Grand Dialogue national: Voici le mémorandum du Mouvement Patriotique pour le Changement du Cameroun
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Grand Dialogue national: Voici le mémorandum du Mouvement Patriotique pour le Changement du Cameroun :: CAMEROON

Monsieur le Premier Ministre, Chef du Gouvernement. Excellence Monsieur le Premier Ministre, Chef du Gouvernement, suite au discours de Son Excellence Paul BIYA, Président de la République du Cameroun, à la nation camerounaise en date du 10 septembre 2019, je souhaite avant toute chose, saluer et féliciter les différentes réactions tant positives que négatives de l’ensemble des Camerounais, y compris ceux de la diaspora, suite à cette annonce.

Dans la vision de la quête de paix, de la stabilité du Cameroun et de la sous-région par tous, le Cameroun étant la porte et la locomotive de cette sous-région, sa stabilité est capitale sur les économies et les politiques de tous les autres Etats de l’Afrique centrale. Je voudrais à ce titre aussi, avant toute chose, saluer les efforts de l’ensemble des diplomates accrédités au Cameroun et toute la communauté internationale qui ont tous contribué à rendre possible ce dialogue.

A mon nom propre, et à celui de toute ma famille politique, nous vous prions de recevoir, nos sincères remerciements.

Excellence Monsieur le Premier Ministre, il est certes vrai, que ma double casquette d’Homme d’affaire et Leader Politique rend mon calendrier très chargé. Mais, comme tout Africain qui aime sa Patrie, j’aurai privilégié les intérêts de la Nation et de notre peuple, à mes affaires personnelles si j’avais été convié officiellement comme tous les autres qui participeront à ce grand dialogue, malheureusement comme beaucoup d’autres de mes compatriotes, du Cameroun, de la diaspora, des prisons, de l’exil, nous avons été soit oubliés, soit écartés où tout simplement exclus.

Qu’à cela ne tienne Excellence Monsieur le Premier Ministre, mon attachement à la paix, à l’unité de tous les Camerounais, mon devoir de patriote, de leader politique, d’opérateur économique de renom que nul n’ignore au Cameroun et à l’international, et mon statut d’acteur social, culturel et sportif bien connu, m’oblige malgré cette exclusion à ce grand dialogue, à vous adresser ma modeste contribution dans les lignes ci-dessous.

Excellence Monsieur le Premier Ministre, avec des larmes aux yeux, au regard du bilan approximatif qui s’établit comme il suit au 31 décembre 2018.

Après lecture de ce tableau Excellence Monsieur le Premier Ministre, plusieurs questions taraudent mon esprit.

1- Pourquoi après tant de morts, tant de blessés, tant de déplacés, tant d’exilés pour accepter un dialogue plusieurs années plus tard ?

2- Cet appel au dialogue n’est-il pas un signe de faiblesse où d’échec ?

3- Cet appel au Dialogue ne va-t-il pas, plus radicaliser les sécessionnistes et Boko-Haram ?

4- Les blessures ne sont-elles pas très profondes, pour être pansée aussi facilement par un simple dialogue de quelques jours ?

5- Et en fin, ce dialogue qui arrive si tardivement aujourd’hui, n’est-il pas une erreur stratégique qui n’aura pour seul effet final, que d’ouvrir une porte vers la demande d’une mise en place d’un gouvernement de transition ?

Loin des questions ci-dessus, que seuls la fin du dialogue et les résultats nous éclairerons sur l’avenir de notre Nation, je prie Dieu qu’il nous accompagne et nous éclaire dans ce dialogue qui pour moi, présente deux défis majeurs à savoir :

- Stopper les violences dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest afin que nos compatriotes de cette zone recouvrent une vie normale

- Engager de grandes reformes nationales afin d’instaurer un climat d’apaisement, de tolérance et du vivre-ensemble dans le respect de nos lois, coutumes et traditions réciproques.

Ce Grand Dialogue doit nous renvoyer au :

· Rassemblement de toutes les filles et fils du Cameroun autour du problème national camerounais.

· L’ouverture d’un grand débat national autour des grands sujets d’intérêt supérieur d’État (dévolus précédemment aux seuls décideurs), mais davantage à un nouveau contrat social.

