Les sous-préfets dans le rôle de pompiers-pyromanes
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Les sous-préfets de la République sont souvent appelés « chefs de terre ». Cela leur va si bien en cette période de préparation des élections législatives et présidentielles où ils donnent à voir de leur importance dans la protection de leurs droits de « propriétaire terrien ».

Les fameux « chefs de terre » se sont passé le mot, pour faire de leurs unités administratives, des exclusivités du RDPC. Pour n’avoir pas toujours su satisfaire les désidératas de leurs administrés, les candidats du parti des flammes, locataire dans différentes circonscriptions municipales, sont susceptibles d’éviction. De fait, le RDPC serait redevable semble-t-il, d’arriérés de loyers non payés au légitime propriétaire qu’est le peuple. Quoiqu’il en soit, les sous-préfets rivalisent de dextérité pour faire du RDPC, non un locataire, mais le propriétaire définitif des municipalités.

Dans une telle entourloupe, ils ne ménagent aucun moyen, y compris l’utilisation de la force et de la ruse, pour empêcher l’installation de nouveaux locataires. Ainsi donc, le RDPC voudrait maintenir un contrat de bail hors norme, alors même qu’il ne verse au peuple aucun loyer, ni en terme d’enlèvement des ordures, d’hygiène et de salubrité publique, ni en terme d’électrification et d’approvisionnement en eau potable etc. Souvent d’ailleurs, le locataire RDPC a commis tellement de dégâts, à travers les destructions dans la maison-peuple que le légitime propriétaire se jure de tout mettre en oeuvre pour cette fois-ci pour l’écarter définitivement. Mais les souspréfets, s’y opposent fermement à travers moult subterfuges. On apprend ainsi que pour se faire délivrer un certificat de domicile, pièce maitresse dans les dossiers de candidature aux législatives et aux municipales, les candidats des partis d’opposition se voient exigés dans les sous-préfectures, les preuves du paiement de la taxe foncière, alors qu’une attestation du chef de quartier ou de bloc aurait pu suffire.

La situation est d’autant plus ubuesque que les sous-préfets, n’exigent ces dispositions, la plupart de temps, que pour les partis d’opposition. Le sous-préfet n’a de toute façon, rien à demander au candidat RDPC, les instructions venant de la haute hiérarchie sont souvent assez clairs. Il est pourtant, mieux que quiconque, suffisamment informé de l’impéritie du RDPC et de sa mauvaise foi visvis du paiement du loyer pour le compte de la maison-peuple. Rabrouer l’opposition en prétextant son incapacité de transformation sociale.

Mais pourquoi le sous-préfet s’échine-t-il à maintenir dans la Maison-peuple des personnes ayant manifestement fait preuve de leur échec dans le respect de leurs obligations et engagements ? La réponse est toute simple. Le maintien du locataire indélicat dans la maison-peuple participe des techniques de spoliation du peuple. Dès lors, à qui profite le crime ? Telle est la question qu’on serait en droit se poser. Il se pourrait d’ailleurs, qu’une partie du loyer à verser pour le compte du propriétaire-peuple, prenne des chemins tortueux. On comprend mieux désormais les intérêts en jeu. Le « chef de terre » se doit de faire de son mieux pour que l’ancien-mauvais locataire, soit maintenu à son poste. Au besoin, l’ancien mauvais locataire pourrait mettre des habits neufs en changeant par exemple des têtes de liste pour apparaître plus avenant, moins gargantuesque et prétendre pouvoir désormais honorer ses engagements.

Il n’empêche, sa vraie nature reviendra en force et peut-être pire qu’avant. Un loup ne deviendra jamais un agneau, même s’il se couvre des oripeaux de ce dernier. De la même manière, on ne peut dormir carnivore et se réveiller herbivore, ni faucons et se transformer en colombe. Le chef de terre a donc tout intérêt à préserver son poulain. Il se pourrait d’ailleurs que le nouveau locataire, peu habitué aux pratiques opaques, puissent résister à l’idée de coopérer à la spoliation habituelle du peuple souverain. Une telle situation pourrait faire grand bruit et mettre à mal « le buisines », attirant ainsi l’attention du peuple propriétaire sur les mécaniques en oeuvre. D’où l’intérêt à tout faire pour mettre hors d’état de nuire de nouveaux prétendants. Il se pourrait aussi que de nouveaux locataires veuillent connaître combien coûtait du reste le montant des anciens loyers, qui en étaient les réels percepteurs et pourquoi les percevaient-ils. Bref, un audit peut-être vite commandé qui pourrait mettre à nu des pratiques peu recommandables. Par ces temps de TCS de condamnations à de lourdes peines d’emprisonnement, il vaut mieux être prudent. Nos chefs de terre préfèrent dès lors, faire prévaloir l’omerta.

