Cameroun, Abdoulaye Haman, Président du SNTHC « Le BGFT est géré comme une épicerie familiale. »
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Cameroun, Abdoulaye Haman, Président du SNTHC « Le BGFT est géré comme une épicerie familiale. » :: CAMEROON

Apres sa sortie épistolaire la semaine dernière, la rédaction a rencontré le président du Syndicat national des transporteurs hydrocarbures du Cameroun (SNTHC). L’échange a porté sur la situation de ce secteur d’activité mais beaucoup plus sur ce qui est convenu d’appeler l’Affaire BGFT. Edifiant

M le Président, vous venez d’adresser une correspondance au Premier ministre, Chef du gouvernement. Qu’est ce qui a bien pu justifier pareil acte ?

Je vous remercie de cette occasion que vous me donnée afin que je m’exprime sur cette actualité. Vous le savez bien, après l’élection présidentielle, le chef de l’Etat a nommé un nouveau Premier ministre pour conduire sa politique. Il était de bon ton que notre syndicat, par ma voix adressât déjà ses vives félicitations au nouveau premier ministre, tout en lui rassurant de notre soutien, celui des transporteurs des hydrocarbures à l’accompagner dans sa lourde et difficile mission.

Et cela a aussi été une bonne occasion de présenter un état des lieux de votre secteur d’activité….

Bien évidemment, nous en avons profité pour attirer son attention sur les véritables problèmes qui minent notre secteur d’activité. Vous êtes sans ignorer que depuis quelques jours, la chronique fait état des remous dans le secteur du transport et nous avons donc tenu à mettre les choses au clair…

Est-ce à dire que vous ne vous reconnaissez pas dans un quelconque appel à la grève ?

Nous sommes formels là-dessus : Le Syndicat National des Transporteurs d’Hydrocarbures du Cameroun (SNTHC) n’a jamais appelé ses membres à un mouvement de grève. Astucieusement, ces individus qui ont lancé ce mot d’ordre de grève ont adossé à leurs revendications, certaines de nos

préoccupations mais en réalité, c’est pour juste préserver certains de leurs avantages illégalement acquis et qu’ils n’aimeraient pas perdre. Ils avaient d’autres visées à savoir la désinformation de l’opinion sur la situation du BGFT, le Bureau de Gestion du Fret Terrestre. Voilà pourquoi nous avons dénoncé cette manipulation.

Parlant justement de cette manipulation, qu’en est-il ?

Vous savez certains individus ont pris le BGFT en otage depuis plus de deux décennies. Ils se sont substitués à l’Etat créant même leurs propres impôts et taxes et encaissant au passage des sommes faramineuses se chiffrant à des dizaines des milliards de FCFA. Ce qui fait que toute volonté de l’Etat de voir clair dans le fonctionnement de cette structure est considérée comme une déclaration de guerre. C’est pourquoi ils utilisent les noms des transporteurs pour faire un chantage organisé à l’Etat à travers des préavis de grèves fantoches, sachant du fond de leur cœur qu’aucun transporteur ne les suivra dans cette démarche, mais misant sur le fait que l’Etat tient beaucoup à la préservation de la paix sociale et qu’on n’arrivera pas au stade de la grève. D’où leur victoire en obligeant l’Etat à mettre un peu d’eau dans son vin. Pour votre gouverne ces mêmes transporteurs qu’ils disent défendre veulent plutôt faire grève contre ces oppresseurs afin que l’Etat les en débarrasse. Donc en résumé ces prédateurs ont pris en otage non seulement le BGFT, mais aussi les transporteurs des marchandises diverses et le fret.

Qu’en est-il de la gestion même du BGFT ?

Le BGFT est géré comme une épicerie familiale. L’orthodoxie financière n’existe pas de ce côté-là. Une structure qui dit exister depuis 1993 et donc l’ouverture du premier compte en banque remonte à l’année 2010, à vous de comprendre. Les gestionnaires actuels du BGFT étaient déjà recherchés pour complicité de détournements des biens publics dans le cadre du Bureau Commun et les mêmes causes produisant les mêmes effets vous pouvez tirer vous-même votre propre conclusion.

