Diversion des appels à candidature
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Le bal des appels à la candidature de Paul Biya (82 ans dont 33 ans au pouvoir) pour la prochaine élection présidentielle est ouvert.

Dans une motion de soutien signée le 8 janvier 2016, la foisonnante élite de la région du Sud, sous la conduite du ministre directeur du Cabinet civil, Martin Belinga Eboutou, dicte la mesure. Cette élite renouvelle son « soutien granitique, total et exhaustif au chef de l’Etat pour les futures échéances électorales ». Entre les lignes, pas besoin d’avoir fait science Po Paris pour y déceler un « appel du peuple » qui fera sans doute tâche d’huile dans les prochains jours.

Pour éviter d’être la dernière à emboucher les trompettes de cet appel, les « forces vives » des autres régions du Cameroun vont certainement monter au filet. D’ailleurs, quasiment en solo, un membre du bureau politique et non moins président de l’Assemblée nationale a déjà fait signer aux membres de la section Mayo Sava-Sud, une exhortation dans le même sens. C’était le 6 novembre 2015, à l’occasion de l’anniversaire de l’accession de Paul Biya à la magistrature suprême.

Les colonnes et antennes des médias publics seront donc particulièrement sollicitées pour relayer ces actes de dévotion, ces transes collectives, qui monteront comme un tsunami à travers le pays. En son palais, le principal destinataire du message du « peuple » fera mine de ne pas entendre cet interminable concert de louanges l’invitant à briguer un nouveau mandat à la tête de l’Etat du Cameroun. Jusqu’au jour où le prince sortira du bois pour déclarer, en un mot comme en mille : « Je vous ai compris ».

Caricature ou non, il serait en tout cas naïf de penser que la sortie médiatique de l’élite du Sud est un fait du hasard, au moment où, dans les cercles du pouvoir, l’idée de l’anticipation de la prochaine élection présidentielle (théoriquement prévue en 2018) n’est plus qu’un secret de polichinelle.

Cela dit, le directeur du cabinet civil et les cosignataires de cette motion de soutien ont beau trouver dans les discours, les annonces présidentielles et les chantiers en cours des raisons suffisantes pour implorer un nouveau bail de Paul Biya à la magistrature suprême, mais ils doivent garder à l’esprit qu’en l’état actuel du développement économique du Cameroun et de la redistribution de la richesse nationale, il n y a aucune raison, mais alors aucune, pour l’immense majorité du peuple camerounais, de les suivre dans cette voie-là.

La masse silencieuse perçoit cette démarche comme une tentative désespérée d’un pellé et trois tondus de maintenir les privilèges et avantages acquis sur le dos du peuple souverain, qui, lui, tire sans discontinuer le diable par la queue. Si l’élection présidentielle est vraiment certaine, mais lointaine, comme l’a indiqué en juillet dernier le président de la République, la seule priorité qui vaille pour l’heure, c’est la bataille pour l’accélération de la croissance économique, pour la rendre plus forte, durable, inclusive et génératrice d’emplois. Tout le reste n’est que pure diversion. Une diversion que le chef de l’Etat doit stopper au plus vite, avant que cela ne frise l’indécence, même si en l’écrivant, nous savons que notre appel a peu de chances de prospérer.

Au demeurant si les « créatures » de Paul Biya tiennent tant à signer des motions ou appels, ils peuvent le faire pour s’insurger contre les accidents de la circulation, qui reviennent en force, les attentats-suicides dans l’Extrême-Nord ou encore les coupures d’eau et d’électricité qui pourrissent le quotidien des Camerounais.

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