Patrice Samen, président national de la Fédération des chauffeurs professionnels du Cameroun.

Quel regard portez-vous sur le parc actuel de taxis jaunes dans nos villes ?
Le parc actuel des taxis est vieillissant. Nous avons  des véhicules de plus de 25 ans qui sont en circulation. Vous  avez,  par  exemple,  des  voitures  comme  les KE90  qui ne sont plus fabriquées depuis plusieurs années et qui assurent toujours le transport. C’est désolant, car dans d’autres pays, les taxis qui circulent dans nos villes sont ceux qu’on retrouve dans les campagnes.  

Qu’est-ce qui explique la forte présence de vieilles voitures parmi les taxis ?
C’est difficile de voir une nouvelle version de voiture rouler en tant que taxi à Yaoundé. A cause des prix de la douane, qui sont élevés. Imaginez-vous, vous vous  procurez une « Yaris », par exemple, à deux millions à l’étranger, il faut la dédouaner à plus d’un million de F. Cela fait énormément d’argent, pour un chauffeur de taxi. Alors que vous n’êtes pas sûr de récupérer votre argent,  même après plusieurs années de travail.

Or si vous réussissez à avoir votre vieux véhicule à 600.000F, vous le dédouanez à un million, c’est moins coûteux. Pour que le parc des taxis soit renouvelé, le gouvernement peut nous aider en bais- sant les coûts de la douane. Car, il y a vraiment une nécessité de mettre à jour le parc des taxis.

Les usagers se plaignent régulièrement des désagréments qu’ils y subissent : salissures, contaminations, blessures... Que faites-vous pour changer la donne ?
Les usagers ont raison, car dans notre ville nous retrouvons  des  taxis  qui  ressemblent  à  des  tas  de ferraille qu’on a essayé de colmater. Ou alors des chauffeurs de taxi qui n’arrivent pas à tenir leurs voitures propres. Nous avons aussi des chauffeurs de taxi qui ne sont même pas courtois. Dans mon syndicat, nous combattons ce genre d’attitude. Nous organisons de façon mensuelle des réunions de sensibilisation.

Pendant ces retrouvailles, j’explique toujours  à  mes  membres  l’importance  d’avoir  un  taxi bien propre. Je leur recommande alors de garder à l’esprit l’hygiène de leur véhicule. Ils doivent le laver au moins deux fois par jour. Pour ce qui est des réfections, nous avons mis en place un système de cotisation journalier. Lorsque cet argent devient consistant, nous le remettons au chauffeur pour qu’il refasse sa voiture.
 
Plusieurs communiqués du ministre des Transports ont déjà rappelé à l’ordre tous les chauffeurs de taxi en prélude aux préparatifs de la CAN. Une date avait même été arrêtée pour mettre hors circulation les vieux taxis. Mais jusqu’ici, rien n’a été fait. Et certains collègues sont têtus, ils n’envisagent pas réfectionner leurs véhicules. Mais rassurez-vous, environ 40% des chauffeurs  ont    déjà  commencé  à  respecter  les consignes données par le ministre des Transports.

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