Ainsi, la Direction du Tournoi, les commissions techniques centrales, les comités de sites entre autres ont été organisés et pour la plupart, constitués. Après l’installation des structures centrales le 4 novembre 2019, nous allons achever ce processus dans les prochains jours avec l’installation des comités de sites. Avec la mise en place de l’ensemble du dispositif, l’organisation événementielle du CHAN est inexorablement mise sur les rails.

Nous avons noté des hésitations quant à la détermination aussi bien des sites que de la date de la compétition. Qu’est ce qui justifie cet état de choses?
Depuis 2017, la CAF a procédé à un recadrage progressif des standards et calendriers de l’ensemble de ses compétitions, que ce soit celles des clubs ou des sélections nationales. En ce qui concerne le CHAN précisément, il était question pour l’instance faitière du football africain, de déterminer une date après concertation avec ses différents partenaires qui prenne en compte les autres compétitions qu’elle organise. C’est ainsi que nous avons engagé des échanges avec la CAF sur les questions liées à la date et aux villes-sites, échanges qui se sont consolidés lors de la mission d’inspection que la CAF a effectué au Cameroun du 24 au 30 septembre 2019. En ce qui concerne la date, la période du 4 au 25 avril 2020 a été récemment proposée par la CAF au lieu de la période juin-juillet 2020 initialement envisagée, au regard d’un aménagement général du calendrier des compétitions internationales de la FIFA et de la CAF, ceci, afin d’éviter des chevauchements avec les autres compétitions d’envergure. Ainsi, Elle a indiqué les sites de compétitions préférentiels pour l’organisation du CHAN.

Par conséquent, à partir des six sites proposés par le Cameroun pour abriter la CAN 2021, sur une base arithmétique et en considération de divers paramètres d’efficacité et d’efficience, les villes-sites ci-après ont été proposées: Yaoundé-Mfandéna, Douala-Japoma, Douala-Bépanda et Buéa-Limbe. Le Cameroun a pris acte de cette proposition qui est en cohérence avec le format de la compétition CHAN, soit 16 équipes sur 4 sites. Je voudrais préciser que contrairement à certaines supputations, ce choix ne constitue ni une discrimination subjective, ni une mise à l’écart des autres sites, ni une sanction, ni une disqualification. Il est imposé par le cahier de charges de la CAF concernant le CHAN. Tous les sites prévus pour la CAN recevront bel et bien cette compétition en 2021.

Toutefois, au regard d’une certaine agitation médiatique, on ne peut pas faire l’économie d’une demande d’éclairage sur certains sites qui n’ont pas été retenus comme Garoua et Bafoussam...
Je voudrais d’abord confirmer que tous les sites prévus pour la CAN 2021 restent effectivement en lice pour cet important rendez-vous du football africain. Il faut également préciser que si la Can 2021 se déroulera sur 6 sites accueillant chacun 4 des 24 équipes du tournoi, le CHAN quant à lui concerne 16 équipes, réparties en 4 poules. Nous constatons avec vous que la Caf a choisi l’option d’une certaine concentration des activités du CHAN sur Yaoundé, Douala et Buea/Limbe. Elle a priorisé les sites en considérant un certain nombre de facteurs, au nombre desquels le niveau d’avancement des travaux et la disponibilité projetée des infrastructures au moment de la compétition, notamment les stades et hôtels. De toutes les façons, des choix rationnels et réalistes devaient être opérés, en rapport avec les règles d’organisation du CHAN. Mais je le répète, le format du CHAN n’est pas celui de la CAN. Du reste, il convient de préciser que le Cameroun a placé la barre très haut en matière d’infrastructures sportives : sur le site de Garoua, où le stade de compétition de Roumde Adjia est complètement rénové par l’entreprise portugaise Mota Engil, nous disposerons en plus de cinq stades qui serviront de terrains d’entraînement pendant la CAN 2021, dont l’annexe de Roumde Adjia également presqu’achevé par Mota Engil, les stades de Poumpoumre, Reyre, Cenajes et Coton Sport. Sur le site de Bafoussam, outre le stade de Kouekong déjà opérationnel et son stade annexe, les équipes qui y évolueront pendant la CAN 2021 bénéficieront des infrastructures d’entraînement conformes aux exigences de la CAF à Bandjoun, Bafoussam-Bamendzi et Mbouda. En plus, l’entreprise CMEC, en charge de ces travaux, remet également à neuf le stade Omnisports de Bafoussaù-Tocket, ce qui permettra au site de Bafoussam de satisfaire largement les attentes et exigences de la CAF, pour une belle fête en 2021.

