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© Correspondance : Bernard TCHAMI
- 07 Oct 2025 09:51:11
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CAMEROUN :: Interview de Valentin Epoupa Bossambo, Maire de Douala 3ème :: CAMEROON
« C’est un projet porté par les Communes et villes unies du Cameroun (CVUC), qui ont donné mandat au Maire de la Commune d’Arrondissement de Douala 3è de suivre la maturation de ce projet ».
Le Maire de la Commune d’Arrondissement de Douala 3ème, Valentin Epoupa Bossambo, a bien voulu expliquer aux lecteurs, les raisons de la présence des italiens et les contours du projet pour lequel ils sont venus au Cameroun.
Est-ce qu’on peut savoir pourquoi les italiens sont chez vous aujourd’hui ?
Nous recevons les italiens qui sont venus dans le cadre du projet de valorisation des déchets ménagers et assimilés. C’est un projet porté par les Communes et Villes Unies du Cameroun (CVUC), qui ont donné mandat au Maire de la Commune d’Arrondissement que je suis de suivre, dans l’optique de la maturation. Nous avons entre autres initiatives fait appel aux turcs dont l’experience dans le domaine est avérée et à l’issue des missions sur le terrain, la conclusion des parties étaient sans équivoque : les déchets ménagers constituent une richesse, l’essentiel étant la maitrise de l’ensemble de la chaine de production,collecte, transport puis traitement dans des décharges modernes.
Maintenant, la nouvelle opportunité est italienne. Le projet a été présenté au technicien de la maison, le Dr Takoulo, qui après analyse profonde, a validé le projet en le trouvant innovant en ce sens que toutes les insuffisances relevées dans la première proposition ont été soulevées et aplanies dans le cadre de ce projet. Il s’agit précisement de l’accès au financement guarantie, de la prise en compte de toutes les étapes de la faisabilité, du statut du sol et l’exploration du contexte reglementaire.
Nous allons sur le terrain en compagnie du chef du village pour voir le site, pour la maturation du projet à travers les levées topographiques et tout ce qui peut obstruer la mise à disposition du site. Aujourd’hui, nous voulons lancer à Douala 3ème ce qui sera dupliqué par la suite dans les autres villes en étant en phase avec la Communauté Urbaine de Douala et pourquoi pas, en cas de succès fulgurant, élargir au pays. Nous voulons arriver aussi comme dans d’autres pays que je connais, où on ne voit plus de décharges à ciel ouvert. Les déchets ménagers sont devenus des biens dans certains pays , des biens économiques. Dans un pays comme l’Egypte, il n’y a plus des déchets, on les vend parce qu’ils sont à un niveau de transformation. Ici, on a quand même un problème, on est dans une zone humide. Le processus de transformation des déchets est long, c’est pour cela que la seule dame qui est dans la délégation, a expliqué tout ce qui va dans le projet, pour pouvoir obtenir à la fin, la matière première qui produit soit l’électricité, soit le gaz.
Nous avons l’avantage que le facteur transport se pose avec moins d’acuité étant donné que l’énergie produite sera facilement acheminée, parce qu’immédiatement, nous sommes dans une zone de consommation : Il y a la zone industrielle et les ménages. Nous constatons la montée en puissance de la zone industrielle. Je crois que vous avez été l’autre jour quand le premier Ministre présentait les besoins de PROMETAL ; vous devez comprendre que là, le gouvernement se met résolument à répondre aux questions de la montée en puissance de l’industrialisation. Avec un projet comme celui-ci, le gouvernement lance la mise en œuvre du plan d’industrialisation, parce que ce plan est bloqué par la non permanence de la matière première qu’ est l’énergie.
Avec la présence du chef du village ici, c’est une autre étape. Comprenez bien que nous sommes à Douala et il est difficile d’avoir 12 hectares de terrain libres. Maintenant il faut lever tout ce qui entoure la mise à disposition de ces 12 hectares qui virtuellement et visiblement, sont libres, mais il y a des blocages fonciers qui doivent être levés. C’est pour cela que nous avons fait appel au Chef du village, et que lui-même, se mette au-devant de la scène.
De toutes les façons, nous avons saisi et là, je suis obligé d’accompagner la délégation à Yaoundé, pour saisir le Ministre en charge des Affaires foncières afin que ces blocages soient levés. Le projet est d’une importance aujourd’hui avérée, et il n’est plus question que se soit seulement une unité de Douala. Si vous regardez très bien, dans le plan développement de la cité Ngombé, la Communauté urbaine a prévu et est entrain de mettre en place la future décharge qui absorbe des financements colossaux.
Je suppose que quand il va s’installer ici au niveau de Nyalla, que le moment venu, avec la montée en puissance de la transformation, il est possible que le projet puisse trouver son extension sur le nouveau site de Ngombè. Mais déjà, l’ancien site doit être un centre de transfert, ce qui suppose que non seulement nous avons prévu pour la pré-collecte qui ira directement là-bas, la collecte elle-même devrait-être livré au niveau de l’unité qui va être mise en place.
Dr Takoulo Kouoh Fonang Bertin, Chef de service d’Hygiène, Environnement et Cadre de vie de la Commune de Douala 3ème
« Le contexte de manière générale c’est que nous sommes dans une ville où l’Etat providence dépense près de 8 milliards et demi annuellement pour la gestion des déchets, dans un contexte de tensions de la trésorerie où, les populations ne participent pas véritablement à cette charge ».
