Quand viendra l’Epervier ?
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Dix-huit ans, vingt ans, perpétuité…Non, il ne s’agit pas de la célébration des noces de porcelaine mais bel et bien des sentences prononcées par le Tribunal Criminel Spécial (TCS) le 19 mars dernier à l’encontre des criminels à col blanc du Cameroun, fauchés à la cime de leur gloire par l’impitoyable rapace Epervier, prosopopée du combat acharné que livre notre République contre les présumés fossoyeurs des biens publics. Des peines d’emprisonnement qui donnent le tournis - chacun en conviendra – mais dont la portée reste encore à évaluer.

En effet, on rappelle qu’en théorie du droit pénal, la peine a une fonction à la fois corrective et dissuasive, celle-ci punit et sanctionne les infracteurs autant qu’elle tue dans l’oeuf les velléités criminogènes des infracteurs en puissance. Or, au regard du phénomène de prévarication qui semble s’être installé au sein de l’Administration telle le lierre sur un bâtiment sinistré, et ce en dépit de cette fameuse Opération Epervier, l’on est en droit de s’interroger sur sa réelle efficacité, du moins en tant qu’outil de purge des mauvaises pratiques de gestion au sein de l’Administration camerounaise.

Si nous utilisons l’évocation de ces feuilletons judiciaires récents comme propos liminaire à notre chronique sportive, c’est tout simplement pour mettre en exergue le vaste scandale financier autour de l’organisation de la Can 2019, qui aura été à l’origine de la mise à l’écart du Cameroun au profit de l’Egypte – mise à l’écart que l’on peut qualifier, sans verser dans l’hyperbole, de véritable opprobre pour les champions d’Afrique. Ce scandale financier de grande envergure aura révélé les mécanismes plus ou moins subtils et les multiples grenouillages supposément mis sur pied par les grands faiseurs du régime et leurs affidés, dans l’exécution des chantiers de la Can. Dans une toute autre démocratie, une commission d’enquête aurait été diligentée en synergie par les représentants de la triade composé des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire, ceci afin, primo, de mettre la lumière sur ces graves accusations et deuzio, d’établir les responsabilités des différents acteurs. L'info claire et nette. On se souvient par exemple des marches de revendication au Brésil en 2013 qui avaient cristallisé l’opinion publique autour des irrégularités et autres accusations de corruption soulevées dans l’organisation de la Coupe du Monde au Brésil, ainsi que de la réponse de l’institution parlementaire face à l’exécutif.

Il faut croire hélas qu’au pays des Lions Indomptables, l’Epervier, emblème présumé du glaive et de la balance, a d’autres proies à décimer, au grand mépris du droit légitime des Camerounais à connaître la vérité. Nous tenons d’ailleurs à rappeler que les chantiers de la Can 2021 qui auraient dû être achevé initialement en temps et en heure pour l’édition 2019, patinent une fois de plus, ceci malgré l’engagement - manqué une fois de plus - pris par le gouvernement de livrer lesdits chantiers au plus tard le 31 mars de l’an 2019. L’histoire semble donc inlassablement se répéter…

Devant l’apathie générale de l’exécutif et du judiciaire face aux scandales financiers et autres irrégularités qui émaillent l’organisation de la Can, nous serions tentés de conclure comme le veut la sagesse populaire que qui ne dit mot, consent. Mais l’on sait aussi combien l’Epervier, bien qu’étant souvent lent à déployer ses serres, est enclin à frapper par surprise ceux qui se croient à l’abri de ses assauts.

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