· Il doit être la possibilité pour toutes les composantes de notre cher et beau pays de donner singulièrement son avis, son point de vue, son opinion sur la gestion de l’État.

Mais, et surtout :

· Il doit être la croisée des chemins, l’urgence de réinventer un système nouveau, cette fois-ci, qui mettra l’homme, le peuple, l’intérêt des populations, de la nation toute entière au cœur des préoccupations des hommes politiques.

MOI PRESIDENT, UN GRAND DIALLOGUE NATIONAL NE SAURAIT ET NE POURRAIT EFFICACEMENT SE TENIR SUR CINQ JOURS.

Au préalable et plusieurs mois plus tôt:

o Je ferai mener des consultations au sein des quartiers, des cantons, des villages, des villes, des arrondissements, des départements, des régions car en zone anglophone et à l’Extrême Nord du Cameroun, plusieurs quartiers, villes et villages et ont été totalement désertés.

o je ferai écouter le peuple à partir du bas afin de remonter l’information vers le haut par le biais des rapports effectués (ce travail peut être entrepris par des commissions créées (chefs traditionnels, sous-préfets, préfets, etc.).

o je donnerai la possibilité aux citoyens, notamment ceux des régions du Nord-Ouest, du Sud-Ouest et de l’Extrême Nord de s’exprimer afin de donner leurs avis sur ces crises en particulier et sur la situation du Cameroun en général. On ne saurait se limiter aux simples délégations comme c’est le cas fait actuellement.

De mon point de vue, les travaux du 30 Septembre au 4 Octobre devraient marquer la période d’ouverture de ce grand dialogue national, qui donnera l’occasion de créer pendant les assises du 30 septembre au 4 octobre différentes commissions, qui iront par la suite à la rencontre de tous les Camerounais, dans les quartiers, dans les cantons, dans les villages, dans les villes, dans les arrondissements, dans les départements, dans toutes les régions du Cameroun, sans oublier la Diaspora.

Pendant cette période qui doit durer au minimum 2 à 3 mois, rencontrer et aller dialoguer dans les prisons à l’étranger avec tous les Camerounais, impliqués dans les conflits du Nord-Ouest, Sud-Ouest, Extrême-Nord, ainsi que tous nos frères et sœurs dans les prisons pour des raisons politique, économique etc... Ce n’est qu’à partir de cet instant seulement, que ce Dialogue aura un sens.

MOI PRESIDENT ET PATRIOTE, CE DIALOGUE DOIT METTRE EN AVANT L’INTERET SUPERIEUR DE L’ETAT & L’INTEREUR DES POPULATIONS.

L’intérêt supérieur de l’État

· Refonder notre État en adoptant une approche qui alliera la fédération et la décentralisation.

· Tendre une oreille particulière aux revendications des populations (fédéralisme, territorialisation sur une base communautaire, autonomie, replis identitaire, etc.)

· Reconfigurer le redécoupage administratif de manière à ce qu’il satisfasse, mais surtout, apaise les tensions communautaires.

· Engager de grandes réformes constitutionnelles et institutionnelles permettant aux communautés de s’épanouir et de favoriser le vivre-ensemble et plus tard, l’accélération de l’intégration nationale et enfin l’unité nationale.

· Donner au Cameroun la possibilité de configurer ses territoires sur une base communautaire, afin de permettre à ces communautés de commémorer leurs histoires, de développer leurs cultures dans le cadre de la situation linguistique qui est la nôtre.

· Aborder la crise anglophone, sujet principal de ce dialogue, comme un moyen permettant d’engager de grandes reformes sur des sujets préoccupants d’intérêt national, dont toutes les régions du Cameroun, sont familiers.

· Instaurer un code d’éthique relatif à la gestion des ressources de l’État.

· Respecter strictement toutes les clauses de la constitution.

L’intérêt supérieur des populations

· Créer des conditions-cadres de concertation, de consultation, de contrôle et de suivi-évaluation des projets par les populations, dans leurs circonscriptions territoriales.

· Accélérer et achever le processus de décentralisation en assurant aux collectivités, assez d’autonomie, leur permettant de s’autogérer.

· Institutionnaliser, légaliser et légitimer des structures locales de développement, à l’instar des comités de développement, comme un véritable contre-pouvoir local.