Dr Takoulo est chef de service d’Hygiène, Environnement et Cadre de vie à la Commune de Douala 3ème. Après avoir donné un avis favorable à la faisabilité du projet et accompagné les partenaires italiens sur le site de réalisation du projet, il brosse en sa qualité de technicien de la maison, l’importance de l’implantation de cette usine de valorisation des déchets ménagers. Alors que l’Etat dépense par an pour la seule ville de Douala, plus de 8 milliards, il condamne la très faible participation des populations à la gestion de ces déchets, il ajoute que chacun à Douala produit 0,46 kg de déchets, et près de 60% de ces déchets ne sont pas collectés,
En votre qualité de technicien, expliquez le projet de manière simple et quelle est la plus-value qu’on serait tenté d’attendre avec une telle opportunité ?
Nous en sommes à l’étape de préfaisabilité et de faisabilité du projet. Cela veut dire qu’il y a eu une proposition à la suite des tractations et des missions exploratrices ont été effectué.
Aujourd’hui, c’est la deuxième descente des partenaires sur le terrain. Ceux-ci sont les chefs d’entreprises qui seront intégrés à ce projet de valorisation. L’idée étant de découvrir le site proposé, afin de lancer véritablement l’étape de faisabilité. Laquelle étape consistera à enclencher l’étude d’impact environnemental et social détaillée du projet, qui permettra de prendre en compte les impacts potentiels environnementaux et le respect de la réglémentation en la matière.
En fait, nous sommes dans l’étape de préfaisabilité et de faisabilité. Une étape durant laquelle on essaie de regrouper les fonds nécessaires à la réalisation du projet, on enclenche les études à la fois techniques du projet c’est-à dire que les Ingénieurs vont sur le terrain pour les levées et autres en vue d’essayer de voir ce qu’il faut faire en termes de terrassement, de remblai. On a constaté sur le terrain qu’on avait affaire à un plateau, ce qui va nécessiter le déblai pour le plateau et le remblai pour le contrebas de manière à rattraper le même niveau de base.
Quel est le vrai probème pour le dire simplement ?
Le problème fondamentalement parlant, vient du fait qu’à s’en tenir à la loi № 96/12 du 05 aout 1996 portant loi cadre relative à la gestion de l’environnement, tout producteur de déchet doit en assurer son éliminatio ou le confier à des structures spécialisées pour traitement. Mais dans la pratique, l’Etat dépense pour le compte de la métrope doualaise près de 8 milliards et demi annuellement pour la gestion des déchets dans un contexte où, les populations ne participent pas véritablement à cette charge. Cela signifie que ces 8 milliards et demi émanent de la Communauté Urbaine et de l’Etat à travers ses démembrements. A cette réalité se greffe les charges comparables pour Yaoundé et les autres capitales régionales qui entrainent un étouffement, expliquant ainsi les difficultés de paiement des décompte aux prestataires dans un environnement marqué par les crises dans le NOSO, la lutte contre la secte islamique Boko Haram et la porosité de nos frontières. Cette situation déplorable se manifeste dans certains cas par le non respect du cahier de charges et inéluctablement des manquements liés à la productivité.
De l’autre côté, on note le faible niveau de valorisation des déchets ; nous en sommes à moins de 5% de valorisation en prenant en compte les initiatives privées peu soutenues, l’activité des chiffoniers réunis en association à la décharge de PK 10 Nyalla. Pourtant, dans bon nombre de pays d’Afrique et d’ailleurs, se sont les filières de valorisation dynamiques qui provoquent la rareté du déchet, supportant ainsi les surcouts de la précollecte, de la collecte et surtout le transport.
Alors, je voudrais finir par le gisement des déchets. Nous produisons chacun à Douala à peu près 0,46 kg de déchets (confère Etude du Schéma Directeur d’assainissement des déchets solides de Douala à l’horizon 2040 par les cabinets Artelia et E.R.A Cameroun) et près de 60% de ces déchets ne sont pas collectés, c’est- à dire que ceux qui assurent les opérations de pré collecte et de la collecte n’arrivent à gérer que 65% des déchets générés. Donc 35 à 40% de ces déchets se retrouvent dans la nature contribuant ainsi à l’envasement des lits des cours d’eau, encombrant et obstruant les ouvrages, in fine les épisodes d’inondations accentuées.
L’idée centrale c’est quoi ?
Le simple fait de penser à la mise en place d’une structure de valorisation des déchets multifonctionnelle, c’est-à dire que d’un côté, vous aurez le compostage qui sera effectué à partir des matières organiques et nécessaire à l’agriculture peri urbaine qui ne cesse de se développer dans un contexte de primauté du bio ; de l’autre côté, vous aurez le méthane qui sera récupéré et enfin de l’énergie, qui pourra être produite là-bas et envoyée dans les circuits de manière à approvisionner soit les maisons, soit les industries.
Voilà trois filières de valorisation des déchets que l’on pourrait évoquer en rapport à ce projet. Maintenant, il faut simplement que le contexte réglementaire soit un acquis pour arrimer ce projet à la loi camerounaise. Que les parties prenantes s’accordent : l’Etat dans sa vision globale de définition des politiques, plans et programmes, des ministères concernés et surtout de l’arrimage aux outils de plannification urbaine.
S’il faille produire de l’énergie, il faut que cela soit fait dans un contexte réglementaire. Est-ce que notre loi permet qu’une nouvelle société entre dans ce marché alors que jusqu’ici il n’y a que deux ; Enéo et Gaz du Cameroun.
Vous abordez un pan interessant du projet dans un contexte de domination sans concurrence du marché et qui requiert une adptation de la loi par l’ouverture et les négociations au sommet de l’Etat. Nous restons confiants et persuadé au vue des enjeux, que ce verrou sera levé pour faciliter la migration veritable, de l’économie linéaire à l’économie circulaire comme le prevoit la SND 30.
Propos recueillis par Bernado Tomi
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