Cameroun, Pénurie de composants: Insuffisance rénale, prendre son mal en patience
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Face à la crise dans les différents hôpitaux du pays, il est recommandé aux patients de se priver d’eau et de tout aliment riche en potassium pour tenir le coup jusqu’au retour à la normale. C’est un scénario quasi inédit qui se vit depuis quelques jours au service d’hémodialyse de l’hôpital général de Yaoundé. 

La salle d’attente habituellement archibondée, présente depuis quelques semaines un décor assez lugubre. La dizaine de lits installés pour accueillir les malades ne trouve pas d’occupants. Seules trois à quatre personnes souffrant de manière aigue, d’une insuffisance rénale sont présentes pour la séance hebdomadaire de prise en charge. 

C’est la nouvelle donne, depuis que l’hôpital fait face à une rupture de Kits pour la dialyse. Le nombre de séance a été réduit. Une seule est désormais prévue par semaine pour les malades présentant un état aigu de la maladie. Les autres sont priés de s’en tenir à des privations en eau et en potassium pour tenir le coup jusqu’à la fin de la pénurie des consommables.

Les salles de dialyse sont pour la plupart sans activités, sur l’ensemble de celles visitées, seule une sur les trois accueille deux malades. « Nous sommes les médecins et notre responsabilité est de soigner les malades. La dialyse est un soin, et nous souffrons avec les malades. Pour cela, nous avons pris des mesures pour éviter à ces derniers les causes de décès et les complications de maladie. Il y a deux catégories de malade. Ceux qui ont une insuffisance rénale aigue et pouvant mourir en quelques heures ; et les malades chroniques qui dialysent depuis plus de 10 ans et qui sont bien édifiés sur les causes de décès et les risques de complication.

Les malades aigus sont privilégiés, et continuent à dialyser chaque semaine. Nous avons quelques kits d’urgence pour eux. Nous ne pouvons pas dialyser tous les malades parce que nous craignons que cette réserve nous lâche avant le retour à la normale de la situation », a indiqué le professeur Ashuntantang Gloria, chef service d’hémodialyse à l’hôpital général de Yaoundé

Aux 155 malades chroniques que compte l’hôpital général de Yaoundé, il est recommandé de ne pas consommer beaucoup d’eau, les fruits et légumes, et es aliments contenant du potassium.

Selon les médecins, ces prescriptions évitent la mort. Lorsque les séances de dialyse qui permettent de nettoyer le sang et d’éliminer les déchets ne se font pas, l’eau inonde l’organisme et noie les poumons. Ceci, parce que le rein n’élimine plus les déchets. Les malades en sont conscients, et multiplient les efforts pour s’adapter à la situation.

« Depuis une semaine, je n’ai pas eu de séance de dialyse. Pour l’instant, j’arrive à gérer parce que je me prive de tout pour essayer de me sentir mieux. Si je ne le fais pas, j’aurais des œdèmes au niveau des pieds et les yeux boursouflés. L’eau est une très grande privation pour moi, c’est à peine si j’arrive à boire 250cl par jour. Je vis avec la maladie depuis octobre 2015, et pour moi c’est un calvaire. Cette maladie impacte sur mon travail et ma vie quotidienne dans l’ensemble. Depuis la semaine dernière par exemple, je suis obligé de venir à l’hôpital chaque matin pour voir si je peux avoir droit à une séance de dialyse. Chaque séance est prévue durer 4h de temps. Bien plus, les nourritures que je pouvais manger aisément par le passé parce que j’avais droit à deux séances de dialyse par semaine me sont proscrites aujourd’hui à cause du potassium », a expliqué Elysé Nkoa, malade rencontré à l’hôpital général, couché dans un lit à la salle d’attente. 

Vivre de l’insuffisance rénale nécessite beaucoup de moyens financiers. Bien que cette maladie soit subventionnée par l’Etat, les malades éprouvent toujours d’énormes difficultés pour le traitement. « Il y a d’autres produits que nous prenons et qui ne rentrent pas dans la subvention. C’est le cas des injections pour combattre l’anémie. Chaque injection coûte 25000 frs par séance. 

Chaque mois, nous sommes obligés de faire un ensemble d’examens. Tout cet ensemble n’est toujours pas subventionné. Si vous ne disposez que de 5000frs par séance parce que la maladie est subventionnée, une chose est sûre, vous allez mourir », a expliqué Narcisse, un malade.

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