La préparation du CHAN se déroule au moment où on note des dissensions, voire une rupture entre la FECAFOOT et la Ligue de football professionnel du Cameroun. Quand on sait que l’équipe nationale de football A’ qui doit prendre part à cette compétition réunit les joueurs issus des championnats locaux, quel est le sentiment de la tutelle par rapport à ce que certains qualifient d’imbroglio ?
Le sport ne doit jamais cesser d’être ce qui justifie son essence même, à savoir une activité de promotion du fair-play, de la solidarité et de l’amitié. Raison pour laquelle le ministère des Sports et de l’Education physique, dans sa posture de tutelle, a de manière constante appelé toutes les parties à la tempérance et au dialogue. Je regrette profondément la situation actuelle. Nous continuerons d’œuvrer afin d’accompagner un retour définitif à la sérénité. Il est important que le championnat se déroule dans de bonnes conditions et à un bon niveau en terme de qualité de l’organisation et de respect des normes et des standards.

On ne pourrait dissocier l’organisation du CHAN 2020 de la CAN 2021. A propos notamment de la CAN, des inquiétudes demeurent concernant certaines infrastructures à l’instar de la finalisation du stade d’Olembe. Lors de votre dernière visite sur ce site, vous avez d’ailleurs relevé que les travaux n’avançaient pas au rythme souhaité. Qu’est ce qui bloque l’avancement des travaux sur ce chantier ?
Le projet du complexe sportif d’Olembe qui était bien engagé a en effet connu un arrêt des travaux de la part de l’entreprise Piccini pendant une très longue période. Dès notre arrivée à la tête du ministère des Sports et de l’Education physique, nous avons pris la mesure de cette situation pour laquelle de nombreuses tentatives de solution ont été effectuées, y compris le cautionnement de l’Etat auprès d’une banque en faveur de l’entreprise en charge des travaux, en vue de l’achèvement de ceux-ci. Plusieurs descentes sur le terrain après nos mises en demeure ont permis de constater une reprise très timide et une faible mobilisation sur le terrain, en tout cas, pas de nature à conforter la promesse de livraison dans les délais, après presque un an de ralentissement, puis d’arrêt définitif des travaux, ce qui a mis l’entreprise hors délais contractuels. Le portail des camerounais de Belgique.

L’objectif de l’Etat dans ce dossier est de disposer du Complexe d’Olembé opérationnel et prêt pour la Can 2021. A titre de comparaison, le projet de Complexe sportif de Japoma, construit par l’entreprise turque Yenigün et d’une envergure presque comparable a pu être mené à bon terme. Ce joyau architectural qui fait notre fierté accueillera le CHAN 2020 et la CAN 2021. Le Gouvernement suit de près, de manière attentive, les évolutions sur le site d’Olembe. La situation est sous évaluation et le Gouvernement trouvera la solution la plus efficace, la plus réaliste et la plus équitable, au regard du besoin impérieux d’être rassuré sur l’engagement sans faille de toutes les parties prenantes au projet du complexe sportif d’Olembe.

L’équipe camerounaise des U-17 vient de prendre part à la Coupe du Monde au Brésil, avec une prestation catastrophique : trois matches trois défaites. Comment analysez-vous cette situation ?
Je parlerai de prestation en deçà de nos attentes, pas de catastrophe. La prestation du Cameroun, en tant que champion d’Afrique en titre de la catégorie a certes été peu glorieuse. Mais il s’agit du niveau mondial où chaque erreur, chaque occasion manquée peut vous conduire à l’élimination. Ces très jeunes joueurs sont pleins de talents, comme nous avons pu le voir lors de la CAN de leur catégorie qu’ils ont brillamment remportée en Tanzanie. Les joueurs et leur encadrement doivent conserver le soutien de toute la Nation, car des défis nouveaux les interpelleront bientôt. Mais au-delà des résultats, le plus important, me semble-t-il, est de tirer les leçons de cette participation. Vous savez que le Cameroun sur le plan interne n’organise pas suffisamment de compétitions pour toutes les catégories. La mise en place récente d’une Ligue de football jeune pourrait être un début de solution susceptible de permettre à notre pays de rivaliser à égale valeur avec les autres nations, pourvu que ses activités soient effectives. En tout état de cause, nous allons nous concerter avec la Fecafoot afin d’envisager des solutions pérennes à même de permettre au football jeune d’être plus constante en compétitivité.

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