Cameroun,Devoir de mémoire - Et si Ahidjo n’était pas l’auteur du putsch  manqué?
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C’était un jeudi 30 novembre 1989. Les camerounais apprenaient avec stupeur et consternation, la disparition du premier Chef d’Etat du Cameroun. Ahmadou Ahidjo rend l’âme, loin, très loin de sa terre natale.  26 ans plus tard, la question du rapatriement de sa dépouille nourrit toujours les débats au sein de la classe politique. Et ce, depuis  qu’un ancien agent des services secrets camerounais a  dévoilé en 2009, la thèse d’un faux coup d’Etat.

“On ne se lève pas un matin  pour faire un coup d’Etat, même si on a été président de la République. Même si on est resté président national du parti au pouvoir. Ma longue expérience dans les services secrets où j’ai âprement été aux prises avec les services secrets français (Dgse)  et américain (Cia), me fait dire que le président Ahidjo, même s’il le voulait, ne pouvait pas organiser un coup d’Etat. L’essentiel à révéler aux Camerounais et à la communauté internationale, est qu’Ahmadou Ahidjo a été victime d’un complot en 1983”. 

Dans les “Dossiers noirs du Cameroun”,  l’ex patron de la police judiciaire du Littoral Pierre Ela, explique que   l’ancien chef de l’Etat ne contrôlait pas les services secrets pour espérer bénéficier, en peu de temps (période allant de mai à août 1983), d’une couverture matérielle efficiente.  L’agent de renseignements rapporte comment l’ancien président national de l’Union nationale camerounaise (UNC), veillait au respect de la discipline du parti. “ Il avait posé un acte mémorable, en radiant le camarade Moussa Yaya Sarkifada, qui s’était ouvertement opposé à Paul Biya.  

Le nouveau chef de l’Etat était largement soutenu  par les populations. Son discours plaisait. Il était un réel espoir  d’ouverture des espaces de liberté. Pour tous les camerounais, Paul Biya était l’homme du changement.  “Dépourvu du soutien de sa base populaire, isolé au plan stratégique, le président ne pouvait se lancer en 1983, dans une aventure de déstabilisation contre les institutions”.

Pierre Ela explique à profusion, comment les deux hommes s’étaient partagés les rôles. Le sortant, qui devait conserver le poste de président national du parti pendant huit mois, s’engageait à effectuer les tournées de provinces pour demander à la population, de soutenir sans réserve son successeur. L’entrant, lui, devait gérer l’Etat, conformément à la “feuille de route”  qui avait été préparée par le prédécesseur, sous la coordination de Samuel Eboua, alors Secrétaire  général de la présidence de la République.

C’est ici qu’apparaît le malaise. A l’évidence, la cohabitation n’est pas toujours facile entre les deux hommes. Certains interpréteront cette cohabitation, comme un bicéphalisme au sommet de l’Etat.  En mars 1983, Ahidjo propose l’institutionnalisation du parti. En réponse à sa proposition, Paul Biya va limoger dans un premier temps les barons, les plus proches de l’ancien président. (Ayissi Mvondo, Samuel Eboua, Sadou Daouda), avant d’annoncer peu après,  la découverte d’un complot ourdi par ce dernier.  

 Or, l’ex agent secret camerounais, continue de soutenir mordicus, que le complot de 1983, s’il a eu lieu, ne pouvait provenir que de la part de ceux qui avaient une emprise sur les services secrets qui font et défont les gouvernements. En février 1984, Ahmadou Ahidjo est condamné à mort au cours d’un procès contre les putschistes. Il succombera à la douleur de ne plus jamais revoir son pays natal le 30 novembre 1989 à Dakar, au Sénégal où il avait trouvé exil.

© Camer.be : Flore Honga

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