Derrière un phénomène apparemment anodin, se dissimule une guerre impitoyable entre pontes du régime.

Difficile de savoir dans quel état d’esprit se trouvent ces personnalités qui comme tant d’autres, ont été nomméesà des postes ministériels par la rumeur souvent relayée par certains confrères. Dans son édition de mardi dernier, l’un d’eux publiait d’ailleurs en «intégralité», un gouvernement qu’auraient monté des collaborateurs du chef de l’Etat lors de son dernier court séjour privé en Europe en mars dernier. Par d’autres canaux, l’on apprend que le prochain Premier ministre se nomme Paul Elung Che, précédemment directeur général de la Caisse de stabilisation des prix des hydrocarbures (Csph), Louis Paul Motazé hérite du poste de ministre de l’Economie et des Finances, Ferdinand Ngoh Ngoh quitte le secrétariat général de la présidence de la République pour le ministère des Relations extérieures (Minrex). Le très convoité poste de Sg/Pr échoit à jacques Fame Ndongo. Au Minesup, Pierre Moukoko Mbonjo pose ses valises et au Cabinet civil, le nouveau directeur se nomme Joseph Le, en remplacement du «vice-Dieu», Martin Belinga Eboutou. Fantasmes ou manipulations ?

A tous les coups, ce phénomène (courant à l’approche de la formation d’un nouveau gouvernement au Cameroun) a peu de chances d’être anodin dans un contexte politique marquée notamment par l’interminable attente d’un réaménagement gouvernemental suggéré par le message du chef de l’Etat à nation du 31 décembre 2013. Un discours aux relents de réquisitoire en incompétence prononcé à l’encontre de l’actuel gouvernement.

Depuis lors, souffle un membre du sérail, «des batailles à peine feutrées se sont engagées entre personnalités qui n’hésitent pas à user de l’arme des gouvernements de la rumeur, pour soit discréditer des rivaux supposés ou réels ou prolonger leur séjour au gouvernement». Derrière les «gouvernements de radio-trottoir», se cacheraient donc de sordides manoeuvres de positionnements politiques. Manoeuvres aux des conséquences incommensurables à la fois sur la sérénité des ministres et sur l’efficacité de l’action gouvernementale, comme le pense le politologue Mathias Eric Owona Nguini cité par La Nouvelle presse.

De fait, cette situation «a contribué à bloquer l’action du gouvernement. Parce que les chefs des départements ministériels ne se sentent pas à l’aise, ils ne pensent pas bénéficier de toute la confiance nécessaire pour agir de manière plus efficace», explique l’universitaire. Selon lui, seul «un éventuel remaniement ministériel mettrait donc un coup d’arrêt à toute surenchère qui est liée à ces gouvernements fantômes qui sont publiés par des organes de presse qui entretiennent la spéculation à ce propos», conclut-il. Et que pense le président de la République de tout cela ? Bien malin qui pourrait le dire.

Une chose est sûre cependant, le foisonnement dans l’espace public de ces listes, suscite tantôt sarcasmes, mépris, ou méfiances. Car le temps de deux publications (quelques jours), d’un confrère à un autre, des personnalités sont mutées, limogées avant de réintégrer comme par miracle l’équipe gouvernementale. Après tout, rien n’est impossible sous nos latitudes.

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