Les tontines à l’épreuve
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La crise sanitaire affecte l’économie et se fait ressentir dans les regroupements d’épargne où l’on peine à honorer les engagements.

Difficile de recouvrer dans les tontines en ce moment. La raison est vite trouvée : « le coronavirus est dehors, il n’y a plus d’argent », lance Solange Man Guere. Affiliée à une tontine hebdomadaire de 100 000 F, la commerçante a du mal à se faire à l’idée que cette semaine, elle ne recevra pas sa cotisation. Mardi encore, elle n’a recouvré que 300 000 F sur les 1 million de F qu’elle attend. « Sept autres personnes ne m’ont pas encore versé leur cotisation.

Elles se plaignent des affaires qui tournent au ralenti depuis le début de la pandémie», poursuit la commerçante de vêtements, qui se nourrit à présent des promesses de ses consœurs. « La semaine prochaine je pense que j’aurai la totalité de mon dû comme elles me l’ont promis. Je fonctionne avec elles depuis trois ans donc je crois qu’elles sont honnêtes », indique confiante, Solange Man Guere. Une quiétude que ne partage pas Ange Daniel Etame, trésorière d’une tontine :

« Je cotise 20 000 F chaque deux semaines avec des gens que je ne connais pas. Depuis deux semaines, ce n’est plus évident. Il faut courir après certains pour qu’ils payent leur cotisation. Je parle là d’une dizaine de personnes», indique-t-elle avant d’ajouter : « les revenus ne sont plus les mêmes, surtout pour ceux du secteur privé qui sont rémunérés par heure de travail ou encore certains commerçants », poursuit- elle. Pour ce regroupement, on envisage même une suspension de la réunion.

Une idée certainement pas au goût de tous. « On ne peut pas lancer une cotisation et après en avoir bénéficié, les gens refusent de cotiser pour les autres.Nous comprenons les imprévus mais nous aussi avions déjà planifié des projets avec cet argent », indique Mabelle Christianne Mete, membre d’une réunion. S’il est vrai que les revenus de plusieurs ont chuté à cause de la pandémie, d’autres en profitent aussi pour se dérober de leur engagement. Un cas plus difficile à gérer, lorsqu’on sait que les tontines fonctionnent sous la base de la confiance.

« Le plus prudent en cette période serait de faire signer des engagements à tous ceux qui sont dans l’incapacité de cotiser. Le document doit préciser le montant de la dette et les délais de remboursement », renseigne Guillaume Amara, juriste. Une solution à envisager, en ce moment où l’économie camerounaise fait face aux dures réalités de la lutte contre la pandémie.

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