Législatives : Le découpage électoral qui dérange
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Pourquoi la représentation des citoyens camerounais à l'Assemblée nationale fait problème.

La répartition des sièges de députés par circonscription électorale à l'Assemblée nationale est évidemment un enjeu majeur de contrôle du pouvoir. La perspective des prochaines élections législatives focalise à nouveau le débat autour de la question. "Le découpage électoral actuel, malheureusement, est là pour favoriser le parti au pouvoir. Il ne répond à aucune norme", regrette Hilaire Kamga, expert en questions électorales. L'info claire et nette. Le chef de l'État à qui incombe la charge de la répartition des sièges de députés par circonscription électorale, prérogative qu'il exerce par décret, ne s’embarrasserait pas de critères objectifs et consensuels pour opérer ses choix.

La dernière répartition date du 3 juillet 2013. Emmanuel Ntonga, cadre du Sdf dénonce un découpage arbitraire : "Le Dja et Lobo dans la région du Sud originaire du chef de l'État a 170 000 habitants et 5 députés or la Mifi dans la région de l'Ouest qui compte plus de 300 000 habitants se retrouve avec 2 députés seulement."

Dja et Lobo

Depuis le retour au multipartisme dans les années 90, le parti du chef de l'État remporte systématiquement la totalité des sièges en jeu dans le département du Dja et Lobo. "Tout pouvoir a traditionnellement le bénéfice du découpage électoral", justifie James Mouangue Kobila, constitutionnaliste et cadre du Rdpc. Faut-il pour autant faire fi des critères objectifs qu'imposent une représentation juste et équitable des populations ?

Marafa Hamidou Yaya, ancien ministre de l'Administration territoriale et de la Décentralisation, autrefois en charge des élections, incarcéré depuis 2012, préconise au sujet du découpage électoral une réforme : "Faire que tous les députés représentent un nombre de citoyens à peu près égal, conformément aux normes universelles applicables – dont la justification se passe d’explication."

Les chiffres officiels montrent que la répartition actuelle des sièges de députés par régions ne sont plus le reflet de la réalité démographique du Cameroun. Pis, l’accroissement démographique galopant et surtout l’exode rural sont des données en évolution permanente qui semblent ignorées. L'équité devrait interdire qu'un député de la région du Littoral représente 2,4 fois plus de citoyens qu’un député de la région du Sud. Des circonscriptions ont ainsi plus de sièges que d'autres, pourtant 5 voire 7 fois plus peuplées. "Les modalités pratiques de la modification de cette répartition est la responsabilité du gouvernement", souligne Marafa H. Yaya rappelant un simple principe de bon sens : "Réaffirmer par la loi que l’Assemblée nationale doit être élue sur des bases démographiques."

Base démographique

Le président de la République, seul, peut normaliser cette curiosité camerounaise, même si le constitutionnaliste, James Mouangue Kobila souligne que "Les Etats Unis ont institué ce qu’on appelle le gerrymandering qui permet à l’exécutif en place de découper les circonscriptions pour essayer de conserver un avantage politique."

Au total, la crédibilité de l'élection législative prévue cette année passe aussi par une répartition consensuelle des sièges de député à l'Assemblée nationale. Le chef de l'Etat est confronté au droit de tous les Camerounais, où qu'ils soient, à se faire représenter de façon équitable dans l'hémicycle du Palais des verres.

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