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© Correspondance : Guy Samuel NYOUMSI
- 26 Dec 2025 14:56:20
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RENÉ EMMANUEL SADI : L’OCCASION MANQUÉE D’UNE TRANSITION APAISÉE AU CAMEROUN :: CAMEROON
Le système du RDPC aurait pu faire un autre choix. Il aurait pu désigner René Emmanuel Sadi comme candidat à ce nouvel épisode de continuité présidentielle, non pas pour perpétuer mécaniquement un ordre épuisé, mais pour ouvrir la voie à une transition responsable, apaisée, et porteuse d’un retour salutaire à la conscience nationale.
René Emmanuel Sadi dispose d’un parcours politique et administratif d’une rare densité, capable de soutenir une telle ambition historique. Il a servi l’État camerounais au plus haut niveau, aussi bien sous le président Ahmadou Ahidjo que sous Paul Biya. Son expérience traverse les générations, dépasse les clivages idéologiques et épouse les différentes strates du pouvoir : il connaît le Cameroun dans ses profondeurs, depuis les espérances fondatrices de l’après-indépendance jusqu’aux dérives systémiques actuelles.
Son passage à l’extérieur, notamment au Sénégal, et sa proximité avec les cercles de pouvoir de l’époque, lui ont permis d’observer de près les conséquences destructrices des excès du pouvoir, en particulier après le jugement d’Ahidjo. Lorsqu’il est revenu au Cameroun, alors même qu’il se tenait à la disposition de l’État pour servir son pays, il fut d’abord marginalisé, tenu à distance, avant d’être finalement réintégré dans l’appareil. Cette trajectoire singulière lui a conféré une connaissance intime des mécanismes internes du pouvoir : ses ressorts, ses peurs, ses verrouillages, mais aussi ses failles.
Originaire du Mbam, cet espace charnière à forte charge symbolique qui incarne l’idée même d’unité nationale, René Emmanuel Sadi représente une figure de rassemblement, capable de parler à toutes les composantes du pays. Sa maîtrise de la parole publique, son sens de la mesure, sa profondeur historique et son intelligence des équilibres font de lui un homme capable d’évaluer le poids de chaque décision et d’en mesurer les conséquences à long terme pour la nation camerounaise.
En réalité, s’il avait existé une volonté sincère de sauver la face, de préserver la paix civile et d’organiser une transition maîtrisée, René Emmanuel Sadi aurait constitué, pour le RDPC, le choix le plus crédible, le plus responsable et le plus fédérateur.
Hélas, les dérives autocratiques ethnofascistes et le néocolonialisme de classe, de type dynastique voire transgénérationnel, sur fond de pillages frénétiques des ressources minières et de prédations systématiques des ressources financières, ont été les options retenues et méthodiquement appliquées par le système RDPC.
Lorsqu’on mesure la qualité éminente des hommes et des femmes que ce même système étouffe, muselle, noie dans l’anonymat ou neutralise politiquement pour faire régner la terreur institutionnelle et la forfaiture économique, on ne peut que regretter que les égoïsmes aveugles aient prévalu au sommet de la gouvernance RDPC. Il est d’autant plus tragique que le régime, pour avoir refusé l’option d’une transition apaisée incarnée par une figure majeure et fédératrice comme René Emmanuel Sadi, se soit lui-même condamné à un échec historique, appelé à sombrer lamentablement, piteusement et effroyablement dans les abysses de la décadence politique et morale.
Face à ce refus obstiné de toute réforme interne, le peuple camerounais a tenté de reprendre son destin en main. Par les urnes, il a exprimé une audace que le pouvoir n’avait ni anticipée ni comprise.
Aujourd’hui, ce même peuple est jugé, critiqué, parfois méprisé, simplement pour avoir voulu se départir d’un système qu’il estime responsable de ses souffrances, dans l’espoir d’une nouvelle gouvernance capable d’améliorer concrètement les conditions de vie des Camerounais — ce standard de vie évoqué jadis par les martyrs de l’indépendance du Cameroun, et trahi par des décennies de confiscation du pouvoir.
Ce n’est pourtant pas le peuple qu’il faut blâmer, mais bien l’incapacité chronique du système à écouter, à anticiper, à se remettre en question et à se réinventer. René Emmanuel Sadi restera ainsi, dans l’histoire politique récente du Cameroun, le symbole puissant d’une transition possible mais refusée, d’une occasion manquée de réconcilier l’État avec la nation, et d’un rendez-vous historique sciemment sacrifié.
Paris le 26 décembre 2025
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