Des vérités bonnes à dire
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L’on dit souvent que toute vérité n’est pas bonne à dire. Ce qui nous semble vrai, est plutôt que cela dépend du point de vue où l’on se place pour apprécier la chose. Et à ce sujet, le nouveau président élu des Etats-Unis d’Amérique, M. Donald Trump, donne à chacun de nous l’occasion de s’en rendre compte et de s’en convaincre après ce qui suit et qu’il vient de déclarer :
« Comment faire confiance à ceux qui se sont enfuis pour venir se cacher ici même aux Etats-Unis se cachant derrière le prétexte de l’éducation ? J’ai même entendu dire que ces Nègres abusent de mon nom dans leurs blogs et les réseaux sociaux, mais je m’en fous, parce que même internet  qu’ils utilisent est notre propriété et nous pouvons décider de couper ce réseau internet à tout instant. Ce sont des gens qui ne savent rien fabriquer, ils importent tout même des allumettes, même de simples aiguilles. A mon avis la plupart de ces pays africains devraient être ré-colonisés pendant encore 100 ans, parce qu’ils ne savent rien sur le leadership et l’auto-détermination. »

Objectivement, M. Trump se base sur les faits et sur l’histoire récente pour affirmer ce qui précède sur les Africains en général et sur leurs Etats en particulier. Pour les faits en effet, les Africains du continent, depuis qu’ils sont devenus indépendants, n’ont sérieusement rien fabriqués jusqu’ici qui fasse école universellement. Cela nous semble être un fait patent qu’il ne serait pas moralement judicieux et  intellectuellement honnête de vouloir remettre en cause en arguant encore une fois, des chaines de montages des voitures au Nigéria notamment, des inventions des Noirs qui ont été déportés hors du contient et même et surtout de la civilisation nègre de l’Egypte pharaonique. 

Trois justifications qui nous semblent hors de propos parce qu’elles tendraient alors à obérer, en ce qui concerne à tout le moins les inventeurs Noirs, le lieu, les conditions et le contexte d’invention qui objectivement sont déterminants dans le processus de la création, et des chaines de montages, de la différence qu’il y a entre assembler des pièces venus de l’étranger et les fabriquer et assembler pour faire un produit fini. Toutes choses qui auront alors été créées dans ces deux cas, par d’autres gens que nos pays.

Sur le plan historique, bien que son propos ne couvre que la courte période qui va de 1960 (année des indépendances) à nos jours, l’on ne peut pas dire que les Etats Africains, aient objectivement engagés des politiques volontaristes donnant véritablement l’impression d’aller vers une réelle autonomie qui est inséparable de la responsabilité. Il ne peut en effet en être sérieusement autrement lorsque plus de soixante ans après leur accession à la souveraineté internationale, la quasi-totalité de leurs chefs prennent encore le chemin des anciennes métropoles coloniales pour faire soigner une simple rage de dents alors que dans la même veine et en même temps, les pays d’Asie qui ont eux aussi été durement et plus longtemps colonisés, la Thaïlande, l’Inde et Singapour notamment, accueillent des milliers de ressortissants européens qui s’y rendent désormais régulièrement pour se soigner non pas seulement pour la modicité des coûts des prestations, mais surtout pour la qualité qu’ils offrent sur le plan des infrastructures sanitaires et les soins. Un seul exemple qui en dit long sur le « chemin parcouru » par des pays qui brillent malheureusement plutôt par la médiocrité de la gouvernance.

Ne nous en déplaise, le parlé-vrai de M. Trump soulève un véritable problème du sens que nous donnons à la notion d’indépendance que nous aurions tort d’éluder en faisant encore une fois comme d’habitude l’autruche pour essayer de nous cacher derrière notre petit doigt. En effet, lorsque M. Trump parle de nos pays et indirectement  de nos « élites » toutes catégories confondues  et surtout de nos dirigeants, en disant qu’ils ne savent rien sur le leadership et l’auto-détermination, il met le doigt au cœur d’un problème réel et fondamental : la problématique du choix des hommes qui doivent être à la tête de nos pays ; la question centrale des hommes qu’il faut, aux places qu’il faut. Et il faut souligner que M. Trump en plus, n’indexe pas tous les pays africains puisqu’il dit mot à mot « la plupart » et non pas « tous » les pays. Il semble donc faire la nette différence qu’il y a entre d’une part, des pays comme le Rwanda du président Paul Kagamé qui donne de véritables et tangibles signes de vouloir progresser et qui fait exception parmi les pays d’Afrique noire francophone, la communauté des pays d’expression anglaise (Kenya, Tanzanie, Ouganda, Afrique du Sud, etc, et d’autre part, les pays francophones d’Afrique sub-saharienne qui manifestement, marchent dans le sens inverse par rapport au progrès et au développement, pour ne pas dire marchent sur la tête.

En conclusion donc, ce que dit le président élu des USA aujourd’hui, est exactement ce que disait hier le président français Nicolas Sarkozy qui, s’adressant  aux dirigeants d’Afrique francophone réunis à Dakar dans l’enceinte de l’université Cheik Anta Diop, déclarait alors avec emphase et ô combien à raison : « L’homme africain n’est pas entré dans l’histoire ». On se rappelle alors la levée de boucliers que cette déclaration avait soulevée. Il faut espérer que cette fois, la sortie de M. Trump soit bien mieux comprise intelligemment par ceux qu’elle interpelle et plaint, plus qu’elle ne condamne.

Pour une fois, ne regardons pas le doigt qui montre la lune, regardons plutôt la lune que ce doigt nous montre.

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