Anniversaire : Pourquoi le Rdpc fête « dans la sobriété et la dignité »
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Les 31 ans du parti au pouvoir arrivent alors que l’absence d’eau et d’électricité et l’insécurité sont posées en réponse aux appels à une élection anticipée.

Une toute petite fête est annoncée ce 24 mars 2016 pour marquer le 31ème anniversaire du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) au pouvoir depuis sa création. Le secrétariat général du comité central a retenu deux temps forts dans la capitale Yaoundé. Le cross-country du matin, sur un trajet partant du boulevard du 20 mai pour le palais des Congrès. Une réception le soir, en ce même lieu qui abrite le siège du parti.

« Ce sera une petite réception et non un gala culturel avec des artistes qui viennent chanter », a précisé Christophe Mien Zok, directeur des organes de presse, de l’information et de la propagande au comité central, contacté par « Le Jour » la veille de la célébration. Les autres régions du pays doivent suivre l’exemple donné à Yaoundé. Une conférence- débat s’est tenue hier à Monatélé, ville d’où sont souvent parties les victoires du Rdpc. Le message a été résumé par le journal « L’Action », à la Une de son édition en kiosque depuis ce 23 mars. « 31ème anniversaire du Rdpc. Dans la sobriété et la dignité », a titré la publication du Rdpc.

Le journal a repris les mots utilisés par le secrétaire général du comité central, dans sa circulaire du 11 mars relative à la fête. « (…) L’anniversaire doit se dérouler dans la dignité et la sobriété, en communion et soutien à nos forces de défense et de sécurité, et par solidarité aux victimes des hostilités », écrit Jean Nkuete.

La même consigne avait été émise pour l’anniversaire de 2015. Mais il y avait eu quand même de la place pour une exposition photographique, une soirée d’hommage ou encore la publication d’un recueil des discours de Paul Biya, le président national, lors des congrès du parti, ainsi que certaines circulaires publiées à l’occasion des précédents anniversaires.

C’est du moins ce qu’indique un éditorial publié à l’époque sur le site Internet du Rdpc. Le texte parle de « trentaine fringante », pour dire cette volonté du parti au pouvoir de se présenter sous son jour le beau, affichant fière allure, vif et élégant, selon le sens des mots.

On se demande naturellement pourquoi en 2016 la célébration est réduite au minimum alors que le contexte national demeure celui de la guerre contre le terrorisme et l’insécurité. « En 2015, il fallait au moins marquer les 30 ans du parti. La signification et la symbolique sont différentes lorsqu’il s’agit du 31ème anniversaire », explique Christophe Mien Zok.

Victuailles et beuveries

Avant 2015 et 2016, les anniversaires du Rdpc ont été plus ostentatoires, avec un côté faste. Et voilà que le parti parle de sobriété et dignité. Les deux mots sont définis par le Petit Larousse illustré de 2012. Une personne est sobre quand elle mange ou boit avec modération ; quand elle boit peu de boissons alcoolisées ; quand elle montre de la mesure, de la réserve ; quand elle n’est pas chargée d’ornements inutiles. Etre digne c’est manifester le respect dû à une personne, à une chose ou à soi-même.

On est donc en plein dans l’orientation que le Rdpc entend donner à la commémoration de ses 31 ans. Les militants, y compris ceux des régions, ne doivent donc point s’attendre à faire des victuailles ou à se livrer à des beuveries. Pourtant cette réserve est comprise autrement par l’opposante Edith Kah Walla. « Le parti au pouvoir sait qu’il ne peut pas résoudre les véritables problèmes des Camerounais ; alors il est mieux de ne pas les provoquer avec des futilités », soutient la présidente du parti Cpp.

Voilà un avis. C’est aussi à se demander si le Rdpc a décidé de faire profil bas au moment où une opposition s’est constituée face aux appels à une élection présidentielle anticipée et à la candidature de Paul Biya.

Il n’y a pas de quoi s’inquiéter, répond Christophe Mien Zok. « Nul ne peut dire qui des appels ou des contre-appels a pris le dessus », assure-t-il. Dans tous les cas, les opposants aux appels du Rdpc ont prévenu le parti au pouvoir qu’il n’a pas intérêt à provoquer la population et devrait plutôt s’appesantir sur les véritables problèmes de l’heure au Cameroun, à savoir les coupures d’eau et d’électricité, l’insécurité et les mauvais soins dans les hôpitaux, en commençant par faire la lumière sur l’affaire Monique Koumateke.

« Nous voulons de l’eau ! Pas d’élection anticipée (…) Nous voulons aussi de l’électricité », a-t-on attendu dans les rangs de la marche organisée à Yaoundé ce 22 mars pour marquer la Journée mondiale de l’eau. Une manifestation menée par des femmes politiques à l’instar de Kah Walla, Alice Sadio, présidente de l’Afp, ou encore Patricia Tomaïno Ndam Njoya, député de l’Udc.

« Les Camerounais ont des problèmes quotidiens qui n’ont rien à voir avec l’anniversaire d’une formation politique, futil le Rdpc. Le parti est préoccupé par ces problèmes », répond encore Christophe Mien Zok, rappelant la réunion de ce 22 mars au palais des Congrès, à laquelle ont pris part les députés et les sénateurs Rdpc, les hauts dirigeants du parti, ainsi que le ministre de l’Eau et de l’Energie, Basile Atangane Kouna, et celui de la Santé publique, André Mama Fouda.

« Le parti joue ici son rôle de réflexion et de proposition, explique M. Mien Zok. Le Rpdc interpelle aussi le gouvernement quand il y a des problèmes dans la mise en oeuvre du programme social et de la profession de foi sur la base desquels ses candidats ont été élus. Que ce soit le président de la République, les parlementaires ou les conseillers municipaux. » Voilà qui est dit sur cet anniversaire qui met le parti au pouvoir devant ses responsabilités.

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