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© Le Jour : Bravo Tchundju
- 11 Oct 2016 12:08:42
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CAMEROUN :: Mouvement d’humeur : Le ras-le-bol des dialysés de l’hôpital général :: CAMEROON
Ils revendiquent une meilleure prise en charge de leurs séances d’hémodialyse.
Hôpital général de Yaoundé ce 10 octobre 2016. Il est 11 h 11 min. L’entrée de cet établissement hospitalier public connaît une agitation particulière. Des éclats de voix se font entendre et attirent l’attention des passants. Les commerçants des environs accourent guetter à travers les grilles du portail. Dans la grande cour, des hommes, des femmes et des adolescents ont envahi les lieux. D’après nos informations, ce sont des malades. Leur mal c’est l’insuffisance rénale. Ils sont pris en charge par le service d’hémodialyse de l’hôpital général de Yaoundé. Assis à même le sol pour certains et debout pour d’autres, ils disent exprimer leur mécontentement vis-à-vis du traitement qui leur est réservé au sein de cette formation sanitaire.
Poings levés, ils brandissent des pancartes sur lesquelles l’on peut lire : « Hémodialysés ou cadavres de fortune », « Des machines de dialyse, des kits de dialyse, des neorecormou !!!vivement !!! ». « Nous sommes là depuis 4h. Lorsque nous sommes arrivés, nous avons constaté qu’une dizaine de véhicules de la police avaient encerclé l’hôpital. On leur aurait dit que nous voulons cambrioler l’hôpital. Lorsque nous leur avons expliqué la raison de notre présence, ils ont appelé leur hiérarchie et la plupart sont partis quelques minutes plus tard », confie Louis Azebaze, un manifestant.
Dans la foule, les revendications fusent de toute part. « Nous avons besoin des machines pour nos hémodialyses »e « Qu’on nous répare la salle d’eau »... « Nous avons deux infirmiers pour quatre salles d’hémodialyse ce n’est pas normal »e « On nous fait acheter nos propres matériaux pour les soins pourtant les frais de ces matériaux entrent dans la facture que nous payons avant le début de nos soins ». Les plaintes fusent.
De quoi s’agit-il exactement ? D’après Bertrand Balogog, un malade, cette manifestation résulte d’un problème qui date de plus d’un an. « Au départ, l’hôpital général de Yaoundé comptait près de 20 machines d’hémodialyse. Progressivement, elles ont commencé à diminuer. L’administration de l’hôpital nous a fait comprendre que certaines machines étaient en panne. Les malades ne recevaient plus leur soin à temps. La situation devenant inquiétante, nous avons adressé une lettre au Directeur général de l’hôpital pour lui poser le problème, jusqu’à ce jour nous n’avons pas eu de réponse. Nous l’avons même rencontré entre temps, après échanges, les solutions n’ont pas suivi. A ce jour, pour un total de plus de 150 malades permanents et près de 400 régulièrement pris en charge, il n’y a que huit machines qui fonctionnent », déplore Bertrand Balogog.
Les machines surutilisées
La goutte d’eau qui aurait débordé le vase est, apprend-on, la salle d’eau permettant l’effectivité de l’hémodialyse qui serait également tombée en panne depuis neuf mois. « Lorsque cette salle d’eau est tombée en panne, nous avons réalisé qu’on se dirige vers le gouffre de la mort. L’on ne comprend pas comment cette salle qui a la capacité de supporter 20 machines tombe en panne alors que seulement huit machines fonctionnent. Nous avons décidé de manifester aujourd’hui (Ndlr 10 octobre) pour donner l’alerte aux autorités, car nous sommes en train de mourir », souffle le manifestant déboussolé.
D’après le Pr Elie Claude Ndam Ndjitoyap, le Directeur général de l’hôpital, l’institution dont il a la charge était formatée pour recevoir une centaine de malades. Ils sont déjà 152 et le nombre croit sans cesse. « Le corps de l’être humain élimine les déchets par plusieurs voies parmi lesquelles la voie urinaire. Ce qui fait que pour un bon fonctionnement du corps, nous sommes censés uriner plusieurs fois par jour pour évacuer les déchets transformés par nos reins. Certaines maladies rénales amènent à une défaillance rénale. Lorsque cette insuffisance rénale est terminale, le malade doit être dialysé.
Ceci veut dire qu’on prend son sang pour le purifier en éliminant les déchets. C’est ce qu’on appelle hémodialyse. Le problème qui se pose est que nos machines de dialyse sont surutilisées. Nous sommes à 152 patients à dialyser et d’autres continuent à arriver tous les jours. Ce qui explique que sur un pack de 17 machines, il y en a que huit qui fonctionnent actuellement », indique le Directeur général. Il ajoute que les réparations de ces machines sont généralement assurées en partie par le service technique de l’hôpital. Mais lorsqu’il s’agit de grandes pannes, l’expertise des Marocains ou des Allemands est sollicitée.
« On a fait appel à ces techniciens, mais ils mettent du temps à arriver. Ils ont assuré qu’ils seront là d’ici la fin de cette semaine », confie le Pr Ndam. Pour les manifestants, la Direction de l’hôpital général de Yaoundé a jusqu’à lundi prochain pour résoudre ce problème. Si rien n’est fait, ils manifesteront à nouveau, promettent- ils.
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