Que dire du professeur Kapet De Bana qui vient de tomber entre les crocs de la mort ?
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A l’heure où une douleur taraudante due à la disparition du grand buffle Kapet De Bana encore traverse tout mon être, il est bien difficile de dire de manière exhaustive qui fut cet homme sans le trahir. Toutefois, de façon lapidaire ici se trouve jetés la circonstance de notre première rencontre il y a 22 ans, et quelques-uns de ses attributs.

C’est en 1993 sur le sol burkinabé que certains de mes anciens camarades du Parlement Estudiantin et moi rencontrons cet infatigable combattant de la liberté et de la dignité des peuples africains et d’ailleurs. Il est en mission des Droits Humains au compte de la Ligue Camerounaise des Droits de l’Homme (LCDH) dont il est le président.

Cette rencontre hasardeuse très fructueuse marque aussi mon entrée et ma formation dans la défense des Droits Humains qui se fera dans la LCDH, le Mouvement Burkinabé des Droits de l’Homme (MBDH) alors dirigé par un autre monument africain des Droits Humains (Halidou Ouédraogo) et la Ligue Togolaise des Droits de l’Homme (LTDH) au Togo.

Dès notre première rencontre à Ouagadougou en 2013, je vois et comprends que Kapet De Bana est un homme sage et très « riche » sur qui en s’accrochant on peut devenir soi-même riche et utile à la société. Et nous sommes restés ensemble jusqu’à son départ.

C’était un homme de principes, grand négociateur et dénonciateur, intransigeant, mais qui savait aussi que le compromis est permis qui n’est pas trahison. Il savait mieux pénétrer des adversaires et voire des ennemis des peuples pour les persuader et les raviser sans toutefois mettre son honneur sur l’autel de l’abdication à ses principes et de la prostitution.

Il ne laissait jamais l’occasion aux personnes étrangères de lui dire ou de dire fallacieusement son Afrique aux autres. Il n’hésitait pas de dénoncer cela souvent publiquement du perchoir. Il disait lui-même son Afrique, il combattait l’imposture même au sein des grands groupes des Droits Humains tels la FIDH, Amnesty international, Human Right Watch, etc.

Contrairement à certains groupes défendant avec partialité les violations des Droits Humains, sa Ligue et lui ont dénoncé les injustices, les actions et exactions françaises et de la communauté internationale en Côte d’Ivoire, au Congo, au Cameroun, en Libye et ailleurs. Il s’en va sans se remettre de l’assassinat du guide libyen, Mouammar Kadhafi.

Le professeur Kapet De Bana disait lui-même son Afrique, il vivait son Afrique et pas de manière partiale et parjure comme certains fils et filles du continent, mais de manière effective, profonde, totale, fidèle et patriote dans la forme et dans le fond. D’aucuns souvent lui ont reproché d’être resté longtemps en exil. Qu’importe !

Ses leitmotivs étaient : « S’il y a à dire, ne vous taisez pas. Il faut le dire. Si vous ne le dites pas, qui le dira pour vous ? S’il faut agir, ne reculez pas, agissez. Si vous n’agissez pas, qui va agir pour vous ? Défendez votre pays. Défendez votre continent… » C’est à cette source de l’un infatigable combattant Kapet De Bana que j’ai bu, bu et rebu.

Son rêve pour une Afrique libre et forte était colossal, ses projets nobles et grandioses, sa joie de vivre toujours débordante, et il ne cessait jamais d’affirmer que le monde entier tremblera quand s’éveillera l’Afrique.

Il n’était pas là pour partager de l’argent ou de la nourriture ; il était là pour montrer aux uns et aux autres la voie qui conduit à l’argent, à la nourriture et l’épanouissement sûrs, bref, celle qui mène à la Libération et à la Liberté.

Il était là pour partager ses expériences de vie faites des tristesses et des joies, de la liberté et des prisons, de l’abondance et des privations, des pertes et des gains, de la confiance et de la méfiance, du pessimisme et de l’optimisme, etc.

En dernier ressort, parler de la mort du professeur Kapet De Bana serait un peu resté aveugle ou limité car, à travers ses actions, ses écrits, ceux qu’il a formés et ceux qui l’ont connu, ce combattant qui fut aux côtés de Diallo Telli, de Um Nyobé, de Sékou Touré, de Kadhafi, de Laurent Gbagbo, etc. n’est pas mort. C’est un immortel.

© Correspondance : Léon Tuam,Ecrivain et activiste des Droits Humains

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