C'est l'idée de Thierry BATOUM camerounais résidant en Belgique, lauréat en 1999 des Olympiades universitaires NTIC de la Francophonie à Moncton au Canada. Confiant dans l'avenir de son pays natal, nous sommes allés à sa rencontre. Il nous parle de ses réalisations, ses ambitions et surtout les motivations qui l'ont poussé à lancer le premier site internet camerounais d'avis nécrologiques

Quel est votre domaine d’intervention ou de compétence ?

Après une licence en Histoire de l’université de Yaoundé I, j’ai poursuivi mon cursus universitaire à l’Ecole normale supérieure de Yaoundé et au Canada où j’ai obtenu une maîtrise en Science politique, . J’ai toujours porté un intérêt pour la communication dans tous ses compartiments. Aujourd’hui je suis un entrepreneur dans NTCI (Nouvelles technologies de l’information et de la communication). Je me suis très tôt intéressé aux NTCI parce que le potentiel du numérique est sans limite, surtout pour nos pays africains où presque tout reste à faire. Les NTCI bien utilisées et adaptées à notre contexte peuvent faciliter et accélérer les progrès dans tous les domaines essentiels de nos vies.

Pourquoi avoir eu l’idée de créer un site d’avis nécrologiques ? L’idée de mettre sur pied www.africanmemoria.com qui est une plate-forme numérique d’avis nécrologiques était évidente pour nous. Le deuil étant malheureusement une étape importante et incontournable dans nos vies, communiquer lors de ces évènements va de soi. La communication lors des évènements funèbres a toujours existé dans notre société.

Jusqu’ici cette communication se faisait de manière traditionnelle, par le bouche à oreille, la téléphonie et les médias classiques (radio, tv, presse écrite…). Ces moyens de communication, toujours largement utilisés ont des limites et ne sont plus « la solution » dans une société en pleine mutation comme la nôtre, société essentiellement caractérisée par le mouvement et la mobilité des personnes. Quand vous annoncez par exemple le décès d’un proche à la radio ou à la télévision comme cela se fait communément, vous avez pour objectif d’atteindre le plus grand nombre de connaissances du défunt et de sa famille. Pour que cet objectif soit atteint par le canal de la radio ou de la télé, il faut que les cibles soient branchées sur la bonne fréquence radio ou le bon canal de télévision au moment du passage de votre annonce. Vous comprenez que, compte tenu des contraintes pratiques, il est très difficile d’atteindre votre objectif par ces médias. En faisant basculer les avis nécrologiques vers le numérique comme cela se fait déjà dans certains pays, l’objectif premier de communication qui est d’atteindre le plus grand nombre de personne est plus facilement atteignable. En outre, avec www.africanmemoria.com , les familles et les connaissances peuvent interagirent directement sur la plate-forme en faisant des témoignages ou en présentant leurs condoléances en ligne à la famille endeuillée.

Concrètement, comment annonce-t-on un décès sur www.africanmemoria.com ?

La démarche pour mettre un avis nécrologique ligne sur la plate-forme est très simple. Le site internet www.africanmemoria.com est facile d’utilisation, la publication d’un avis se fait en deux clics. Il suffit d’aller sur l’onglet "annoncer un décès", de cliquer et vous aurez accès à un formulaire qu’il suffit de remplir avec la possibilité d’y ajouter une ou plusieurs photos en pièces jointes et d’envoyer en un clic. Ce formulaire est instantanément reçu par notre équipe qui l’approuve et publie l’annonce. Vous comprenez bien que traitant des données assez délicates, toutes les annonces sont vérifiées et mises en formes s’il le faut avant d’être publiées. Nous sommes disponibles par téléphone 24/24 et nous avons des collaborateurs sur le terrain dans les villes de Douala et Yaoundé qui vont vers les familles endeuillées pour les aider à mettre leurs annonces en ligne.

Ce service est-il payant ?

