Pourquoi le discours de Paul Biya est-il décalé pour les Lions ?
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Le calendrier républicain camerounais connaît un bouleversement inédit en cette fin d'année 2025. Traditionnellement attendu à vingt heures précises, le message du Chef de l'État à la nation a été avancé à dix-neuf heures. Cette décision administrative rare trouve sa justification dans la programmation d'une rencontre de la Coupe d'Afrique des Nations opposant le Cameroun au Mozambique. Si cette modification horaire semble technique, elle soulève des interrogations profondes sur la hiérarchie des priorités au sein de l'appareil étatique. Pour de nombreux observateurs, ce choix illustre l'ascendant pris par le sport roi sur les institutions solennelles.

Le contexte est d'autant plus particulier que Paul Biya vient d'entamer son huitième mandat après une prestation de serment historique en novembre dernier. Ce message de fin d'année constitue donc le premier exercice de communication directe avec le peuple depuis le début de cette nouvelle mandature contestée. En décalant cette intervention majeure pour un match de poule dont l'enjeu sportif est relatif, les autorités envoient un signal fort sur la place du football dans le contrat social camerounais. Le ballon rond est ici utilisé comme un vecteur d'unité nationale capable de moduler l'agenda de la présidence de la République.

Cette situation expose également une tension entre le temps du développement et celui du divertissement. Alors que les défis économiques et sociaux appellent à une attention accrue vers la politique de reconstruction, la primauté accordée aux Lions Indomptables interroge. Le football semble devenir l'unique terrain où le sentiment d'appartenance à la patrie est célébré de manière unanime, éclipsant parfois la portée symbolique des discours présidentiels. Ce glissement sémantique suggère que la passion sportive est devenue un outil de gouvernance à part entière.

En privilégiant la diffusion de la compétition continentale, le pouvoir en place reconnaît implicitement que le discours à la nation risque d'être inaudible s'il entre en collision avec les émotions collectives du stade. Cette stratégie de communication, bien que pragmatique, laisse certains citoyens perplexes quant à la sacralité des rendez-vous institutionnels. Le mandat présidentiel commence ainsi sous le signe d'une cohabitation étroite entre la haute politique et la culture populaire. Le décalage horaire imposé par la fédération sportive internationale devient le révélateur d'une société où les performances des Lions Indomptables dictent désormais le rythme de la vie publique. La politique camerounaise se retrouve ainsi à l'heure du sport, confirmant que le stade est devenu le second palais de l'unité. Finalement, cette décision entérine le statut du football comme pilier central de la stabilité sociale au Cameroun.

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