Est-ce à dire qu’il y’a des détournements au BGFT ?

A mon avis je crois que oui selon la « gestion de fait », parce que dans les missions du BGFT figurent entre autre la collecte des taxes et impôts afférent au transport pour le compte de l’Etat et des collectivités locales. Sur ce dernier point, depuis sa prétendue création, le BGFT a collecté des droits des timbres

pour l’établissement des lettres de voiture, a vendu les vignettes CEMAC sans en reverser un seul franc à l’Etat depuis plus de 25 ans. Aujourd’hui certains individus dotés d’une moralité douteuse estime que le BGFT est une entité privée voire un syndicat. La question qu’on se pose est la suivante : l’Etat va-t-il crée un syndicat et confié la gestion à des individus ? Si même tel en était le cas, je crois qu’ils devraient rendre compte à leur créateur mais s’obstinent systématiquement allant jusqu’à poser des actes de gangstérisme.

Que pensez-vous de la mission du Contrôle Supérieur de l’Etat dans cette structure ?

Mon point de vue est celui de tous les transporteurs des différents secteurs confondus. Cette mission est salutaire pour tout le monde à l’exception des prédateurs de cette structure ; d’ailleurs après ma correspondance adressée au Premier Ministre, j’ai reçu beaucoup d’appels de désespoir des transporteurs des marchandises autre que les hydrocarbures me suppliant de leur venir en aide pour les sortir des griffes de ces prédateurs sans foi ni loi. Nous avons aussi rencontré l’administration et leurs avons proposé notre entière collaboration et expertise technique pour les aider à mieux mener leur mission.

Qu’en est-il de la création du BGFT ?

Vous savez moi je suis un légaliste, du point de vue légal le BGFT n’existe pas pour moi car il n’a jamais été créé. Son acte de création n’existe nulle part, il résulte de la cacophonie administrative orchestrée par les ministres de transport d’antan qui volontairement ou par méconnaissance ont pris des décisions en l’occurrence la décision numéro 1107/ MINT/DT du 26 aout 1993 organisant un bureau qui n’existait pas parce qu’à l’époque c’était le Bureau Commun qui existait, et la décision numéro 483/MINT/DTT du 04 avril 1997 précisant les modalités de fonctionnement du bureau du BGFT. Cette dernière décision ignorant subtilement celle organisant le BGFT en l’occurrence la décision 1107/MINT/DT du 26 aout 1993 mais se référant à celle créant le Bureau Commun tout en parlant du BGFT.

Concernant cette création, qu’elle est la solution selon vous ?

La solution pour moi est la suivante, il faut un texte de régularisation afin que la régularité aille à la rencontre de la légitimité pour que le fait antérieur fasse l’objet de captation par la règle de droit. L’objectif final étant d’instituer la symbiose entre ce qui est préalablement fait en marge de la légalité et ce qui doit être fait conformément aux textes.

Que doivent faire les pouvoirs publics pour redynamiser le secteur des transports des marchandises ?

Vue l’importance du transport dans l’économie d’un pays, je crois qu’il est urgent vu l’état agonisant de ce secteur de le réorganiser et cette réorganisation passe par deux chemins selon moi : Créer une nouvelle structure en charge de la gestion du fret partant de l’arrêté présidentiel N° 157/CAB/PR du 20 mars 1989 portant création du conseil national des transports (CNT) ou de la décision légale 1550 du 20 mars 1991 portant création du « Bureau Commun » Créer un comité de normalisation du BGFT en impliquant tous les acteurs du secteur

Monsieur le président, quels sont les problèmes que vous rencontrez dans votre propre secteur d’activité ?

Tout a été dit dans ma correspondance adressée au premier ministre chef du gouvernement mais à cela nous pouvons ajouter la spoliation des nos transporteurs par le BGFT et l’arnaque de certains marketers retenant les coulages à la température ambiante au lieu de 15° Celsius

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