Nous sommes actuellement en période promotionnelle et le service est à gratuit jusqu’au 15 août. Mais il s’agit d’un service payant, le tarif unique est de 5000 CFA par annonce. Nous disposons de plusieurs modes de paiement. Le paiement des publications se fait via les services Orange Money, MTN Mobile Money ou directement sur le compte de www.africanmemoria.com dans les agences bancaires et des coopératives sur tout le territoire national. Bientôt il sera aussi possible d’effectuer le paiement directement sur le site www.africanmemoria.com avec une carte de crédit.

Quel accueil a-t-on réservé à votre initiative au Cameroun et dans la diaspora ? Quand nous avons présenté www.africanmemoria.com, l’accueil a été très enthousiaste. Pour la diaspora cette plate-forme est un outil qui manquait cruellement et qui leur apporte une solution concrète en les rapprochant émotionnellement à leurs proches en cas de deuil. Au Cameroun toutes les personnes qui ont connaissance de cette initiative la voient comme la solution idéale pour vivre une période de deuil en communion avec des proches éloignés pour des raisons diverses. Il faut dire qu’aujourd’hui il y a très peu de camerounais qui n’ont pas des membres de leur famille hors des frontière nationales.

Le faible taux de pénétration d’internet au Cameroun ne constitue t-il pas un frein pour le développement de votre site ?

Le contexte du numérique en Afrique Subsaharienne en général et au Cameroun en particulier prête plutôt à l’optimisme. S’il est vrai que le taux de pénétration d’internet reste assez bas dans nos pays, on observe tout de même qu’avec un taux de croissance du numérique de près 10 pour cent par an au Cameroun. Les outils numériques sont de plus de plus répandus même si les transactions sur internet restent marginales. Dans un rapport publié cette année, la Banque Mondiale situait par exemple le taux de pénétration du mobile au Cameroun entre 40 et 80 pour cent. Quand on sait que ces appareils sont maintenant presque tous connectables, on se rend vite compte à l’évidence du potentiel énorme que constitue le numérique dans nos pays, d’ailleurs de grands groupes comme Orange l’ont bien compris en investissant des millions d’Euros dans tous les secteurs du numérique en Afrique. Je suis persuadé que les technologies numériques peuvent profondément et de manière durable transformer nos sociétés.

Beaucoup de jeunes de la diaspora veulent aujourd’hui rentrer afin de se mettre au service de la nation, pourquoi cette motivation ?

Le retour au pays de plusieurs personnes et pas seulement des jeunes, se comprend par l’évolution du contexte économique du Cameroun. Notre pays est en pleine croissance, même si les fruits de cette croissance ne profitent pas encore à tout le monde. Nous avons un taux de croissance positif depuis plusieurs années maintenant, ce qui n’est pas toujours le cas dans les pays occidentaux. Cette situation économique de plus en plus stable réduit les risques pour les investisseurs et relève l’attractivité de la destination Cameroun. D’ailleurs il n’y a pas que les camerounais issus de la diaspora qui saisissent les opportunités qui s’offrent à eux dans notre pays. Des investisseurs étrangers ont aussi pris conscience de l’énorme potentiel que représente ce pays en investissant dans pratiquement tous les secteurs de l’économie.

Avec une population de plus de 20 millions d’habitants, population de plus en plus urbanisée et une classe moyenne en pleine croissance, le marché camerounais est loin d’être négligeable. Vu de l’extérieur, les opportunités d’affaire au Cameroun sont énormes, pratiquement tout reste encore à faire, la diaspora en a conscience et ne fait que suivre un mouvement naturel.

C’est dans ce contexte favorable que les camerounais de la diaspora comptent apporter leur contribution à l’essor de l’économie et au bien être des camerounais. www.africanmemoria.com s’inscrit clairement dans cette optique.

Avez-vous d’autres projets à réaliser dans votre pays le Cameroun ?

Le Cameroun offre beaucoup de possibilités sur le plan économique. Nous avons effectivement d’autres projets, mais notre priorité aujourd’hui est de développer www.africanmemoria.com dont la dimension humaine nous tient particulièrement à coeur. Nous sommes convaincus que cette initiative participera à recréer les liens sociaux de plus en plus distendus par les mutations que connait notre société. Nous comptons également à moyen terme implémenter le modèle www.africanmemoria.com dans d’autres pays africains.