CHRONIQUES INEDITES DE L’EPOQUE D’AHMADOU AHIDJO …
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L’idée d’écrire ces petites chroniques de l’époque du Président Ahidjo m’est venue en découvrant que de nombreux événements que j’avais vécus ou dont je savais le déroulement du temps de mon enfance, sont totalement méconnus des Camerounais, alors qu’ils ont marqué l’époque où ils se sont déroulés.

J’en ai ainsi rassemblés six que j’ai décidé de porter à la connaissance du public.


L’inespérée élection d’Etéki SG de l’OUA à Mogadiscio en 1974

1974. Nzo Ekangaki est Secrétaire Général de l’OUA, l’Or-ganisation de l’Unité Africaine. Il est né à Nguti près de Kumba. Il est le fils de Joseph Ekangaki et de Pauline Tukubato. Dans les années 1950, il a écrit deux livres An Introduction to Eastern Kamerun, publié en 1956, et To the Nigeria People, publié en 1958.

Après des études supérieures en Allemagne Fédérale, il est de retour au Cameroun. Peu de temps après, il est élu à l'Assemblée du Cameroun méridional, puis désigné député fédéral en 1962, au lendemain de la réunification.

Il entre dans le gouvernement fédéral la même année au poste de vice-ministre des Affaires Étrangères. Trois ans plus tard, en 1965, il est nommé Ministre du Travail et des Lois Sociales.

En 1972 il devient Secrétaire général de l’OUA, et succède à Diallo Telli de Guinée Conakry. Il est une fierté pour les Camerounais.

Mais, celle-ci sera malheureusement de courte durée. Bien vite, Nzo Ekangaki s’empêtre dans une sordide histoire de pots-de-vin avec une firme du nom de Lonrho, qui traite avec l’Afrique du Sud en plein régime de l’Apartheid honni par toute l’Afrique noire. Le Cameroun en est considérablement

éclaboussé. Il devient, « le Camerounais qui souille tout le continent africain par sa cupidité ». D’importantes sommes d’argent sont avancées par la presse. Elles auraient été placées dans un compte à Londres. Ahmadou Ahidjo en est outré. Les Camerounais quant à eux en sont meurtris. Ils n’en parlent même pas tellement ils en ont honte.

Le prochain sommet de l’OUA est à Mogadiscio, il est question de son limogeage au cours de celui-ci. Il a souillé de manière inqualifiable l’Afrique tout entière. Il ne peut continuer à exercer les fonctions de SG de l’OUA. Le Président Ahidjo décide en désespoir de cause de s’y rendre, dans l’espoir de sauver la face. Il amène avec lui un joker, William Eteki Mboumoua, qu’il compte proposer à la place de Nzo Ekangaki dont le mandat est encore de deux années.

Après les cérémonies d’ouverture du sommet, il se rend compte que nul parmi les autres chefs d’Etat, ne désire plus entendre parler du Cameroun au Secrétariat général de l’OUA. Il prend l’avion l’âme en peine, pour la France, où il est propriétaire d’une résidence au sud à Grasse, dans la banlieue de la ville de Nice. A quoi bon continuer à assister aux débats, et subir les regards réprobateurs de ses homologues ? La délégation camerounaise reste conduite par Vincent Efon, Ministre des Affaires Etrangères.

Dernier point de l’ordre du jour du sommet, le remplacement de Nzo Ekangaki le corrompu, par un nouveau Secrétaire Général à élire. Le Ministre Vincent Efon prend la parole, et présente les excuses les plus plates du Cameroun pour le fâcheux comportement de Nzo Ekangaki. C’est à peine s’il ne se met pas à genoux. Puis, il suggère qu’étant donné que ce dernier a été élu pour un mandat de quatre années pour le compte du Cameroun, qu’il soit permis à un autre Camerounais d’achever ce mandat. Et ce Camerounais s’appelle William Eteki Mboumoua, il a déjà été Ministre de l’Education Nationale et de la Culture au Cameroun et a même présidé l’Assemblée Générale de l’UNESCO, en d’autres termes, sa stature internationale ne fait l’ombre d’aucun doute.

