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© Repères : Géraldine Ivaha
- 28 Aug 2017 13:50:19
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CAMEROUN :: RENTRÉE SCOLAIRE : Le Minesec dénonce la mafia du recrutement des élèves :: CAMEROON
Dans un communiqué daté du 24 août 2017, le ministre des Enseignement secondaires (Minesec) met en garde les responsables d’établissements publics contre le monnayage des inscriptions.
Il m’est revenu que les proviseurs, censeurs et certains autres responsables de la chaîne administrative des établissements publics se livrent au monnayage des inscriptions dans les différentes classes », observe Ernest Ngalle Bibehe dans son communiqué radio-presse. Des « actes de corruption et de trafic » qu’il fustige parce que « condamnables et blâmables au moment où des instructions ont été données pour une meilleure organisation de la rentrée scolaire [au Cameroun] ».
En exploitant ainsi les informations reçues au sujet des micmacs autour du recrutement des élèves dans les lycées et collèges, le Minesec invite « tous les parents d’élèves à être vigilants, à s’abstenir de toutes ces pratiques et à dénoncer tous ceux qui se livrent à ces pratiques répré- hensibles». Le communiqué du Minesec, qui a le mérite de tirer la sonnette d’alarme en cette période de rentrées scolaires, est bien loin de sonner le glas dans un système bien huilé, mis en place depuis des décennies. Il n’aura pour seul effet que de faire baisser d’un ton les transactions dolosives entre les parents d’élèves véreux et certains responsables d’établissements scolaires.
Pour prétendre arrêter la corruption autour du recrutement des nouveaux élèves dans les établissements publiques, il faudra à Ernest Ngalle Bibehe beaucoup de patience et de la poigne. Au sujet des magouilles que le Minesec dénonce, des sources renseignent que tout commence par les parents qui veulent absolument inscrire leurs enfants dans un établissement public donné. Parfois c’est un problème économique, le lycée étant moins cher que les collèges privés, et parfois c’est un problème pratique, le lycée étant l’établissement scolaire le plus proche de la maison.
Toujours est-il que dans la pratique, la place coûte 50 000 FCFA (de manière officieuse). Vient ensuite la chaine de responsables des établissements scolaires publics pour la majorité dans l’appât du gain facile. Il y a également un autre aspect qui concerne certains responsables d’établissements scolaires qui favorisent leurs proches et connaissances, ou encore autres formes d’échanges de services entre amis, camarades de promotion, collègues ou bien membres du Rassemblement Démocratique du peuple camerounais (Rdpc), le parti au pouvoir. La corruption mine le milieu scolaire comme une gangrène cancérigène. Et la chimiothérapie du Minesec mettra du temps à en venir à bout.
IL FAUT PAYER LE BANC
En faisant le tour de quelques lycées de la ville de Yaoundé, on observe que le communiqué d’Ernest Ngalle Bibehe interdisant les actes de corruption concernant le recrutement des élèves dans les établissements secondaires publics, arrive quand les inscriptions ont débuté depuis plusieurs semaines. Il n’y a aucun moyen pour les parents qui ont déjà « payé la place » de leur enfant de rentrer en possession de cet argent. Même si le communiqué indique que « Toute personne reconnue coupable d’une telle déviance sera immédiatement et sévèrement sanctionnée », les parents rechignent à réclamer le remboursement de ces frais occultes aux chefs d’établissements, convaincus de ce qu’ils seraient pris pour complicité, même tacite.
« C’est pour être sûr d’obtenir une place pour mon enfant que j’ai payé. En plus de cela, le censeur m’a dit qu’au vu du retard accusé dans l’étude du dossier, cet argent va contribuer à payer le banc sur lequel il va s’asseoir puisque tous les autres sont occupés par les anciens élèves », indique un parent qui consent à cette pratique, en étant conscient de ce qu’en moyenne, trois élèves s’asseyent sur un seul banc. Il est également rare de voir un proviseur acheter de nouveaux bancs. Ces derniers étant des dons la plupart du temps.
A un parent qui souhaite inscrire son enfant, un censeur admet qu’il peut « faire quelque chose ». Évidemment, les transactions se font sous cape. En dehors du bulletin de l’année précédente qui indique par ailleurs que l’enfant redouble avec une moyenne annuelle de 7,50 sur 20, le parent ne possè- de aucun transfert scolaire délivré par le chef de l’ancien établissement de son enfant. Le dossier n’est donc pas complet. Le censeur rassure : « Je saurais comment faire pour que ça passe. Laissez-moi juste ce bulletin de notes. Je m’occupe du reste. Vous devez juste m’apporter l’argent le moment venu. Vous ne devez parler de notre affaire à personne. Sachez que si vous ne me payez pas, je ferai en sorte que votre fils perde sa place ; je sais toujours comment parler au proviseur », affirme-t-il l’air menaçant et le sourire en coin.
LA POLITIQUE S’EN MÊLE
Dans un autre lycée que nous avons visité, Corine Metom sort du portail la mine joyeuse. Elle tient en main un reçu d’inscription, le précieux sésame qui indique que son fils redoublant de la classe de quatrième fait partie des effectifs dudit lycée. Corinne est accompagnée d’un Monsieur, « son bienfaiteur ». « Mon voisin qui m’accompagne est membre de la sous-section Rdpc de notre quartier. Il m’a aidé à obtenir une place pour mon fils dans ce lycée technique et je n’ai pas eu à payer 50 000 FCFA comme on m’a demandé au départ. J’ai seulement donné 25 000 FCFA ».
Ce que Corinne ignore, c’est que, selon une entente tacite, le parti au pouvoir a un nombre d’élèves réservé à ses membres désireux d’inscrire un enfant dans cet établissement public. Son voisin en question profite juste de l’aubaine pour empocher les 25 000 FCFA qui n’arriveront même pas entre les mains du proviseur.
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