Rdpc : Vers la fin des « braconniers politiques » à l’Est
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Le renouvellement des bureaux des organes de base sonnera le glas des intérimaires dans des sections du parti.

Deborah Ngobossom qui trône à la tête  de la section Rdpc de Lom et Djerem Sud depuis quatre ans n’a jamais été élue démocratiquement par les militants du parti au pouvoir. Jusqu’en 2010, cette enseignante de formation était une simple militante du « parti au flambeau » dans cette section de l’Est. « Elle n’était même pas membre d’une sous-section », soutient un membre  du bureau local de l’Organisation des femmes du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Ofrdpc).

De fait, après la mort d’Antoine Ibrahim en 2010, alors président de section, de nouvelles élections organisées avaient consacré la victoire à Remy Longuia Toutoura contre Jean Pierre Wapié, vice-président, qui avait démissionné pour concourir au poste de président. Pour combler le vide laissé par le départ de Jean Pierre Wapié, Longuia Toutoura décide de nommer Deborah Ngobossom comme son vice-président, en marge des textes du Rdpc qui ne prévoient pas une telle démarche. C’était à la veille de la célébration des cinquantenaires de l’indépendance du Cameroun lors du 20 mai 2010. Malheureusement, cette nomination faite sur la base de la subjectivité  a fait long feu car au mois d’août 2011, Remy Longuia Toutoura décède des suites de maladie. C’est ainsi que Deborah Ngobossom devient, de facto, présidente par intérim de la plus influente des sections Rdpc à l’Est étant localisée  à Bertoua, capitale régionale.

Avec l’annonce des opérations de renouvellement des bureaux des organes de base du Rdpc, les militants de cette section pensent que l’heure est venue pour que les vrais militants reprennent les commandes des organes du parti surtout que la lettre circulaire d’orientation de leur président national vise vraisemblablement à chasser « les profiteurs » qui ont embrigadé le parti au détriment « des vrais militants » à travers le pays.  

En effet, soutient Jean Aboem, ancien vice-président de la section Lom et Djerem Sud entre 2002 à 2007, « depuis 2007 le parti a été confié aux non militants. Personnes d’entre eux en commençant par le feu Antoine Ibrahim et en passant par Longuia Toutoura n’était militant d’une cellule connue, mais ils ont été parachutés à la tête du parti », regrette-t-il, en observant que « le parti est resté mort depuis 2007 sans animation politiques». De son côté, Joël Eyango, président de la sous section n0 13 basée au quartier Bamvelé, pense que la circulaire du président national est  la bienvenue parce qu’elle mettra fin aux investitures qui amenaient les « parvenus » dans le Rdpc. Joël Eyango regrette que les investitures aux différentes élections (sénatoriales, législatives et municipales) ont laissé beaucoup des plaies au sein du parti.

Sur la situation dans le Lom et Djerem Sud, Joël Eyango, par ailleurs rédacteur en chef d’un mensuel paraissant à Bertoua, pense que «cette situation rentre dans les incongruités des membres du comité central régulièrement désignés pour gérer les affaires du parti car le Rdpc fonctionne avec le système de liste. Dès lors il était hors de question que les nouvelles élections soient organisées après la mort d’Antoine Ibrahim en 2009 alors qu’il y avait un vice-président. Je rappelle que le Lom et Djerem Sud est la seule section au Cameroun où les élections ont été organisées après la mort du président ». Ce militant « averti » du parti de Paul Biya à l’Est estime par ailleurs que« Deborah Ngobossom n’y est pour rien, elle a tout simplement hérité du désordre du Rdpc.» Position entièrement épousée par son camarade, Georges Beng, président de la sous section n0 17 située au quartier Nyanganza, à Bertoua.

La vacance à la tête du parti permettant au vice-président d’assurer l’intérim dans le  Lom et Djrem Sud est similaire à la situation qui règne dans la Kadey centre depuis la mort de Philémon Adjibolo, en 2011. Ici, c’est son vice président Emmanuel Loumboua, par ailleurs maire de la commune de Nguelebog qui officie comme président de section. Idem pour la section de la Boumba et Ngoko Ouest suite à la mort de son président, David Gbakobo. Dans la Boumba et Ngoko centre avec la mort de son président de section, Dieudonné Mpito en 2014 et dans la Boumba et Ngoko sud avec la mort de Jean Jacques Ipando en début de cette année, ce sont les vice-présidents, parfois inconnus des militants, qui assurent l’intérim. Ces intérimaires sont pour la plupart considérés par les militants de base comme des « braconniers politiques ». Ceci s’avère d’autant plus vrai que, d’après les militants de base du Rdpc rencontrés, seuls les dirigeants portés à la tête des sections ont généralement un poids politique. Le reste des membres de ces bureaux de section ne sont souvent que des figurants.

© Mutations : Sébastian Chi Elvido

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