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© Correspondance : L'Editeur
- 02 Nov 2017 13:15:12
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Cameroun: Petits poèmes de Enoh Meyomesse en éwôndô & français. :: CAMEROON
On peut faire de la littérature dans les langues camerounaises. Mieux encore, on doit écrire des œuvres littéraires dans ces langues, afin de les maintenir en vie. Une langue peut disparaître, ainsi que nous le voyons aujourd’hui avec le latin, qui fut une grande langue par le passé, au temps de la splendeur de l’empire romain, utilisée dans tout le bassin méditerranéen et jusqu’en France, mais qui aujourd’hui, n’est plus parlée que par de rares spécialistes uniquement.
Dans le cas du Cameroun, toutes nos langues sont appelées à s’éteindre d’ici quelques décennies, à l’allure où la population se « bilinguisme » à outrance, à savoir, ne se met de plus en plus à ne plus parler à sa progéniture, que le français ou l’anglais dans les foyers, y compris en zone rurale, au motif de lui faciliter l’insertion à l’école.
Nous nous retrouvons ainsi aujourd’hui avec des adultes qui ne s’expriment plus du tout dans aucune langue camerounaise, à cause de leurs parents. A leur tour à leurs gosses, cela va de soi, ils ne pourront non plus leur en apprendre une, ainsi de suite. Au bout de quatre ou cinq générations de telles familles, fini l’usage de quelle que langue camerounaise que ce soit. Et ce phénomène est national, il n’épargne aucun coin du territoire.
L’écriture étant le meilleur moyen de conserver une langue — et par voie de conséquence de véhiculer une culture —, il est paradoxal que les quelques langues camerounaises qui soient écrites à ce jour, aient été le fait des missionnaires. Autrement dit, ce sont les Européens qui ont, les premiers, involontairement, veillé à la survie de nos langues, là où aujourd’hui, nous-mêmes dédaignons à les parler à nos gosses.
Quoi qu’il en soit, il appartient aux intellectuels de notre pays de relever ce défi. Pour les langues dont l’écriture n’existe pas encore, entreprendre d’en
confectionner une. Et pour celles qui en disposent déjà, créer de la littérature dans celles-ci.
Le présent recueil de poésie a été composé à cette fin. Il est écrit en éwôndô, une langue qui n’est pas la mienne, mais à l’apprentissage de laquelle je me suis lancé, car j’estime qu’elle fait partie des grandes langues du Cameroun, au regard de son nombre potentiel de locuteurs. Ce que j’ai réalisé, tout Camerounais peut le faire pour n’importe quelle langue nationale.
Étié mëtùa
bôàngà bë ne kàn kàn
bà sùn mimbeg mi bôd bà ke à mulu
bôàngà bë ne kàn kàn
bà sun mimfëg mi bingà bà ke à mulu
bôàngà bë ne kàn kàn
bà tié minfëg mi môd ôse àà ke à dulu
bôàngà bë ne kàn kàn
kàn kàn kàn kàn kàn kàn kàn kàn
bà sun dzôm ise
ôkazion pressé
ôkazion pressé
une place une place
minà ke à vé
zààne dan mù
ôkazion pressé
bë fari yà wa nfëg wôé
bë nga sun wô
bë tié ya fe nkol wôé
bë nga yidan fe ai wô
bë nga taan ya asù nfëg wôé
yà bën ! dùgàn ma mfëg wàmà
môangà mbôàg à feble yà wo mbëë ata
yà bën ! màà ding kig ébiandi
à dugan yà wa feble mbëë àtà ôfe
akié ! bôàngà be bu dzam abé àdzé
…………………
À la gare routière
à la gare routière
les chargeurs sont nombreux
ils s’arrachent les bagages des voyageurs
ils s’arrachent les sacs des dames
ils s’arrachent les colis de tout le monde
les chargeurs les chargeurs les chargeurs ils se disputent tout
occasion pressée
occasion pressée
une place une place
hé ! où vas-tu ! hein !
viens monter ici
une place seulement
occasion pressée
viens monter ici
et ils t’ont déjà arraché ton sac
et ils se mettent à se le disputer
et ils en ont aussi arraché l’anse
et ils se la disputent rageusement
et ils s’injurient copieusement
oh là là !!! remettez-moi mon sac !!!!
il fuse en retour une terrible injure
oh là là !!! un peu de respect !!!
il en fuse une autre plus terrible
encore
ah là là !!! qu’est-ce qu’ils sont impolis !!
les chargeurs à la gare routière
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