Tout ceci prêterait à sourire s’il ne s’agissait des questions autrement plus graves qui concernent notre devenir à tous en tant que nation et peuple en devenir. C’est justement ce devenir qui est menacé par le musèlement de l’opposition politique, à travers des techniques de plus en plus raffinées de répression administrative. Ces multiples crocs-en-jambe ont pour but, pour le MRC, d’empêcher Maurice Kamto et son parti, de marquer un second penalty. Pour le SDF, il s’agit de l’empêcher de tirer un corner qui pourrait être décisif et pour le PCRN de Cabral Libih, il faut essayer à tout prix, d’éviter de leur faire tirer en serait- ce qu’un coup franc. On sait d’ores et déjà que les arbitres que sont Elecam, la Commission Nationale de Recensement Général des Votes, ainsi que la Cour Constitutionnelle, portent tous les maillots du RDPC, ce qui créent toujours une grosse confusion dans le stade, à la fois pour les joueurs adverses et les spectateurs.

On peut d’ailleurs dire que ces organes à savoir Elecam, la Commission Nationale de Recensement Général des Votes, ainsi que la Cour Constitutionnelle, ont de la mansuétude pour leurs adversaires en souhaitant au moins qu’il y ait un match. Les sous-préfets dans leur configuration actuelle, exercent tel un pilote qui, mène les équipages et les passagers de l’opposition en bateaux, atterrissant, tantôt à Honolulu, tantôt en Alaska, tantôt à Acapulco, question de faire en sorte que l’équipe opposition, ne puisse jamais arriver à temps et se présenter au stade. Elle sera dès lors déclarer forfait, ce qui est du reste le but recherché. Tout un chacun mesure les dégâts que pourraient provoquer une telle attitude dans un pays marqué par une énorme pauvreté et qui compte sur le renouvellement de son personnel politique pour faire bouger les lignes. Le but de la manoeuvre est de rabrouer l’opposition, et de faire en sorte que celle-ci apparaisse aux yeux de l’opinion, comme incapable de transformation structurelle et sociale. Il s’agit de lui dénier toute prétention à gérer, à accéder à toute responsabilité politique y compris au niveau local. Cette prétention à l’hégémonie est du reste caractéristique du RDPC qui pense pouvoir jouer un rôle de leadership sur l’échiquier politique national. Un tel rôle lui a été confié voici bientôt 40 (quarante) ans sans que l’on puisse déceler des retombées palpables.

Le maintien de l’ordre : prétexte suprême

Ne point donner suite aux requêtes des partis d’opposition permet également au régime en place, de manoeuvrer pour ne pas se dédire et faire corréler les scores de l’opposition aux pourcentages attribués à différents candidats lors de la dernière présidentielle. En effet, le contraste pourrait être saisissant si d’aventure les candidats de l’opposition obtenaient plus de voix que celles qui devraient advenir de la péréquation de leurs différents résultats à la Présidentielle. Les couacs et les micmacs qui entourent les élections législatives et municipales ne constituent du reste que l’émanation de la volonté du MINAT de qui dépendent des sous-préfets, de faire la peau d’une opposition qui empêche le RDPC de tourner en rond. Le portail des camerounais de Belgique (Camer.be). Il faut préciser à ce sujet, que sous le prétexte du maintien de l’ordre, le MINAT avait, pendant l’incarcération de Maurice Kamto, menacé à plusieurs reprises de suspendre (Il vaut mieux entendre dissoudre) le MRC du fait des marches de protestation organisées pour exiger la libération des membres de ce parti. Dans le même temps, aucune entorse n’est faite au RDPC qui peut multiplier à l’envi ses manifestations à travers la République et au besoin, en organiser deux ou trois par jour et sous toutes les coutures. On l’a encore récemment vérifié le 6 novembre dernier, à l’occasion de l’accession à la magistrature suprême de qui on sait.

Le MINAT n’a jamais caché son aversion pour les partis d’opposition en général et le MRC en particulier. On se souvient du discours à poigne tenu par Atanga Nji lors de la dernière rencontre semestrielle avec les gouverneurs de Régions. Sous le sceau du maintien de l’ordre en effet, le MINAT, faisait des déclarations choc. Morceaux choisis : «Face aux menaces de déstabilisation et de remise en cause des institutions républicaines, devenues le sport favori de certains politiciens véreux en quête de notoriété, force doit rester à la loi.» ou encore : « Sous aucun prétexte, l’Etat de droit et les revendications des libertés publiques ne sauraient signifier l’anarchie et le désordre. Le Maintien de l’ordre doit être conduit avec courage, détermination et fermeté ».Il terminait son propos en invitant les gouverneurs à agir et à prendre des mesures concrètes « pour faire triompher la démocratie et l’Etat de Droit, pour préserver la stabilité des institutions de la République, et, partant, réunir les conditions préalables pour l’émergence, véritable cause nationale ».

Il faut espérer qu’il change d’avis et se laisse moins raidir car alors, Atanga Nji et ses sous-préfets, pourraient bientôt se retrouver au pays de si je savais. Déjà, le MRC pourrait ordonner l’envahissement des souspréfectures par ses militants au cas où les incartades de l’administration persisteraient.

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