AU-DELA DES FRONTIERES, L’ODYSSEE DE MARIAM A TRAVERS L’AMOUR ET LES DIFFERENCES CULTURELLES
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FRANCE :: AU-DELA DES FRONTIERES, L’ODYSSEE DE MARIAM A TRAVERS L’AMOUR ET LES DIFFERENCES CULTURELLES

Je m’appelle Mariam, née en France, imprégnée des valeurs de liberté, d’indépendance, et d’une conception moderne des relations. Mon histoire d’amour avec Amadou, un homme malien rencontré lors de mon séjour au Mali, ma terre natale, a commencé comme un conte de fées. Il a déménagé en France pour notre amour, mais c’était son choix aussi de me suivre. On en avait déjà parlé peu après notre rencontre. On a emménagé ensemble et un an et huit mois après, il a demandé ma main et j’ai dit oui. Un grand oui pensant avoir trouvé mon âme sœur. Si vous avez vu comment on était synchronisés. C’était comme les gens disent « the couple goal ». Pourtant, au fil du temps, nos différences culturelles ont émergé, transformant notre conte de fées en un récit complexe de compréhension et de croissance.

La culture malienne réserviste a aussi immigré avec lui en France. L’un des moments charnières de notre histoire a été une soirée en famille au Mali, une soirée de Noel. Ça faisait des mois que mon mari n’avait pas vu sa famille donc j’ai décidé de lui faire une surprise. À ce stade, Amadou et moi étions déjà mariés depuis quelques mois, et la réalité des attentes familiales se faisait de plus en plus présente. La soirée était censée être une célébration, mais elle s’est transformée en un terrain miné de malentendus culturels. La source du problème a été une discussion animée entre Amadou et moi concernant le rôle de la femme au sein de la famille élargie. Mes idéaux de liberté individuelle et d’autonomie ont heurté de front les attentes traditionnelles de sa famille malienne.

La tension s’est accumulée lorsque j’ai exprimé le désir de poursuivre ma carrière professionnelle plutôt que de me consacrer exclusivement aux responsabilités familiales. C’était déjà l’une des raisons de notre plus grande dispute. Cependant, la soirée a atteint son apogée lorsque des membres de sa famille ont exprimé ouvertement leur désapprobation à l’égard de mes choix de vie occidentaux, qualifiant mes perspectives de “trop individualistes” et “éloignées de nos valeurs maliennes.” La confrontation qui a suivi a été intense, alimentée par l’incompréhension mutuelle et le choc culturel. Je croyais que mon mari allait au moins être de mon côté mais il n’a fait qu’envenimer la dispute.

Les mots prononcés sous le coup de l’émotion ont laissé des cicatrices profondes. Pour moi, il semblait que mes choix personnels étaient remis en question, que ma vision de l’égalité et de l’autonomie était incomprise et rejetée. J’étais déçue, déçue que mon mari en a encore rajouté au lieu d’apaiser la tension. Pour moi, les disputes entre couple devraient se régler entre couple. Ce différend a créé un abîme entre nous, mettant en lumière des fissures culturelles que nous n’avions pas anticipées. Je me sentais déchirer entre mon amour pour Amadou et le besoin de rester fidèle à moi-même. Les disputes s’enchaînaient, c’était le début d’une crise dans notre relation, une crise basée sur des visions du monde apparemment incompatibles. Un soir je suis rentrée avec une très bonne nouvelle, du moins une bonne nouvelle pour moi.

J’ai eu une promotion. Une promotion qui signifie plus de responsabilité. Je l’ai annoncée à Amadou, il a tout de suite balancé l’assiette par terre en me balançant à la figure des mots blessants. Il m’avait dit que si j’acceptais cette promotion j’allais complètement abandonner notre famille, que je ne m’occuperais plus de lui. Il m’a aussi dit que je ne l’aimais pas assez et que je ne pensais même pas fonder une famille avec lui parce que je pense tout le temps à mou et ma carrière. Qui peut affirmer qu’avoir une carrière signifie nécessairement que l’on ne peut plus être une mère dévouée et s’occuper de sa famille ? Je ne dis pas que la culture africaine ou que la culture occidentale est mauvaise, mais c’est un choix de vie et moi j’ai décidé d’être une femme indépendante qui pense aussi à sa carrière, plutôt qu’être une femme entretenue.

