Affaire Koumatéké : Les réseaux sociaux amplifient l’émoi
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Le drame de l’hôpital Laquintinie de Douala a été porté par les plateformes digitales.

De son vivant, Monique Koumatéké n’aurait sûrement jamais imaginé que son quotidien de commerçante ordinaire puisse intéresser le Chef de l’Etat, le chairman du Sdf Ni John Fru Ndi et même le bassiste de renommée mondiale Richard Bona. C’est de l’au-delà que Monique observe désormais le bal d’indignations depuis la chirurgie improvisée faite sur son corps sans vie devant des regards ahuris et surtout des dispositifs de captation filmant l’horrifiante scène le samedi 12 mars 2016.

Au-delà des conditions du décès de Monique Koumatéké et de ses jumeaux, c’est à une forme de voyeurisme et de banalisation de l’horreur qui a été observé par le biais des espaces digitaux. Sur le réseau social WhatsApp, la vidéo de la tentative désespérée de sauvetage des bébés s’est propagée à toute vitesse. « Dans un groupe interactif où je suis, j’ai reçu un fichier. Ne sachant pas ce que c’était, j’ai naïvement ouvert le contenu. A la lecture, j’ai été estomaquée de voir du sang partout » nous confesse la voix encore larmoyante l’étudiante en sciences politique Jeanne Bidias.

Comme elle, de nombreux camerounais ont reçu les clichés de Laquintinie comme un uppercut lancé sans préliminaires. Sur Facebook, passé l’émoi, c’est immédiatement des appels à démissions en direction du ministre de la Santé et du directeur de l’hôpital Laquintinie qui ont découlé. Certains internautes , mieux mobinautes activistes ont même profité du drame pour appeler hauts parleurs hurlant au départ du Chef de l’Etat…Fait inédit, c’est sur son compte officiel Facebook que le président Paul Biya a réagi à l’affaire Koumatéké en postant un message annonçant : « A très juste titre, vous avez été nombreux à réagir à la mort horrible de cette mère et de ses jumeaux à Douala et à commenter ici-même sur ma page.

Voici le communiqué du ministère de la Santé Publique qu'il me semble important de partager pour que les faits soient connus tels qu'ils se sont produits. » Pour le Chef de l’Etat, nouvellement « Android », c’est une petite révolution dans la stratégie de communication, lui qui invitait encore sans ambages ses jeunes compatriotes le 10 février 2015 à se méfier : « des chants trompeurs des oiseaux de mauvais augure, ces marchands qui n’ont pour projet que la déstabilisation via les réseaux sociaux. »

Hélas, la sortie présidentielle a entrainé une avalanche de critiques comme l’illustre ces quelques réactions : « Je n’arrive même pas à croire que ce soit le site de notre chèr président et je doute même qu'il ait pu lire ce tas de mensonges chiffonnés. Que le ministre de la Santé arrête de prendre les camerounais pour des fous », « C'est toujours comme ça qu'ils tuent les affaires sérieuses dans ce pays. On a déjà fabriqué une autre histoire. Mais Dieu voit tout. »

Richard Bona entre dans le concerto

Habitué aux déclarations musclées contre le régime du Renouveau depuis son refus de recevoir une distinction honorifique à Yaoundé, le bassiste Richard Bona a aussi porté sa voix dans cette affaire qui n’a laissé que les « sans coeurs » indifférents. Dénonçant le traitement infligé à Monique Koumatéké, Bona s’est emporté sur son compte Facebook le 13 mars dernier avec un post qui a fait jaser : «Paul Biya est dangereux… pire que Boko Haram. Je parle de la réincarnation du mal.»

Le 16 mars, nouvel sortie du prodige du jazz toujours aussi critique, cette fois en direction du Chef de l’Etat en personne : « Mr Le President, Vous n'êtes "peut être" pas au courant vos Services Secrets et votre entourage s'activent sur ma personne?(…)Mon comité d'accueil est prêt à recevoir (…)Silencieux dans mon coin depuis mon départ du Cameroun A jouer ma musique, "Vous" êtes venus me chercher en tentant de m'humilier(...) Mais tant que je vivrai Je parlerai toujours pour les sans voix... Faire la Politique serait me rabaisser j'en ferai Jamais". (…), par respect J'ai été poli mais comme en ces jours, cette marque vous échappe. »

De Monique Koumatéké, on en parlera presque plus et c’est désormais « l’affaire Richard Bona » qui va s’emparer de la sphère virtuelle camerounaise sur la toile, elle qui chaque semaine a désormais son buzz. Hier encore, c’était le « Revenge Porn » de Nathalie Koah contre Samuel Eto’o, les clichés sanglants de djihadistes déchiquetés dans l’Extrême Nord, le piratage du site Internet de la Présidence et la course de taxi surpayée de Brenda Biya qui rythmaient les commentaires. Comme dans le cas des éruptions volcanique, ce sont les plateformes digitales qui sont les épicentres de polémiques qu’elles amplifient.

Du drame de Laqunitinie à l’immixtion supposée d’espions camerounais, le tout en l’intervalle de quelques jours, il n’y a que sur les réseaux sociaux que l’on pouvait avoir un tel attelage glauque.

Avec le pouvoir grandissant que prennent les nouveaux médias, le moindre événement se déroulant dans le coin le plus reculé du pays peut être porté au-devant de l’actualité, sans le recul nécessaire que la presse, par exemple, peut avoir, mais avec pour finalité de mobiliser des camerounais de plus en plus connectés. Conscient de cette capacité de dénonciation mal perçue par le politique, le Congo Brazzaville a décidé de suspendre toute les communications pendant deux jours, y compris l’accès à Internet.

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