· Impliquer les populations dans le choix prioritaire de leurs besoins, la conception, l’élaboration, le suivi et évaluation des politiques publiques s’adressant à leurs circonscriptions territoriales, en passant parfois par le contrôle et la sanction.

· Rendre comptes de la gestion des ressources publiques disponibles à tout citoyen qui en fait la demande.

À la suite de cette orientation, on pourrait donc faire des propositions selon l’ensemble des thématiques édictées par le Président de la République, Chef de l’État.

Propositions

Ø L’unité nationale

Identifier un idéal commun accepté par toutes les composantes de notre pays.

Réunir toutes les communautés, tribus et ethnies autour de cet idéal commun.

Fixer un objectif national ou des objectifs nationaux sur une base consensuelle

Promouvoir un cadre de justice sociale qui donne l’impression à toutes les ethnies, tribus et communautés d’être égales devant la loi (redistributions des richesses, accès au pouvoir et à la gestion de l’État, etc.)

Fixer et faire appliquer au quotidien le principe selon lequel le « Cameroun » est un patrimoine commun.

Renforcer notre sentiment national en s’identifiant à travers nos origines communautaires en lieu et place de stéréotypes colonialistes (francophonie et anglophonie).

Ø L’intégration nationale

Identifier les grands groupes communautaires et reconfigurer les territoires sur cette base.

Adopter un système bidimensionnel, avec des lois de la république (en amont) obéissant au principe du bilinguisme et des lois locales (en aval) obéissant au principe du multiculturalisme.

Imposer le respect de ce double système à tous les citoyens où qu’ils soient, qu’ils vivent, où qu’ils travaillent dans la république (soumission aux lois de la république et aux lois de la localité de résidence ou d’accueil).

Ø Le vivre-ensemble

Adopter et promulguer une loi contre le tribalisme au Cameroun.

Pénaliser les actes de tribalisme et renforcer les mécanismes de promotion du vivre-ensemble.

Donner une place à chaque Camerounais dans notre société, lui donner tous ses droits et lui apprendre tous ses devoirs.

Ø Le bilinguisme

Respecter les engagements de 1961 pour ce qui est du bilinguisme et tolérer l’héritage colonial et la réalité linguistique qui est la nôtre, tout en créant des mécanismes de valorisation de nos langues locales et patrimoines locaux.

Ø La diversité culturelle

Convoquer les états généraux des langues et cultures au Cameroun.

Fédérer les langues et les tribus au sein de grands groupes communautaires.

Organiser et structurer les communautés par un contenu qui les rassemble, unifie et rapproche (langue, culture, tradition).

Ø La cohésion sociale

Renforcer ou créer des lois de tolérance et d’acceptation de tous, malgré la religion, les origines ethniques ou tribales.

Harmoniser les lois de la république et les lois locales.

Amnistier certains leaders condamnés dans le cadre de la crise anglophone et la crise post-électorale.

Libérer tous nos frères et sœurs qui sont en prison pour des raisons politiques ou d’opinion.

Libérer ceux, emprisonnés pour des raisons économiques à la condition qu’ils rétrocèdent à l’État du Cameroun, les avoirs et biens volés au peuple camerounais.

Ø La reconstruction et le développement des zones touchées par le conflit

Construire des logements sociaux

Faciliter l’accès à la propriété foncière par des prêts à taux réduits par les plus démunis.

Créer un service public de la caution qui permettra à l’État de garantir un emprunt à celui qui n’a pas de garanties à fournir. Ce projet pilote pourra être initié dans les trois régions du Nord-Ouest, Sud-Ouest et Extrême Nord, avant de s’étendre dans le reste du Cameroun.

Ø Le retour des réfugiés et des personnes déplacées

Garantir à chaque famille, la réappropriation de ses terres et construire un logement décent à toute famille ayant perdu son logement.

Créer un plan d’assistance et d’accompagnement aux déplacés internes et réfugiés, leur permettant de recouvrer progressivement le sens de leur vie et la dignité humaine sur une période de 10 ans.

Ø Le système éducatif et judiciaire

Convoquer les États généraux, conseils pluriels, revoir le code civil et pénal qui va susciter une harmonisation d’un code unique.