J’ai essayé de lui parler, de lui expliquer mon choix de vie mais il n’a rien voulu entendre. Il n’y avait presque plus de discussion entre nous. Moi, qui ne rentre du travail que vers 20h, épuisée, sans compter les tâches qui me restent à faire parce que Amadou a complètement abandonné les tâches ménagères qu’on s’était déjà partagées. Et le weekend, qui était un temps pour notre couple, est désormais devenu un temps chacun dans sa bulle, avec lui qui préfère passer son temps avec ses amis. Vous imaginez bien que la communication est rompue. Suite à ça, je me suis sentie très mal, je pense que je suis même tombée dans la dépression. Je ne mangeais plus, je ne dormais plus, je n’étais plus concentrée au travail. Une fois j’ai même failli faire un accident parce que je pleurais en conduisant.

J’ai remis mes choix en question à cause de cette situation : est-ce que j’ai fait le bon choix ? Est-ce que je devrais arrêter de travailler pour sauver mon couple ? Est-ce que tous ces problèmes sont de ma faute ? Ai-je vraiment trouvé mon âme sœur ? Fatiguée des disputes incessantes à la maison, je me suis dite qu’il fallait qu’on aille faire une thérapie. Nous avons pris la décision de nous engager dans une thérapie de couple avec une thérapeute qui s’appelle Assa Djelou que nous avons trouvé en faisant des recherches sur internet. On s’était dit qu’elle serait la bonne personne pour nous comprendre parce qu’elle aussi, elle est d’origine malienne.

Les séances avec Assa Djelou ont été notre bouée de sauvetage dans cette mer agitée de différences culturelles. Assis dans son cabinet accueillant, nous avons trouvé un espace sûr pour déballer nos émotions les plus profondes. Assa, avec sa compréhension profonde des nuances culturelles, a su créer un terrain neutre où Amadou et moi avons pu nous exprimer sans crainte de jugement. Assa nous a accompagnés sur plusieurs séances de thérapie. La première a porté sur la notion de pardon. Au début, les séances étaient tendues, chaque mot portant le poids de l’incompréhension accumulée. Assa nous a donné à chacun l’occasion de nous exprimer.

Elle a rectifié l’interprétation que je me faisais et celle qu’il se faisait également. Avant la thérapie, je pensais qu’il ne m’aimait plus, et de son côté, il avait la même impression. Elle nous a accompagnés pour travailler sur une communication bienveillante, dépourvue de violence. J’ai trouvé cela très important, car chacun a pu exprimer ses besoins et ses attentes. Nous avons trouvé un équilibre qui a permis à chacun de développer sa vision culturelle et ses différents langages de l’amour. De plus, la thérapeute nous a également aidés à apprendre comment passer du temps de qualité en couple. Le fait d’avoir restructuré tout cela m’a permise de retrouver le conjoint avec qui je me suis mariée. Tous les diagnostics que j’avais établis se sont révélés faux, car mon mari avait simplement une vision culturelle très pointue.

Au-delà de cela, il portait un masque de rigidité suite à un traumatisme d’enfance que j’ai involontairement réveillé. Il avait le sentiment que je le trahissais. Dès que j’ai compris tout cela, j’ai adopté une autre manière de communiquer avec lui. J’opte désormais pour la demande plutôt que l’imposition. Cette approche m’a permise de vivre ma part féminine tout en restant autonome. Assa nous a guidés avec une sagesse calme, nous encourageant à écouter véritablement l’autre, à dénouer les malentendus, et à reconnaître la valeur de nos différences. Elle nous a aidés à déconstruire les stéréotypes culturels qui avaient alimenté nos conflits et à reconnaître les similitudes profondes qui étaient la base de notre amour. Assa Djelou a agi comme une sage guide à travers notre voyage tumultueux, nous aidant à comprendre que l’amour véritable va au-delà des frontières culturelles.

Ces séances ont été le fil conducteur qui a tissé les morceaux éparpillés de notre relation, transformant une crise culturelle en une opportunité de croissance et de compréhension mutuelle. La thérapie a été un parcours difficile, mais elle a aussi été l’occasion de se comprendre mutuellement mieux que jamais. Nous avons appris à écouter sans juger, à mettre de côté nos egos, et à reconnaître les forces de chacun. C’était un processus d’acceptation mutuelle et d’adaptation, un voyage vers la création d’une relation plus forte, ancrée dans la compréhension et le respect des différences culturelles. Ainsi, cette crise déclenchée par des divergences culturelles a été le catalyseur qui nous a poussés à entreprendre un voyage intérieur et à découvrir les profondeurs de notre amour. Notre histoire, bien que semée d’embûches, a abouti à une compréhension plus profonde, à une connexion renforcée, et à une acceptation mutuelle qui a transcendé les frontières culturelles.

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