Lorsqu’il cesse de parler, le tollé est général dans la salle. Des injures fusent. Plus personne ne désire plus vouloir entendre parler du Cameroun. Eteki Mboumoua assis à côté de lui se

rend à l’évidence, il n’a aucune chance. Il consulte sa montre-bracelet, il est déjà 18 h. Il annonce à Vincent Efon qu’il retourne à l’hôtel, en attendant le lendemain pour rentrer à Yaoundé avec toute la délégation. Il quitte la salle, dîne en solitaire, se couche et dort.

2 h du matin. Son téléphone sonne. Il sort de son sommeil. « Allo ! ». « M. Etéki ? ». « Oui, c’est lui-même … ». « Ici Efon, rhabillez-vous de toute urgence et revenez dans la salle, je dis de toute urgence, et n’oubliez pas de ramener votre CV ».

William Eteki Mboumoua n’y comprend absolument rien. Il se rhabille néanmoins en catastrophe. Peu de temps après, il se retrouve dans la salle plénière où se tient le vote du nouveau SG de l’OUA. Le président de séance est soulagé par son arrivée. Que s’est-il passé ?

Une fois rentré à l’hôtel, le vote a démarré. Plusieurs pays ont présenté des candidatures, et finalement deux se sont retrouvées au second tour. Impossible de les départager après plus de quatre votes successifs. Impasse. Blocage. Aucune des deux délégations ne désire retirer sa candidature au profil de l’autre. Unique solution, ramener le candidat de substitution du Cameroun.

Etéki monte au podium. Il délivre un speech totalement improvisé. En camerounais, on devrait dire, « il se met à manger a bouche ». Bla-bla-bla-bla-bla-bla-bla. Il mélange le français et l’anglais pour épater l’assistance et s’attirer les voix des délégations des anciennes colonies britanniques.

On passe au vote. Il est candidat unique. Les deux autres candidats que ne départageaient guère le vote se sont subitement et spontanément retirés. Finalement, Etéki est élu par acclamation. Il est 4 heures du matin…

Lorsque se lève le jour, Vincent Efon se démène comme un diable pour joindre le Président Ahidjo qui est déjà dans sa propriété à Grasse. Il y parvient au bout de mille peines. Mais, son excellence est encore couchée, décalage horaire oblige, entre la Somalie et la France, environ 2 heures. Vincent Efon insiste auprès du majordome. Celui-ci accepte de réveiller Ahidjo.

  • Allo ! M. le Ministre, qu’y-t-il ?
  • Coup de théâtre, excellence, coup de théâtre …
  • Euh … c’est-à-dire ?
  • Excellence, Etéki a été non seulement élu, mais non pas pour achever le mandat de Nzo, mais pour entamer un mandat entier de quatre ans.

Le téléphone échappe des mains d’Ahidjo et tombe par terre, tellement sa surprise et sa joie sont immenses.

— Quoi !!!! Soubanalaye !!!!!!!!!

Il se met à rire aux larmes. Il appelle Germaine, l’en informe. Elle aussi tombe des nues. Il rit, rit, rit, rit, puis s’adresse à nouveau à son Ministre des Affaires Etrangères.

  • Efon !
  • Oui, excellence !
  • Efon !
  • Oui, excellence !
  • Euh … je … euh … bon … euh … bon … tu laisses la délégation rentrer au Cameroun, ok, (il ne vouvoie plus son Ministre), tu la laisses rentrer, et tu viens me retrouver ici, compris ?
  • Oui, excellence, je prends le premier vol disponible excellence.

Lorsque Vincent Efon arrive à Grasse, le Président Ahidjo lui révèle qu’il avait déjà décidé de le limoger et de l’envoyer au quartier. Mais, avec le terrible exploit qu’il vient de réaliser, il le maintient au gouvernement. Il demeurera Ministre des Affaires étrangères pendant une année encore, jusqu’en 1975…


Table

Avant-propos

Chapitre I :

Paris-Douala avec Ahmadou Ahidjo à bord dans un vol CAMER en 1976

Chapitre II :

Le limogeage du Ministre Njiensi Michel qui décida de « détribaliser » le football

Chapitre III :

L’inespérée élection d’Eteki Mboumoua SG de l’OUA à

Mogadiscio en 1974

Chapitre IV :

L’arrivée du 1er avion de la Cameroon Airlines à Yaoundé en 1971

Chapitre V :

La douloureuse défaite de la CAN en 1972 à Yaoundé

Chapitre VI :

Le mystérieux crash aérien de l’émissaire français venu « démissionner » Ahidjo en 1980

Enoh Meyomesse


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