Convoquer les états généraux de l’éducation qui vont jeter les bases d’un système éducatif national conjoint et harmonisé.

Créer des brigades des mineurs dans les grandes zones urbaines.

Supprimer des peines de prison pour les mineurs en correctionnel et développer des centres éducatifs renforcés pour les mineurs avec encadrement militaire.

Rendre le pouvoir judiciaire indépendant vis à vis de l’exécutif.

Introduire des jurys aux côtés des magistrats pour toutes les affaires criminelles.

Veiller au respect scrupuleux des dates butoirs pour la détention préventive et la présence obligatoire d'un avocat dès la première heure de garde à vue et ce dans un délai raisonnable.

Installer des Notaires et Huissiers dans la ville de leur choix tout en prenant des mesures incitatives pour ceux qui s’installent dans les localités mineures.

Créer et multiplier des centres de formations professionnels.

Revaloriser le statut de l’enseignant et améliorer ses conditions de travail ainsi que son traitement global.

Augmenter les capacités d'accueil de l'enseignement primaire et secondaire pour ramener les effectifs actuels de 100 à 50 élèves maximum par classe aux niveaux primaire et du secondaire.

Affecter des enseignants dans les régions presque abandonnées, en adoptant des mesures incitatives telle une prime d’enclavement de 15% et un logement gratuit.

Mettre en place un soutien scolaire gratuit pour tous les élèves et scolarisation obligatoire de 4 à 10 ans dans toutes les régions du territoire.

Recruter massivement des surveillants formés, d'infirmières scolaires et d'assistantes sociales en milieu scolaire, avec un ratio de 1 pour 500 élèves pour les assistantes sociales et infirmières et 2 pour 500 pour les surveillants.

Élargir l’accès des jeunes à l’enseignement supérieur et l’augmentation du budget des universités.

Créer trois nouvelles universités de classe mondiale dans les domaines de l’ingénierie, de l’agriculture et de nouvelles technologies de l’information et de la communication.

Créer trois grandes écoles spécialisées dont : une école de médecine, une école de médecine vétérinaire et une école de management privé et public.

Ø La décentralisation et le développement local

Mettre en œuvre une politique efficace de décentralisation et de déconcentration et transférer équitablement, les compétences et les ressources nécessaires aux collectivités territoriales.

Ø La démobilisation et la réinsertion des ex-combattants

Revoir la réaction gouvernementale dans le NOSO

Créer des sections d’éducation à la vie civique et patriotique

Créer des sections d’apprentissage à un métier professionnel dans les centres de désarmement, de démobilisation et de réinsertion (CDDR).

Ø Le rôle de la diaspora dans le développement du pays

Intégrer le principe de double nationalité dans la Constitution.

Améliorer l’environnement des affaires et de la protection sociale des entrepreneurs.

Encourager tous nos frères et sœurs qui ont des grosses fortunes à l’extérieur comme à l’intérieur du Cameroun, à investir dans des secteurs d’activités générateurs d’emplois et de valeur ajoutée.

Ma crainte pour ce dialogue national tant attendu par tout le peuple et la communauté internationale, est qu’il « accouche d’une souris » car beaucoup de manquements relevés dès le départ dans la convocation et l’organisation de ce dialogue :

· Les invitations ciblées

· L’orientation des thématiques par le chef de l’État.

Malgré les manquements constatés et dans un élan patriotique et citoyen, le Mouvement Patriotique pour le Changement du Cameroun (MPCC) par le biais de son Président National, Jean Blaise GWET, apporte à travers ce Mémorandum, sa modeste contribution à ce dialogue et reste disponible à y participer à condition d’y être officiellement invité.

Excellence Monsieur le Premier Ministre, toutes mes prières vous accompagnent dans cette épreuve. Que Dieu vous guide et accompagne notre peuple, afin qu’à la sortie de ce premier rendez-vous, l’unité et la paix puissent régner dans notre Nation et dans le Cœur de chacun de nos Enfants.

Bonne Chance !

Fait à Paris, le 26 Septembre 2019

Jean-Blaise GWET

Président national du MPCC

Mouvement Patriotique Pour Le Changement Du Cameroun jbgwet@yahoo.fr 

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