Françoise Puene : L’Etat doit nous aider à échelonner les crédits à la banque
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Plus connue sous le pseudonyme « Mamy Nyanga », la promotrice de l’établissement Franco, retenu parmi les hôtels censés accueillir les équipes de la Coupe d’Afrique des nations 2019, révèle le préjudice posé par le retrait de cette compétition au Cameroun et appelle les responsables de ce fiasco à la démission.

En prélude à la Coupe d’Afrique des nations (CAN) de football 2019 qui devait se jouer au Cameroun, votre hôtel a été retenu pour loger certaines équipes. Dans ce sens, vous avez fait des investissements. A combien les évaluez-vous ?
C’est comme un coup de marteau que j’ai personnellement reçu après l’annonce du retrait de la CAN par la Confédération africaine de football (Caf) au Cameroun. Certains ne peuvent pas l’imaginer, mais des Camerounais sont perturbés par cette décision de la Caf. Mais pour nous en particulier, cette situation est très difficile parce que nous avons investi à peu près 9 milliards Fcfa pour attendre cette CAN et nous l’avons fait parce que le gouvernement a fait pression sur nous et nous étions convaincus que cette CAN aurait lieu au Cameroun. Et vous avez vu que les pouvoirs publics ont non seulement donné la garantie aux Camerounais, mais aussi au chef de l’Etat qui s’est engagé devant les Camerounais, devant les Africains, devant le monde entier et parce que certaines personnes ont donné cette assurance que la CAN aura lieu. Je pense que les responsables ne doivent pas attendre que leurs têtes tombent. Pourquoi ne démissionnent-ils pas ? Quand on conduit tout un pays à l’échec, on doit reconnaître qu’on n’a pas fait ce qui était attendu et démissionner. Aujourd’hui, je ne sais à quel saint me vouer. Le portail de la diaspora camerounaise de Belgique. Je suis à la croisée des chemins parce que quand on a investi une telle somme, les gens vont dire mais, vous avez fait tout cela seulement pour un mois. Sauf que la CAN ce n’est pas seulement un mois. Vous avez deux mois avant la compétition et nous avons été présélectionné à la poule A et à la Poule C. Cela signifie que c’est nous qui devions accueillir les équipes qui allaient jouer les matchs d’ouverture et la finale. Cela suppose qu’on devait faire des recettes deux mois avant, un mois pendant et au moins un moins après parce que la CAN ce n’est pas un évènement où les gens arrivent le matin et jouent le soir. Nous avons près de quatre mois au cours desquels le Cameroun devait être en pleine activité avec cette compétition de grande envergure. Le minimum des recettes de la CAN est de quatre à cinq mois, c’est pour cette raison que nous avions l’obligation d’ouvrir l’hôtel au plus tard le 30 mars 2019. C’est l’engagement que nous avons pris avec la commission de la CAN parce que nous avons eu des dizaines de séances de travail. Elle a fait des descentes sur le terrain et nous avons même eu à faire certains travaux même dans le bâtiment A, ceci pour répondre aux exigences de la commission de la CAN. Nous sans oublier que les ouvriers travaillaient de jour comme de nuit pour livrer à temps les infrastructures.

De manière concrète, quels sont les travaux que vous avez effectués sur le plan technique ?
Avant, nous avions 80 chambres, mais la capacité a été multipliée par deux. Parlant des autres infrastructures, on nous a obligés à avoir au moins trois restaurants, trois salles dans lesquelles les joueurs devaient se réunir et faire les bilans d’après-match. Mais il n’y a pas que cela, il y aussi la visibilité du Cameroun sur le plan international qui devraient, après cette CAN, nous ramener beaucoup plus de visiteurs. Ce n’est pas parce que les gens regardent seulement les mois du match. Pour nous, ce n’est pas seulement cela et nous nous sommes engagés ainsi. Maintenant, avec les banques, nous ne savons plus quoi faire. C’est pour cette raison que je vous dis que nous sommes à la croisée des chemins.

Avez-vous fait tous ces investissements avec l’aide d’un partenaire ou sur fonds propres ?
Les investissements ont été faits beaucoup plus sur fonds propres. Mais aussi avec l’aide de quelques partenaires camerounais. Je vous assure qu’aucun investisseur étranger ne vient construire au Cameroun. Il vient puiser ce qu’il peut.

Est-ce possible d’évaluer ce que cela vous cause comme pertes à ce jour ?
Nous ne pouvons pas évaluer les pertes à ce jour parce que nous sommes déjà dans l’investissement et cela n’a pas encore de retour. Par exemple, quand vous allez à la banque et que vous avez un différé de crédit d’un an et que vous allez demander ce différé sur deux ans, cela est un gros impact financier que nous avons sous la main.

Cette situation va-t-elle vous amener à revoir l’effectif du personnel ?
On ne peut pas revoir l’effectif du personnel parce que lorsqu’on est dans un standard, on a un minimum de personnel qui doit travailler. Actuellement, nous avons 80 personnels qui travaillent par mois ici, on ne peut pas réduire cet effectif.

Quelle est la suite qui sera réservée au chantier étant donné que la CAN 2019 a été retirée au Cameroun ?
Nous allons poursuivre les travaux car tout le matériel est entreposé dans le chantier. Nous allons continuer le chantier et notre objectif c’est d’être prêts le jour-J pour cette CAN, même si elle n’aura pas lieu au Cameroun.

Comment comptez-vous faire pour récupérer les fonds investis ?
Nous ne pouvons que compter sur les pouvoirs publics. Nous espérons qu’ils feront quelque chose pour nous. Nous espérons beaucoup compter sur le chef de l’Etat.

Qu’attendez-vous concrètement des pouvoirs publics ?
Nous attendons que le chef de l’Etat nous aide à échelonner ce crédit à la banque, qu’il nous accompagne. Déjà, je suis en colère parce qu’il semble qu’il y a d’autres entreprises qui ont bénéficié de l’accompagnement du gouvernement du Cameroun. Moi, je n’ai rien reçu. Est-ce que c’était une politique du « deux poids deux mesures » ? Je n’en sais rien. Mais si c’est avéré, cela devait créer une concurrence déloyale. Maintenant, nous attendons la suite que les pouvoirs publics vont donner à cette annulation de la CAN pour des gens comme moi. Je suis sûre que je ne suis pas seule, mais je parle de mon cas et je suis particulièrement fière de voir que les Camerounais, malgré tout, sont restés unis, très unis et même soudés derrière le président de la République même si la CAN n’aura plus lieu et nous comptons sur la sagesse de ceux qui sont dans l’administration. Mais je pense que pour ceux qui ont été responsables et qui ont rassuré le chef de l’Etat, qui ont rassuré les Camerounais, il est temps de démissionner. Quel est ce pays où on ne démissionne pas ?

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